Le plus grand film
d'horreur de l'année n'est pas sorti sur les écrans de cinéma mais
sur la plateforme de streaming Netflix.
His House
du britannique Remi Weekes est son premier long-métrage. Et pour un
premier coup d'essai, celui qui n'a pas plus de trente ans a réussi
un véritable tour de force en inscrivant son œuvre au cœur des
légendes urbaines occidentales aussi bien qu'au centre de celles
qu'évoquent les mythologies africaines. Plutôt que verser dans la
caricature expiatoire où l'homme blanc est vu comme le symbole du
grand méchant loup, Remi Weekes traite ses individus non pas selon
leur couleur mais plutôt selon leurs origines. Preuve en est
lorsqu'est confrontée l'héroïne Rial (formidable Wunmi Mosaku) à
trois jeunes blacks qui lui ''conseillent'' sous la forme de
railleries, un retour chez elle, en Afrique. His
House
verse dans le film de fantômes, certes. Mais plutôt que de façonner
ces derniers comme d'autres l'ont plus ou moins bien fait avant lui,
Remi Weekes les invoque selon l'état d'esprit de ses deux principaux
personnages qu'incarne également Sope Dirisu dans le rôle de Bol...
Le
britannique évoque à travers un récit particulièrement fourni, la
douleur du déracinement, et plus encore, celle d'avoir perdu un être
cher. Les fantômes revêtent donc une forme spécifique et ne
demeurent plus simplement les bribes d'un passé dont serait étranger
notre couple de réfugiés. Ceux auxquels Rial et Bol sont confrontés
peuvent être identifiés comme des mauvais démons qui plutôt que
de se résigner à simplement troubler l'esprit de leurs proies,
prennent véritablement forme lorsque tombe la nuit. À ce titre, on
n'omettra pas de remarquer la grande ressemblance de certaines
séquences avec l'idée que se faisait des peurs nocturnes le
réalisateur américain David F. Sandberg qui en 2013 prouvait qu'il
avait tout compris en réalisant Lights Out.
Un court-métrage qui se suffisait à lui-même mais auquel il
s'empressa de donner une vision au format long déjà beaucoup moins
convaincante. Mais à part ce détail et quelques autres comme une
partie de la bande-son qui emprunte quant à elle notamment aux deux
merveilles que sont le Midsommar
d'Ari Aster et le Get Out
de Jordan Peele, His House
possède sa propre identité...
Artiste
presque complet, Remi Weekes s'est également attelé à l'écriture
du scénario à partir d'un récit écrit par felicity Evans et Toby
Venables. His House
propose une véritable vision. Mélange de neuf et d'ancien. La
direction artistique de Thalia Ecclestone et Matt Fraser, la
photographie de Jo Willems, la musique de Roques Baños et surtout le
travail époustouflant sur l'ambiance sonore font du long-métrage de
Remi Weekes, une œuvre complète qui ne souffre d'aucun point
négatif. Un travail où le sensitif est au moins aussi important que
les différentes évocations. Lesquelles n'ont pas toujours besoin
d'évoquer le fantastique pour s'avérer bouleversantes ou encore
terrifiantes. Plus qu'un simple film d'horreur, His
House
est peut-être encore davantage un drame où s'imposent des questions
sur l'identité, le déracinement, le péché et la rédemption. Une
très belle réussite qui vous glacera autant les sangs qu'il vous
séduira par son approche esthétique et ses diverses
interprétations...
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