Cocorico....
Toute le message et la portée philosophico-franchouillarde ne tient
qu'à ce seul terme dont le chauvinisme n'a sans doute aucun
équivalent sur le territoire français. Il m'est avis que le
réalisateur et scénariste Julien Hervé dû un soir d'hiver,
projeter au coin d'un feu animé au sein du foyer d'une cheminée
multicentenaire, le Plancha
d'Eric Lavaine. L’appropriation d'une idée plutôt amusante ainsi
effectuée, le bonhomme se retrouva avec sur les bras un début de
scénario qui de l'avis de n'importe quel cinéphile ne pouvait
constituer l'unique substrat d'une vraie bonne comédie hexagonale. À
cela il lui fallait donc travailler sur le matériau de base afin de
l'étoffer et, pourquoi pas, offrir en ce mois de février 2024, une
œuvre suffisamment riche pour nous faire oublier la quantité
hautement toxique de purges qui furent produites l'année dernière.
En double Lucky Luke de la farce ''à la française'' tournant plus
vite que leur ombre, l'ex membre du Splendid, Christian Clavier et
l'ex Inconnu Didier Bourdon s'y battent lors d'un duel verbal que
l'on aurait tant aimé à la hauteur de ces quelques classiques de la
comédie française regroupant une brochette d'interprètes prêts à
se battre à grands coups de dialogues bien sentis. Le concept de
test ADN
permettant de connaître ses origines est en soit une idée de
scénario plutôt séduisante. Surtout lorsqu'elle confronte une
famille de français moyens (celle qu'incarnent Didier Bourdon et
Sylvie Testud) à un couple d'aristocrates (formé par Christian
Clavier et Marianne Denicourt)... Accompagné par l'habituel cortège
de clichés, Cocorico
commence plutôt bien, les uns et les autres figurant plutôt
clairement leur position dans la société. Lors d'une réunion se
déroulant dans l'immense et luxueuse demeure des Bouvier-Sauvage (le
long-métrage fut tourné au château de Montaigne à
Saint-Michel-de-Montaigne en Dordogne), la fille des richissimes
viticulteurs (Chloé Coulloud dans le rôle d'Alice) et le fils des
Martin (Julien Pestel dans celui de François) annoncent qu'ils vont
se marier. Une nouvelle qui n'enthousiasme pas les Bouvier-Sauvage
contrairement aux Martin. Le jeune couple en profite pour faire une
surprise à leurs parents respectifs : En douce, Alice et
François ont récupéré l'ADN de leurs parents, ont fait faire le
test dans le laboratoire où travaille la jeune femme et tendent
désormais à chacun de leurs parents l'enveloppe à son nom. Comme
on s'en doute bien avant avoir posé nos fesses sur les sièges
bordeaux de notre salle de cinéma préférée, les résultats vont
avoir des effets inattendus sur les membres des deux familles...
Autant
le dire tout de suite, Cocorico
ne réchauffera le cœur que des fans de comédies françaises
estampillées ''années 2000-2010'' qui dans leur grande majorité
n'ont d'autre intérêt que de leur faire jeter leur argent par les
fenêtres. Six ans après son premier long-métrage Le
doudou,
le scénariste des volets 2, 3 et 4 des Tuche
ou du déplorable Astérix & Obélix:
L'Empire du Milieu de
Guillaume Canet est à l'image d'un train qui poursuit son chemin sur
la même voie ferrée : Habitué à nous livrer des dialogues
poussifs, la donne ne change ici absolument pas. Les diverses
révélations sont à la hauteur de la déception. La première
partie se concentrant très exactement sur les résultats des tests
et sur les conséquences en terme de rapports entre les deux
familles, il semble que Julien Hervé ne se soit pas donné trop de
peine pour trouver les origines permettant de remettre en question
les acquis des uns et des autres. En cela, LE sujet central du récit
est on ne peut plus défaillant. Et pourtant, oui, le pire reste à
venir. Entre une Marianne Denicourt qui fait le poirier afin de
reprendre ses esprits, un Christian Clavier qui relance sans cesse le
personnage incarné par Didier Bourdon sur ses origines allemandes ou
une Sylvie Testud s'accoutrant pathétiquement en descendante de la
reine Élisabeth II, Cocorico
a presque cinquante ans de retard. Ce que l'on aurait pu prendre pour
des railleries émises par les deux ou trois couples du troisième
âge qui assistaient à la séance furent d'authentiques rires
diffusés dans une salle dramatiquement vide ! Je lançais ça
et là quelques regards dépités vers ma compagne qui de son côté
semblait avoir abandonné tout espoir de passer du bon temps. J'osais
même sortir et allumer mon smartphone en pleine séance dans
l'espoir que le plus gros du film était déjà derrière nous... Les
acteurs ont beau en faire des tonnes, il n'y aurait eu guère que la
distribution à l'entrée de la salle d'un comprimé de Viagra pour
rendre l'expérience réellement excitante. Sans être totalement
affligeant (projetez-vous Notre tout petit petit
mariage
de je sais plus qui pour vous en convaincre), Cocorico
ne mérite ni le déplacement en salle et encore moins que l'on
débourse un peu plus de vingt euros pour assister à sa
projection...
Elle est tombé bien bas, Sylvie Testud (que j'avais beaucoup aimé dans "Stupeur et tremblements")... Enfin, faut bien manger (et ça, pas besoin de le dire à Didier, voire à Christian)...
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