Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


mercredi 28 février 2024

The Innocents (De Uskyldige) d'Eskil Vogt (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

L'univers des supers-héros pollue désormais le septième art depuis environ un quart de siècle mais peu de cinéastes semblent avoir cherché à connaître leurs origines. Qui en effet s'est vraiment penché sur l'enfance de ces êtres différents dont la majorité a choisi d'être du côté du bien quand d'autres préfèrent l'obscurité ? M. Night Shyamalan réussissait avec le formidable Incassable a prévoir la déroute comportementale d'un individu cherchant à rencontrer l'exact opposé de lui-même. Un être extrêmement fragile élevé aux Comics depuis sa plus tendre enfance. Une enfance que l'on retrouve dans le second long-métrage du réalisateur et scénariste norvégien Eskil Vogt, The Innocents (De Uskyldige). Une œuvre qui sans doute rejoint moralement les thématiques abordées par le suédois Tomas Alfredson à travers le formidable Morse (Låt den Rätte Komma in) en 2008 et par Severin Fiala et Veronika Franz dans l'anxiogène Goodnight Mommy (Ich seh Ich seh) en 2014. Au centre d'un récit se situant dans un grand ensemble d'immeubles, quatre gamins dont trois sont atteints de tares physiques ou intellectuelles plus ou moins importantes. Comme si la main de Dieu avait touché trois d'entre eux, ces petits êtres découvrent bientôt qu'au contact des uns ou des autres membres de ce petit cercle auquel ils appartiennent, ceux-ci sont capables de développer des pouvoirs. Anna (Alva Brynsmo Ramstad), qui souffre d'autisme, semble être en mesure d'agir à distance sur les objets. Un don qu'elle partage d'ailleurs avec Ben (Sam Ashraf). Quant à Aisha (Mina Yasmin Bremseth Asheim), elle paraît être capable de lire dans les pensées et de pouvoir agir directement sur le comportement d'Anna, laquelle retrouvera sporadiquement la parole pour le bonheur de sa mère incarnée à l'image par l'actrice Ellen Dorrit Petersen. Récompensé par plusieurs prix dans divers festivals dont le Grand Prix du Nouveau Genre à L'Étrange Festival de 2021, The Innocents aurait pu se contenter de n'être qu'une version en culotte courte axé sur le phénomène des supers-héros mais le film va bien plus loin en insistant sur la cruauté dont sont parfois capables nos chères petites têtes blondes. À l'image d'ailleurs de la jeune Ida, sœur d'Anna qu'interprète Rakel Lenora Fløttum. Gamine au regard étrange, à l'attitude pernicieuse qui heureusement adoptera plus tard une toute autre attitude au regard des monstruosités auxquelles s'adonnera son nouveau camarade de jeu, Ben.


Ce gamin relativement typé vivant avec sa mère dans l'une des grandes tours du quartier a semble-t-il comme principale passion, la cruauté envers les animaux. Un comportement qu'il s'autorisera plus tard à avoir envers ses semblables. Eskil Vogt filme son œuvre de manière froide et presque impersonnelle. Ce qui tend à rendre les agissements de son petit psychopathe éminemment glaçants. En ce sens, le jeune acteur norvégien Sam Ashraf illustre parfaitement l'attitude excessivement détachée de certains individus capables des pires atrocités et qui ne prennent pas réellement conscience du mal qu'ils provoquent. Contrairement à Ida qui au départ observe l'attitude de son camarade sous l'angle du jeu. Tourné en été, le climat estival de The Innocents pèse sur les événements comme une chape de plomb. Relégués au second plan, les adultes perdent le contrôle de leur progéniture quand vient l'instant où Ida, sa sœur Anna et Aisha prennent finalement la décision de stopper Ben dans sa lente et morbide progression psychopathique... Près de quarante ans auparavant, le réalisateur uruguayen Narciso Ibáñez Serrador imaginait à travers le film culte Les Révoltés de l’an 2000 (¿Quién Puede Matar a un Niño?) un futur dominé par l'enfance et où toute trace de l'adulte se devait d'être exclue. Des décennies plus tard, Eskil Vogt enfonce le clou et procure à ses jeunes personnages des pouvoirs fantastiques. À eux de choisir alors quelle attitude à adopter. Alternative ambitieuse et à l'approche indépendante des vagues successives de films de supers-héros américains estampillés Marvel et DC Comics, The Innocents brille par son entrée au panthéon d'un genre généralement boursouflé de CGI et qui dans le cas de ses quatre héros en culotte courte fait entrer le genre dans un relatif réalisme. Sans être aussi marquant que le Morse de Tomas Alfredson qui de son côté invoquait le vampirisme de son jeune personnage Oskar qu'interprétait à l'époque l'acteur Kåre Hedebrant, le second long-métrage d'Eskil Vogt reste malgré tout une brillante allégorie sur la cruauté de l'enfance...

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...