J'évoquais
tout récemment Stéphane
de Timothée Hochet et Lucas Pastor. Un excellent exercice de style
décalé mais brillant. Une comédie en forme de Found-Footage dont
nous retrouvions quelques soubresauts horrifiques lors des derniers
instants. Il est des œuvres en tous points communes qui sortent par
le plus grand des hasards la même année. Stéphane
et Notre tout petit petit mariage
semble effectivement faire partie de ces rares exemples de
Found-Footage (surtout le premier à dire vrai) humoristiques
français mais cependant, un fossé apparemment infranchissable les
sépare. Même si le film de Frédéric Quiring (cinéaste habitué
des purges puisqu'en 2022 il réalisa le très pénible La
très très grande classe)
a coûté un peu moins de sept millions d'euros (comme si cela
pouvait justifier le fait que son dernier long-métrage soit un
authentique bousin), le budget est déjà nettement supérieur à
celui de Stéphane
qui de son côté a su parfaitement remplir son contrat ! Avec
Notre tout petit petit mariage,
le cinéma hexagonal atteint le fond. Et comme ne me cessait de me le
répéter ma compagne durant la projection, il y avait là matière à
relativiser sur les qualités plus que relatives du Brillantissime
de Michèle Laroque. En somme, et en comparaison du dernier
long-métrage de Frédéric Quiring,, on pourrait presque considérer
la filmographie en tant que réalisatrice et scénariste de Michèle
Laroque comme le sommet en matière de comédie française. C'est
dire si Notre tout petit petit mariage
est mauvais ! Comme Stéphane
pouvait être envisagé comme une alternative au cinéma de Quentin
Dupieux et de quelques autres olibrius dont l'inspiration parvient à
pallier le manque de moyens, le film de Frédéric Quiring emprunte à
d'autres univers. Celui conçu d'une part par Michael Youn et ses
acolytes et d'autres part par Philippe Lacheau et sa tribu. Sauf que
Frédéric Quiring n'a ni de talent pour la gaudriole ni pour le
comique de situation. D'une lourdeur qui confine à la bêtise pure
et simple, Notre tout petit petit mariage
use de tous les poncifs du genre quitte à grossir le trait à
outrance. Forcément, tout devient beaucoup plus visible. Mais
également, nettement plus prévisible.
Caricatural,
surjoué, n'est pas Fatal
ou Babysitting
qui veut. À part deux ou trois lignes de dialogues étonnamment
drôles, tout le reste est bon pour la benne à ordures. Et même si
Ahmed Sylla et Camille Lou sont charmants et font ce qu'ils peuvent
pour sauver le mariage du couple qu'ils incarnent à l'image, leurs
compagnons de route en font des caisses. Notre
tout petit petit mariage emprunte
le
côté bordélique du cinéma de Michael Youn au rythme cadencé de
celui de Philippe Lacheau. Quant au script, il rejoint cette vague de
longs-métrages qui contraignent les couples au mariage afin de
pouvoir adopter un enfant. Ici, tout se concentre autour de nos deux
mariés, de leur famille respective et des centaines de convives
invités à un mariage qui au départ ne devait réunir que les
futurs époux et leurs témoins. Nous avons droit à un grand
fourre-tout indigeste, entre strip-tease masculin (idée notamment
empruntée au premier Babysitting),
aux parents catholiques d'un côté et au couple divorcé de l'autre
ainsi qu'à l'arrivée inopportune de l'administratrice de l'adoption
lors des festivités (l'actrice Anne Benoît dans le rôle de Madame
Lnoix). Dans les rôles des meilleurs amis bien lourdingues, Marc
Riso incarne le rôle de Paul et Barbara Bolotner celui de Jennifer.
La cérémonie et la fête qui s'ensuivent étant confiées à trois
connaissances des mariés, le film est donc tourné façon
Found-Footage ou plutôt à la manière d'un futur album de souvenirs
filmé. Notre tout petit petit mariage
est bruyant, écrit à truelle et surtout interprété lourdement par
une pléthore d'interprètes, d'où un sentiment de gêne qui perdure
quasiment jusqu'au terme de cette farce proprement insupportable. Là
où la précision de l'écriture aurait dû faire toute la différence
l'on se retrouve devant une cours de récréation assourdissante qui
rendrait presque le pire long-métrage estampillé ''Michael Youn''
parfaitement intelligible. Bref, Frédéric Quiring demeure fidèle
à lui-même et signe une ''comédie'' bruitiste, pas vraiment
vulgaire mais manquant foncièrement de profondeur et de réelle
créativité. À éviter...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire