Sous ses allures de
petite comédie fauchée et simplette, le premier projet réalisé
en commun par Timothée Hochet et Lucas Pastor renouvelle deux
concepts. Celui tout d'abord mis en place par Quentin Dupieux et son
approche de la comédie décalée et celui du Found Footage qui
s'éloigne désormais du cinéma d'épouvante pour se lancer dans
l'humour le plus invraisemblable. À titre de comparaison avec le
cinéma de l'auteur de Steak,
Wrong Cops,
Réalité
ou Yannick,
Timothée Hochet et Lucas Pastor font plus que de laisser en maillot
de bain leur script, la mise en scène ou l'interprétation. Il
foutent littéralement le tout à poil. Stéphane
démarre d'ailleurs assez mal puisque l'on y découvre Timothée
(Bastien Garcia) dont l'ambition pour le cinéma s'arrête aux portes
de ses maigres capacités de scénariste et de réalisateur. Bref, le
personnage est à l'image même de ce que le spectateur subit lors
des premières minutes. Jusqu'à ce que déboule ce curieux
personnage qui donne son nom à ce long-métrage qui ne dépasse pas
les soixante-dix huit minutes. Ce Stéphane en question qu'incarne
lui-même Lucas Pastor et dont l'attitude remet sans cesse en
question sa position vis à vis du cinéaste amateur qu'il semble
avoir pris la décision d'aider pour le tournage de son nouveau
court-métrage. Tout d'abord invité sur la péniche de Stéphane
puis sur son île privée, Timothée va découvrir que celui qui
apparaissait comme un original, certes, mais surtout comme un
mythomane ayant tout vu et tout vécu, est bien celui qu'il disait.
Un individu dont l'existence semble suffisamment riche pour que le
jeune homme décide finalement de tourner un film sur cet homme on ne
peut plus hors du commun...
Sur l'affiche trône le
trio principal. Les deux interprètes masculins seront effectivement
bientôt rejoints par un personnage féminin incarné par l'actrice
Eva Gregorieff dont il s'agit là du premier rôle au cinéma. Un
rôle d'ailleurs quasiment muet puisque le personnage de Bianca
n'ouvrira que sporadiquement la bouche qu'en de très rares
occasions. De quoi alimenter cet étrange malaise qui parcourt
parfois Stéphane
et qui habille pourtant un récit perclus de situations ubuesques
extrêmement drôles. Majoritairement filmé à l'aide d'un modèle
récent d'appareil-photos, le film de Timothée Hochet et Lucas
Pastor semble faire tout d'abord partie de ces authentiques
escroqueries cinématographiques qui ne pèsent que quelques
centaines d'euros dans la balance financière et dont le rendu est à
peine rattrapé par la mise en scène, le scénario ou
l'interprétation. Mais alors que le film semble se chercher dans les
premiers instants, celui-ci gagne en intensité et en réflexion, le
personnage de Stéphane gagnant ainsi en intérêt. Dans des décors
qui pourraient être autant anxiogènes que paradisiaques, on se
demande à quelle sauce va être ''mangé'' Timothée avant de nous
rendre compte que Stéphane est bien celui qu'il décrivait et que la
sincérité de cet être profondément original mais humain est
sincère. Le style visuel de Stéphane
est brut de décoffrage. Ici l'esthétique est à l'aune de la mise
en scène et de son sujet. En ce sens, le film de Timothée Hochet et
Lucas Pastor rend un bel hommage au cinéma amateur tout en
glorifiant d'une certaine manière certains métiers de la profession
comme ceux de cascadeur, d'artificier ou de costumier. Tout cela
dans un contexte très étrange : la propriété d'un homme
riche mais excentrique et dont l'attitude inquiète malgré tout. Au
regard de la production hexagonale actuelle en terme de comédies,
Stéphane apparaît
tel qu'il est : un véritable OFNI, mais surtout, un bol d'air
frais même si encore il apparaît tout d'abord comme une alternative
au cinéma de Quentin Dupieux... Culte !
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