Au vu du titre, on
pourrait croire qu'ils sont plusieurs à déambuler à l'image
affublés d'un seul œil sur le visage. Pourtant, traduit en anglais,
le terme Cyclope prend bien un S. L'idée même que le réalisateur,
scénariste et producteur américain Bert L. Gordon ait pu un tant
soit peu gonfler le concept afin de tromper les spectateurs est donc
à chasser de nos esprits. Au risque de nous répéter, l'auteur de
ce court long-métrage dont la durée ne dépasse pas une heure et
six minutes confirme une fois encore qu'il fut le spécialiste du
gigantisme et de la miniaturisation dans le cinéma
fantastico-horrifique. Après avoir débuté sa carrière en 1955
avec King Dinosaur
et après l'avoir poursuivie deux ans plus tard avec Beginning
of the End,
il signait en 1957 le second des trois longs-métrages qu'il réalisa
cette année là sous le titre The Cyclops.
Œuvre dans laquelle il confronta quatre pseudo aventuriers lancés à
la recherche d'un homme disparu voilà trois ans dans le crash d'un
avion. Au cœur de montagnes sauvages et arides situées au Mexique,
la fiancée de celui-ci, Susan Winter (Gloria Talbott) organise des
recherches en compagnie de Russ Bradford (James Craig), un homme
éperdument amoureux de la jeune femme, du pilote Lee Brand (Tom
Drake) et de Martin Melville (Lon Chaney) pour qui le seul objectif
est de mettre la main sur un énorme filon d'uranium afin de
s'enrichir. Bien que les autorités du pays aient refusé à Susan
l'opportunité de se rendre sur les lieux de l'accident, celle-ci et
les trois hommes contreviennent aux ordres du gouverneur d'une petite
localité (Vincent Padula) et s'envolent au cœur des montagnes
mexicaine jusqu'à une clairière où il atterrissent dans de
dangereuses conditions. Une fois arrivés, Russ Bradford croit avoir
eu une hallucination en apercevant un lézard géant. Mais ce qui
apparaît tout d'abord à ses yeux comme tel va être plus tard
confirmé lors d'une inspection des lieux qu'il effectuera aux côtés
de Susan Winter : les lieux semblent effectivement habités par
des créatures gigantesques. Au titre des animaux présents sur les
lieux, nous découvrirons ainsi un aigle, une souris, un serpent ou
encore un iguane tous atteints de gigantisme. D'un point de vue
strictement technique, The Cyclops est
encore loin d'atteindre les qualités esthétiques de certaines
œuvres portant sur le même sujet.
L'intégration
des diverses créatures est en effet généralement piteuse et fausse
la perception que l'on peut avoir d'une ''lande'' où des mutations
peuvent être la conséquence d'une importante concentration de
matières radioactives. L'un des aspects les plus intéressants du
long-métrage se situe plus dans l'inquiétante attitude du
personnage incarné par l'acteur Lon Chaney que dans la présence des
dites créatures. Agressif et obnubilé à l'idée d'acheter une
concession sur les lieux mêmes où se situe une grande réserve
d'Uranium, l'homme fait fi de toute raison, notamment lors de
l'atterrissage ou lorsqu'il tente de contraindre le pilote Lee Brand
de laisser les deux autres sur place et de le ramener en ville. À ce
titre, il paraîtrait parfois presque plus dangereux encore que
l'immense créature que s'apprêtent bientôt à rencontrer nos
protagonistes : LE cyclope du titre, que l'on devine assez
rapidement être Bruce Barton, le fiancé de Susan qui depuis sa
disparition a lui-même été atteint par les radiations et mesure
désormais une petite dizaine de mètres de hauteur. Afin de rendre
son apparence encore plus sinistre, il est affublé d'un visage
monstrueux qui selon Russ Bradford serait dû à la petite cicatrice
qu'arborait à l'époque son ami et qui depuis aurait dégénérée.
Résultat, l'horrible individu, outre sa taille hors norme, est
affublé d'un visage totalement défiguré d'où n'émerge à peine
qu'un œil immense. Le rapport qu'entretient la créature au vu de
Susan fait sensiblement penser au King King
que réalisèrent en 1933 Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack.
Mais la comparaison s'arrêtant là, le film de Bert L. Gordon lui
est infiniment inférieur. Reste que The Cyclops
est une sympathique petite production horrifico-fantastique faisant
partie intégrante d'un courant qui allait être poursuivi par son
auteur de manière obsessionnelle puisque les décennies suivantes,
celui-ci persévérera dans le domaine et réalisera quelques œuvres
qui depuis deviendront des classiques du genre...
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