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dimanche 10 juillet 2022

Kikuropusu de Jôji Iida (1987) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

L'énergie débordante et créatrice du japonais Shin'ya Tsukamoto et l'abondance des visions organiques chères au canadien David Cronenberg,. Voilà quelles sont les références immédiates que l'on est en mesure d'évoquer à la suite de la projection de Kikuropusu de Jôji Iida. Un moyen métrage n'excédant pas les cinquante-deux minutes dans lequel un tout petit groupe d'individus étudie le corps d'une jeune femme qu'ils ont fait tout récemment kidnapper. L'on découvre qu'il s'agit de la sœur de l'un d'entre eux et qu'elle serait en théorie sujette à des malformations d'ordre génétique. Car là se situe l'un des principaux thèmes de ce film d'origine japonaise évoquant en arrière-plan les conséquences de la pollution de l'air, de l'eau et des sols, de l'usage excessif de traitements médicamenteux par les femmes enceintes et bien évidemment, des radiations nucléaires. Avec pour résultat final, la modification du génome humain. Un terrain de jeu propice à certaines expérimentations par un ''descendant'' du tout aussi célèbre qu'immonde Josef Mengele. Kikuropusu, traduit à l'internationale sous le titre Cyclops signait en 1987 les débuts de Jôji Iida dans l'univers du septième art et pour un coup d'essai, la chose se révèle mi-figue, mi-raisin. Car le japonais imprime à certains de ses personnages une attitude tellement inattendue que le résultat à l'écran ne se fait pas longtemps attendre : derrière la thématique horrifique se cache en effet des notes d'humour qui à défaut d'être réellement amusantes entachent quelque peu le récit. À vrai dire, le réel potentiel de Kikuropusu ne repose en rien derrière les pitreries de son étrange représentant du Gouvernement japonais mais plutôt dans l'évocation d'individus apparemment normaux qui pourraient éventuellement reprendre leur apparence initiale en cas de conflits intestins. Des créatures dont l'allure n'aurait d'ailleurs rien à envier à celle de ces ''freaks'' nés de l'atome après les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima...

 

Assez bavard et tournant un peu trop autour du pot, Kikuropusu semble surtout montrer certaines limites budgétaires et scénaristiques qui nuisent au rythme même si parfois la mise en scène du moyen-métrage se montre aussi généreuse qu'un Tetsuo ou tout autre œuvre signée de l'homologue Shin'ya Tsukamoto. Le film contient pas mal de séquences parfaitement incompréhensibles qui cependant ne semblent pas dues à la complexité du scénario mais plutôt à l'indigence de son écriture. Des dialogues et des situations parfois confus qui empêchent d'intégrer certaines idées. C'est là tout le paradoxe d'un certain cinéma du Pays du Soleil Levant auquel aiment se confronter les occidentaux que nous sommes. Un poil de nudité gratuite incarnée par l'une des jeunes et délicieuses interprètes féminines, quelques micro-visions qui aiguisent l'appétit et puis, surtout, LA séquence qui fera de Kikuropusu, le moyen-métrage culte auquel il mérite d'être comparé. En France, La mouche de David Cronenberg sortira en janvier 1987. Et l'année précédente sur le territoire américain. Un détail ? Une coïncidence ? Peut-être pas car lorsque Jôji Iida développe à l'image ce qu'il théorisait jusque là, la comparaison entre le chef-d’œuvre du canadien et sa première œuvre saute littéralement aux yeux. On pourrait même regrouper certains traits de caractère d'une bonne partie de la filmographie du premier et la comparer à cette hallucinante séquence que le second tourna alors dans une simple cage d'ascenseur ! Là, Jôji Iida délivre durant une dizaine de minutes ce que nous promettaient en préambule les toutes premières minutes. Les dites créatures se réveillant et s'extrayant de corps tout à fait normaux. Un combat gore et poisseux entre deux victimes de l'atome ou de toute autre pollution dans des débordements d'hémoglobine et de fluides corporels. C'est crade mais néanmoins spectaculaire et se réfère très clairement au film de David Cronenberg au point d'évoquer l'expérience ratée du singe ou l'expulsion finale du télépode du corps mutant d'un Seth Brundle transformé alors en ''Brundle-Mouche'' ! On appréciera tout particulièrement les effets-spéciaux entièrement conçus en latex par Shûichi Kokumai et Yûichi Matsui et qu'aurait d'ailleurs pu jalouser quelques années en arrière notre célèbre cinéaste canadien. Si d'une manière générale Kikuropusu propose de concrétiser son propos de manière trop tardive, le film n'en est pas moins une très bonne livraison pour les amateurs de Body-Horror et de cinéma d'horreur extrême japonais...

 

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