Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


dimanche 10 juillet 2022

Doragon Heddo de Jōji Iida (2003) - ★★★★★★★☆☆☆




Il est loin le temps où le réalisateur japonais Jōji Iida nous servait sur un plateau l'un de ces films trash et expérimentaux de l'ampleur de Kikuropusu. L'urgence est ici d'un genre bien différent puisque l'on passe de la dégénérescence du génome humain à une catastrophe ferroviaire concentrant une partie de son intrigue à l'intérieur d'un tunnel situé au cœur d'une montagne. Un site perpétuellement agité de soubresauts qui risquent à tout instant de faire s'effondrer sur les rares protagonistes des millions de mètres cube de roche. Ici, il s'agira moins d'évoquer le manga de Mochizuki Minetaro à l'origine de l'adaptation cinématographique que du film Doragon Heddo lui-même. Contrairement aux habitudes typiquement occidentales qui prennent conscience de l'importance de la caractérisation des personnages, l’œuvre du réalisateur japonais ne prend tout d'abord pas en compte cette donnée fondamentale. Exit donc ces dizaines de minutes d'exposition consacrées aux divers intervenants qu'ils soient bons ou mauvais avant que la catastrophe ne survienne. Lorsque démarrent les aventures de Teru Aoki, Nobuo Takahashi et Ako Seto, les trois seuls survivants du déraillement d'un train à grande vitesse, le tragique événement s'est déjà produit et l'on découvre d'emblée ses terribles conséquences. Des wagons sortis de leurs rails, une obscurité anxiogène, l'idée d'un air qui pourrait se raréfier, mais aussi des dizaines, des centaines de cadavres qui très rapidement risquent de pourrir sous l'action d'une chaleur étouffante. Loin des zombies et autres infectés du cinéma nippon (Dernier train pour Busan de Sang-ho Yeon), de la science-fiction post-apocalyptique à caractère social et politique (Snowpiercer, le transperceneige de Bong Joon-ho) ou plus simplement du film catastrophe Teoneol de Kim Seong-hoon auquel le long-métrage de Jōji Iida se raccorde relativement aisément, Doragon Heddo évolue dans un contexte où le sentiment d'angoisse et d'abord relayé par la présence d'un antagoniste parfois plus inquiétant que l'idée que nos trois survivants puissent être condamnés à mourir par asphyxie ou écrasés par des tonnes de roches...


Car parmi ces trois jeunes étudiants qui en compagnie de leur école et de leurs professeurs ont fait le chemin inverse d'une destination qui nous demeurera inconnue, il se trouve que l'un d'eux (Nobuo Takahashi qu'interprète Takayuki Yamada) paraît être victime de sévères troubles psychiatriques. Un problème qui va se révéler être compliqué à gérer pour ses deux compagnons d'infortune mais que l'on mettra sur le compte d'une maltraitance de la part de certains de ses camarades désormais décédés dans l'accident. Il est toujours risqué d'adapter un manga sur grand écran, surtout lorsque l'ouvrage d'origine est particulièrement apprécié par les fans de ce genre de littérature. C'est donc hors contexte que l'on jugera sur pièces des qualités et des éventuels défauts que livre ce long-métrage qui prend son temps puisque sa durée dépasse de très peu les deux heures. Ce qui au demeurant pourra tout d'abord inquiéter vu que durant presque trois quart-d'heure, le récit se concentrera sur l'affrontement verbal et physique entre Nobuo et Teru Aoki (l'acteur Satoshi Tsumabuki, lequel remportera le Prix du meilleur acteur aux Kinema Junpo Awards de 2004). La pauvre Sayaka Yamada (actrice et chanteuse japonaise qui perdit malheureusement la vie en tombant de la fenêtre d'une chambre d'hôtel à seulement trente-cinq ans) tient jusque là la chandelle au deux interprètes masculins dont Takayuki Yamada se pose tout d'abord en victime puis en caricature parfois outrancière d'un mal être transformé en furie ! L'on quitte ensuite ce qui tendait à être le tombeau de nos trois jeunes étudiants pour découvrir ensuite un ''extérieur'' qui ne sera pas moins terrifiant...


Un paysage de désolation plutôt convainquant quoique l'image soit percluse de diverses couches de filtres. Un environnement qui laisse surtout entendre que ce qui apparaissait alors comme une ''simple'' catastrophe d'ordre naturel (l'effondrement d'une partie de la montagne) pourrait être d'une ampleur autrement plus cataclysmique. La bande musicale signée du compositeur japonais Yoshihiro Ike se révèle tantôt efficace, et même souvent magnifique, mais retombe parfois dans des redites tribales d'un niveau relativement puéril. Le meilleur et le pire s'y mêlent comme autant de séquences marquantes et de passages redondants et inutiles. Pourtant le film se renouvelle suffisamment pour que le récit ne paraisse pas durer des plombes et ce, jusqu'à renouveler son parc de personnages et d'environnements. Quelques divagations aux cœurs des ruines, visions morbides de montagnes de cadavres, courses-poursuites, cascades et affrontements plus tard, on en revient avec le sentiment que Doragon Heddo aurait pu être un très grand film. Et même une référence. Malgré sa grande générosité plastique due notamment à la très efficace photographie de Junichirō Hayashi, il manque au long-métrage de Jōji Iida cet éclair de génie qui sied aux maîtres-étalons du genre. Il n'empêche que l'aventure vaut le détour même si visiblement, les fans du manga original se sont parfois montrés d'un tout autre avis...

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...