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jeudi 30 mai 2024

Ma France à moi de Benoît Cohen (2024) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Bon, ben j'aurais au moins appris une chose : que le hip-hop afghan existe ! En même temps, le genre n'est ici pas représenté par l'un de ses artistes mais par l'iranien Yaser Bakhtiari. Et comme l'Iran est voisin de l'Afghanistan, on peut estimer que c'est du pareil au même, non ? Ensuite, et parce qu'en France il est de bon ton de rappeler que notre pays est voué à accueillir toute la misère du monde, de la plus admissible jusqu'aux confins d'un certain obscurantisme, Ma France à moi arrive à point nommé. Charriant en théorie le message selon lequel il vaudrait mieux fermer les yeux sur les innombrables faits de société qui secouent presque quotidiennement notre société (et que certains revendiquent comme étant de simples faits-divers) pour mieux les ouvrir sur ces quelques exemples propres à la fiction qui voudraient qu'un migrant est une chance pour la France, le dernier long-métrage du réalisateur français Benoît Cohen donne surtout sa chance au jeune Nawid Elham qui pour la première fois de sa carrière apparaît sur un écran de cinéma après s'être affiché dans l'émission C à vous et après avoir participé à la série télévisée L'invité. C'est donc à cet interprète jusqu'ici parfaitement inconnu que le réalisateur et scénariste offre le rôle de Reza, un réfugié d'origine afghane qui a fuit son pays en guerre, laissant derrière lui sa sœur et ses deux parents pour rejoindre la France, terre d'accueil, où il sera pris en charge par une association avant que France Cohen, une bourgeoise installée dans le onzième arrondissement de Paris ne décide de le prendre sous son aile en l'accueillant chez elle. A priori, un concept totalement farfelu, voir même démagogue ou propagandiste qui pourtant semble être inspiré par une histoire authentique. Celle de la propre grand-mère du cinéaste et que ce dernier avait déjà retranscrit en 2018 à travers l'ouvrage Mohammad, ma mère et moi...


De ce témoignage d'un jeune homme déraciné accueilli par une femme française aisée, Benoît Cohen ne conserve pas le nom de l'un de ses deux principaux protagonistes. Mohammad devenant donc à l'image le discret Reza. Individu un peu effacé, peut-être trop parfois même si ses silences peuvent amplement s'expliquer à travers son vécu d'Afghan face à la guerre qui déchire son pays. Une attitude que l'on conçoit fort proche de la réalité mais qui peut avoir de lourdes conséquences sur le récit qui malheureusement tend à le rendre moins attachant que prévu. Face à une Fanny Ardant au timbre toujours aussi suave, visage parfois figé dans une expression de statue de musée Grévin, sourire de Joker et yeux cerclés de noir, la froideur de son personnage témoigne d'une solitude pourtant parfois très marquante. Là où le jeune Reza manque cruellement de caractérisation, problème que partage quelque peu la ''vieille dame'', le talent de Fanny Ardant fait toute la différence et Ma France à moi peut s'envisager parfois comme une œuvre réellement poignante. Vis à vis du sujet qu'il aborde, Benoît Cohen n'est en revanche pas toujours très tendre envers ses concitoyens. Car en dehors des petites gens (la domestique Héléna qu'interprète Aurore Broutin ou la serveuse Lila qu'incarne Suzy Bemba), la meilleure amie de France, Évelyne (Élisabeth Margoni) et son propre fils Joseph (Pierre Deladonchamps) sont quelques exemples de portraits d'une France raciste ou du moins très soupçonneuse et méfiante vis à vis des étrangers. On a donc d'un côté une histoire plutôt touchante mais dont le sujet est mené de manière beaucoup trop légère et succincte pour considérer le message comme argent comptant et de l'autre, quelques sous-textes maniérés, opportunistes et moralisateurs relativement agaçants. Bref, un film très ''tendance'', fontaine de jouvence pour les un et sans doute mépris total vis à vis de la réalité pour les autres...

 

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