Bon, ben j'aurais au moins appris une chose : que le hip-hop
afghan existe ! En même temps, le genre n'est ici pas
représenté par l'un de ses artistes mais par l'iranien Yaser
Bakhtiari. Et comme l'Iran est voisin de l'Afghanistan, on peut
estimer que c'est du pareil au même, non ? Ensuite, et parce
qu'en France il est de bon ton de rappeler que notre pays est voué à
accueillir toute la misère du monde, de la plus admissible jusqu'aux
confins d'un certain obscurantisme, Ma France à moi
arrive à point nommé. Charriant en théorie le message selon lequel
il vaudrait mieux fermer les yeux sur les innombrables faits de
société qui secouent presque quotidiennement notre société (et
que certains revendiquent comme étant de simples faits-divers) pour
mieux les ouvrir sur ces quelques exemples propres à la fiction qui
voudraient qu'un migrant est une chance pour la France, le dernier
long-métrage du réalisateur français Benoît Cohen donne surtout
sa chance au jeune Nawid Elham qui pour la première fois de sa
carrière apparaît sur un écran de cinéma après s'être affiché
dans l'émission C
à vous
et après avoir participé à la série télévisée L'invité.
C'est donc à cet interprète jusqu'ici parfaitement inconnu que le
réalisateur et scénariste offre le rôle de Reza, un réfugié
d'origine afghane qui a fuit son pays en guerre, laissant derrière
lui sa sœur et ses deux parents pour rejoindre la France, terre
d'accueil, où il sera pris en charge par une association avant que
France Cohen, une bourgeoise installée dans le onzième
arrondissement de Paris ne décide de le prendre sous son aile en
l'accueillant chez elle. A priori, un concept totalement farfelu,
voir même démagogue ou propagandiste qui pourtant semble être
inspiré par une histoire authentique. Celle de la propre grand-mère
du cinéaste et que ce dernier avait déjà retranscrit en 2018 à
travers l'ouvrage Mohammad,
ma mère et moi...
De
ce témoignage d'un jeune homme déraciné accueilli par une femme
française aisée, Benoît Cohen ne conserve pas le nom de l'un de
ses deux principaux protagonistes. Mohammad devenant donc à l'image
le discret Reza. Individu un peu effacé, peut-être trop parfois
même si ses silences peuvent amplement s'expliquer à travers son
vécu d'Afghan face à la guerre qui déchire son pays. Une attitude
que l'on conçoit fort proche de la réalité mais qui peut avoir de
lourdes conséquences sur le récit qui malheureusement tend à le
rendre moins attachant que prévu. Face à une Fanny Ardant au timbre
toujours aussi suave, visage parfois figé dans une expression de
statue de musée Grévin, sourire de Joker et yeux cerclés de noir,
la froideur de son personnage témoigne d'une solitude pourtant
parfois très marquante. Là où le jeune Reza manque cruellement de
caractérisation, problème que partage quelque peu la ''vieille
dame'', le talent de Fanny Ardant fait toute la différence et Ma
France à moi peut
s'envisager parfois comme une œuvre réellement poignante. Vis à
vis du sujet qu'il aborde, Benoît Cohen n'est en revanche pas
toujours très tendre envers ses concitoyens. Car en dehors des
petites gens (la domestique Héléna qu'interprète Aurore Broutin ou
la serveuse Lila qu'incarne Suzy Bemba), la meilleure amie de France,
Évelyne (Élisabeth Margoni) et son propre fils Joseph (Pierre
Deladonchamps) sont quelques exemples de portraits d'une France
raciste ou du moins très soupçonneuse et méfiante vis à vis des
étrangers. On a donc d'un côté une histoire plutôt touchante mais
dont le sujet est mené de manière beaucoup trop légère et
succincte pour considérer le message comme argent comptant et de
l'autre, quelques sous-textes maniérés, opportunistes et
moralisateurs relativement agaçants. Bref, un film très
''tendance'', fontaine de jouvence pour les un et sans doute mépris
total vis à vis de la réalité pour les autres...
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