Après avoir essoré à
peu près tout ce qui s'est fait en matière de vampirisme plus ou
moins ''indépendant'' ou sortant des sentiers (re)battus, de The
Addiction
d'Abel Ferrara jusqu'à The Transfiguration
de Michael O'Shea en passant par Martin
de George Romero ou le sublime Låt den Rätte
Komma in
de Tomas Alfredson (et le très réussi remake de Matt revves, Let
me in),
petite nouveauté dans le genre avec Abigail de
Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett. Avec un titre pareil, on
s'attend tout d'abord à un énième long-métrage mettant en scène
une gamine (celle de l'affiche) possédée par le Diable ou par l'un
de ses suppôts ! Mais non, ici, rien à voir. Et pourtant,
cette jeune ballerine apeurée, séquestrée dans l'une des chambre
d'un luxueux manoir par six criminels auxquels ont été promis
plusieurs millions de dollars de prime en échange de son enlèvement
va très bientôt montrer son véritable visage. Celui d'une vamp en
culotte courte. Ou plutôt, vêtue des apparats d'une jeune danseuse
étoile cruelle et avide de sang. La dernière fois qu'il me permit
d'être ainsi saisi par l'apparence de l'un ou l'une de ses
congénères remonte à très longtemps. En 1985, lorsque sorti sur
les écrans de cinéma l'excellent Vampire, vous
avez dit vampire ?
de Tom Holland. Non pas le jeune et très populaire acteur
britannique qui incarna par trois fois le super-héros Spider-Man
mais le réalisateur américain qui débuta donc avec un film de
vampires et poursuivit notamment sa carrière dans l'épouvante et le
fantastique avec l'excellent Jeu d'enfant
en 1988. Les plus anciens se souviennent très certainement des
dents de ses créatures qui, je dois bien l'avouer, m'avaient plus
impressionnées exposées dans les magazines spécialisés (genre Mad
Movies)
qu'une fois découvertes en salle... Celles d'Abigail n'ont rien à
leur envier. Pas plus que la fureur avec laquelle elle va s'attaquer
à ses prochaines victimes. Une drôle de brochette de criminels
lorsque l'on y réfléchit bien. Un ancien flic, un amateur de
body-building pas très finaud, un jeune décérébré ou encore une
blonde plutôt cruche et une brune ''à tout faire'' pour les
accompagner dont la seconde semble avoir les capacités de mener le
groupe vers la sortie... La jeune Alisha Weir incarne Abigail à
laquelle on donnerait le Bon Dieu sans confession. De son doux ton de
voix, elle embobine tout d'abord Joey (Melissa Barrera), qui lui ôte
pour commencer le bandeau qu'elle porte autour de la tête avant de
lui retirer les menottes qui la maintenaient sur le lit.
Je
disais avide et cruelle, mais peut-être aussi malicieuse dans sa
manière de jouer avec son apparente fragilité. Car comme nous le
découvrirons plus tard au même titre que les protagonistes, ça
n'est certes pas une simple paire de menottes qui aurait pu la
retenir prisonnière. Simple erreur de script ou choix intentionnel
de faire mener la danse au rythme de ses envies ? Véritable
galerie de bras cassés, là encore on peut douter du bien-fondé de
choisir de tels individus pour une mission dont l'issue doit
permettre d'empocher cinquante millions de dollars. Mais là encore,
Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett ainsi que les scénaristes
Stephen Shields et Guy Busick ont une réponse toute trouvée qui
nous sera révélée bien plus tard. Entre thriller et film
d'épouvante, Abigail
semble hésiter durant une bonne partie du récit. Quelques effusions
de sang (dont une sympathique mais très convenue décapitation) mais
surtout, des séquences d'exploration qui débouchent sur un certain
ennui. Mais bordel, qu'est-ce qu'ils attendent pour plonger les
personnages dans un bain de sang ? Question à laquelle les
réalisateurs apportent une réponse lors de la dernière demi-heure.
Alors qu'Abigail ironise physiquement en montrant à ses opposants
que l'ail n'a aucun effet sur elle, la lumière du jour jouera par
contre un rôle prépondérant dans l'affrontement entre la vamp et
ses futures victimes. Ici, les corps ne brûlent pas comme cela est
généralement le cas dans ce genre de situation mais explosent
littéralement. Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett nous refont
notamment la scène de la piscine de Poltergeist
quarante-deux ans après le réalisateur Tobe Hooper. Cette fois-ci,
la séquence est passée à la moulinette façon ''Lucio Fulci'', à
tel point que l'on sentirait presque l'odeur des cadavres en
putréfaction. Au final, Abigail
se montre relativement classique dans son déroulement, en dehors
d'un twist révélant les véritables raisons de l'enlèvement de la
gamine. Après, Melissa Barrera, Dan Steven, Kathryn Newton, la
jeune Alisha Weir et le reste du casting font leur boulot. Bref, un
petit film d'horreur plus ou moins jouissif (surtout vers la fin,
donc), un peu trop bavard durant une bonne partie de l'intrigue mais
qu'une succession de scènes gore permet plus ou moins de faire
oublier...
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