Vingt-sept ans après que
le réalisateur et scénariste français Alain Berbérian ait mis en
scène Paparazzi
et huit après que l'américain Dan Girloy ait réalisé Night
Call,
pour son dernier long-métrage, le réalisateur mexicain Luis Javier
Henaine signe avec Desaparecer por Completo,
une œuvre étrange, teintée de fantastique et plongeant son
principal protagoniste au cœur d'un thriller plus ou moins glauque.
Dans un cas comme dans l'autre et quel que soit le continent où a
lieu l'action, il ressort de ces trois exemples de films un sentiment
de malaise. Même lorsque le premier s'inscrit dans la comédie
française. Concernant Desaparecer por Completo,
le réalisateur
et son scénariste Ricardo Aguado-Fentanes avec lequel il travaille
pour la toute première fois nous font pénétrer l'univers de la
presse à sensation sous son angle le plus cru. Ici, il s'agit moins
d'épier l'intimité des vedettes de la chanson ou les stars du
cinéma et des réseaux sociaux que de prendre en photo des cadavres.
De la victime renversée par une voiture jusqu'au sénateur découvert
bouffé par des rats en passant par le corps décomposé d'une jeune
femme enceinte, Luis Javier Henaine va relativement loin dans la
représentation de la mort même si très rapidement les
préoccupations du personnage central incarné par Harold Torres vont
l'éloigner de sa profession et de son caractère morbide. En effet,
victime d'un mal étrange dont les origines demeureront un temps
particulièrement obscures, l'on voit le quotidien de Santiago
Mendoza s'égrainer le temps d'une courte semaine. Il n'en faudra pas
plus pour que ce photographe de la mort particulièrement attentif au
soin apporté au cadrage (contre l'avis de son boss qui lui n'est
intéressé que par l'impact des images) perde les sens, l'un après
l'autre. Tout commence par la perte de l'odorat. Puis du goût. Vient
ensuite celle du toucher, le mal s'étendant jusqu'à la disparition
progressive de l'ouïe. Autant dire que Santiago vit un véritable
cauchemar. Individu de peu de foi face à la mort de l'autre, aimant
sa compagne (Tete Espinoza dans le rôle de Marcela Colorado Luna)
tout en étant contre l'idée de garder le bébé qu'elle porte,
l'homme découvrira bientôt les raisons pour lesquelles un à un
tous ses sens disparaissent. Si déjà le concept paraît
''fantastique'' dans le sens littéral du terme, on peut encore
supposer qu'un virus ou une bactérie puisse en être la cause. C'est
d'ailleurs ce qu'évoque le sujet durant un temps...
Mais
le terme prend une autre ampleur lorsque le héros découvre que le
mal semble avoir un lien direct avec sa présence dans la demeure du
sénateur découvert étendu sur le sol. En scrutant les photos qu'il
avait prises, Santiago découvre effectivement sur l'une d'entre
elles la présence d'une personne qui ne devrait pas y être. Après
s'être renseigné auprès d'une guérisseuse, le photographe
découvre qu'il a été victime d'une nécromancienne... Apparemment
très inspiré par le cinéma du réalisateur américain David
Fincher, le long-métrage de Luis Javier Henaine flirte avec Seven
sans pour autant égaler ce grand classique du thriller. Et ce même
si certains passages peuvent se vanter d'être relativement morbides.
Comme la découverte dans un sinistre lieu de cette jeune femme au
teint grisâtre dont le photographe relève le vêtement qui
recouvrait son ventre afin d'exhiber sa grossesse. Glauque ! Le
mexicain démarre d'ailleurs de façon identique à travers une
séquence pré-générique mais aussi et surtout à travers le
générique à proprement parler. Tandis que Luis Javier Henaine est
donc inspiré par David Fincher, le compositeur Alejandro Otaola
paraît quant à lui vouloir marcher sur les traces de Trent Reznor
et de son groupe de métal industriel Nine
Inch Nails.
Dans ces instants, Desaparecer
por Completo
mime tant et si bien Seven
que la patte graphique elle-même lui ressemble à tout point de vue.
Notons la très plaisante photographie de Glauco Bermudez qui pour le
coup et sans mauvais jeu de mots porte très bien son prénom. Sombre
et anxiogène, elle colle parfaitement à l'ambiance générale du
long-métrage et à certains environnements plutôt saisissants (la
rue bordée d'arbres morts). Et pourtant, Desaparecer
por Completo
laisse un petit goût d'inachevé. C'est sans déplaisir mais
également sans passion que l'on suit le calvaire de Santiago
Mendoza. L'on ressort alors de l'aventure quelque peu circonspect et
sans avoir jamais été ''saisis'' par l'ampleur du drame qu'il est
en train de vivre. En revanche, Luis Javier Henaine a parfaitement su
transmettre les symptômes de son personnage au spectateur. Poussant
même le bouchon jusqu'à étouffer les voix des personnages auxquels
se frotte le héros lorsque celui-ci commence à perdre l'ouïe...
Bref, sympa mais pas extraordinaire...
Mou du genou ce film.
RépondreSupprimerComparer ce navet ennuyeux à Seven, fallait oser.
RépondreSupprimerAh ah, "Steakachier", très bon, ça... Moi j'avais Agnès Pannier-Runachier... :-)
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