Au risque de me faire
pourrir, conspuer, insulter, cracher dessus, j'avoue ne pas vraiment
comprendre la quasi unanimité qui entoure l'avant-dernier
long-métrage interprété par l'acteur hongkongais Bruce Lee.
Peut-être est-ce parce que contrairement à d'autres, qui sans doute
s'y connaissent mieux que moi en matière de films d'action
essentiellement dirigés du côté des arts-martiaux, je n'ai
justement pas apprécié le film à la hauteur de ses engagements.
Qu'il ait été produit non plus seulement par Hong Kong mais
également par la société de production et de distribution
américaine Warner Bros et
qu'il ait été également mis en scène par un réalisateur,
scénariste et producteur lui-même d'origine américaine fait que
Opération dragon
n'a pas tout à fait la même saveur que les trois précédents
longs-métrages de la star hongkongaise. Et pourtant, je me souviens
de ces temps anciens où, me semble-t-il, celui-ci était mon
préféré. Car sans prétendre être ''clinquant'' et au beau milieu
d'une filmographie percluse d’œuvres de ''petite composition'',
Opération dragon
est effectivement d'un niveau technique supérieur à Big
Boss,
La fureur de vaincre
et La fureur du dragon.
Tiens, d'ailleurs, concernant ce dernier, inutile d'y trouver un
rapport quelconque avec cet avant-dernier film de Bruce Lee réalisé
par Robert Clouse. Tourné à Hong Kong mais en partie interprété
par des acteurs occidentaux, Opération dragon
mérite pour une raison au moins son statut de film culte. Ne
serait-ce que pour son indéniable apport au genre, qu'il s'agisse
simplement d'évoquer une armada de longs-métrages reposant sur le
même système ou par extension, ces œuvres vidéoludiques que
représentent les franchises Mortal Kombat
et
Street Fighter,
lesquelles, sans doute, lui doivent tout ou presque de leur concept.
Si aujourd'hui le principe du tournoi réunissant des champions venus
des quatre coins de la planète afin de s'affronter lors de combats
peut paraître anodin, à l'époque, le film fait une telle sensation
qu'il permettra à Bruce Lee d'avoir enfin la reconnaissance qu'il
méritait sur le territoire américain. Le fait même qu'un studio
d'outre-atlantique ait participé au projet et que le film ait été
réalisé par un américain participant sans doute alors de
l'engouement d'un public adepte de malbouffe jusqu'alors réfractaire
aux péripéties de ce petit chinois sec et sans matière grasse. Le
plus navrant demeurant dans le fait que Bruce Lee n'aura pas pu
profiter du succès du film puisqu'il décédera un mois presque jour
pour jour avant sa sortie aux États-Unis !
La
particularité d'Opération dragon
est son absence apparemment assumée d'humour. Plus étonnant encore,
non seulement Robert Clouse signe le nouveau film
d'action/arts-martiaux de Bruce Lee mais le scénario de Michael
Allin intègre un genre qui n'était jusque là pas l’apanage de
l'acteur hongkongais : l'espionnage. Car comme nous le
découvrons rapidement, Lee (Bruce Lee) est engagé par les
autorités chinoises afin de s'infiltrer dans le palais de Han
(l'acteur et cascadeur chinois Shih Kien) lors d'un tournoi organisé
par celui-ci afin de trouver des preuves de son implication dans un
réseau de trafic d'opium dont il serait la tête pensante. De nuit,
Lee se faufile tel un félin, s'introduit dans des locaux interdits
alors que les sorties nocturnes sont prohibées. De jour, il
participe au tournoi auquel vont notamment participer les acteurs
américains John Saxon et Jim Kelly (interprète qui en général
avait l'habitude de tourner dans des œuvres de Blaxploitation)
ainsi que le célèbre acteur hongkongais Bolo Yeung et son
impressionnante carrure. Acteur qui en général a l'habitude
d'endosser le costume de l'antagoniste et que l'on aura notamment pu
découvrir dans deux longs-métrages principalement interprétés par
l'acteur belge Jean-Claude Van Damme, Bloodsport,
tous les coups sont permis
de Newt Arnold en 1988 et Double Impact
de Sheldon Lettich trois ans plus tard. Si Opération
dragon
offre quelques sympathiques combats (comme celui qui opposera Lee à
Oharra (l'acteur américain Bob Hall), garde du corps du propriétaire
des lieux qui par le passé provoqua le suicide forcé de la jeune
sœur de notre héros), le problème provient surtout du scénario
qui semble terriblement léger. Qu'il s'agisse de l'espionnage ou de
la compétition, le film se libère assez rapidement des contraintes
imposées par le script pour ne plus se préoccuper que des seules
séquences d'actions dont une, relativement mémorable, opposant Lee
à Han. En étant tourné avec une énergie et une ambition bien
différentes des petites productions hongkongaises, Opération
dragon
perd quelque peu le charme des précédents films de Bruce Lee. Ce
qui ne l'empêche tout de même pas de mériter amplement son statut
de film culte...
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