Pour ce second
long-métrage du cycle consacré au Giallo,
nous allons encore évoquer une œuvre signée du réalisateur
italien Sergio Martino. Après avoir signé en 1971 La
Coda dello Scorpione,
c'est par deux fois qu'il s'est intéressé au genre l'année
suivante. Tout d'abord avec Tutti i Colori del
Buio
qui sur son territoire sortit le 28 février 1972 et seulement deux
ans plus tard en France et ensuite avec Il tuo
Vizio è una Stanza Chiusa e Solo io ne ho la Chiave
qui connut un passage en salle en Italie le 18 août de la même
année. C'est de ce dernier dont nous parlerons ici. Après
l'excellent La Coda dello Scorpione,
on pouvait s'attendre à ce que cette énième itération de ce genre
de cinéma typiquement italien soit d'un niveau égal, voire même
supérieur, pourquoi pas... Traduit chez nous sous l'élégant titre
Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé,
Il tuo Vizio è una Stanza Chiusa e Solo io ne
ho la Chiave
est d'une teneur différente de La Coda dello
Scorpione
et s'inscrit dans une thématique que j'oubliais d'ailleurs d'évoquer
dans le précédent article consacré au Giallo.
Outre la vengeance, la cupidité ou les traumas de l'enfance, il
existe bien une quatrième alternative propre au genre : la
machination ! Dans l'esprit d'un Henri-Georges Clouzot période
Les diaboliques
mais plus sûrement dans celui de la nouvelle The
Black Cat du
romancier américain Edgar Allan Poe. Plusieurs éléments regroupés
dans celle-ci se retrouvent effectivement à l'image. L'on retrouve
notamment le chat du titre, un félin particulièrement encombrant
que la maîtresse de maison d'une luxueuse demeure exècre
totalement. Celle-ci finira d'ailleurs par lui planter une paire de
ciseaux dans l’œil gauche à force de le voir tourner autour de la
volière dans laquelle sont enfermés des oiseaux qu'elle chérie
plus que son propre époux. Un homme terriblement violent, qui aime
humilier sa femme en public et la trompe régulièrement avec l'une
de ses anciennes élèves devenue depuis bibliothécaire. Lorsque
cette dernière est retrouvée morte égorgée, les soupçons se
portent immédiatement sur Oliviero, l''époux en question
qu'interprète l'acteur italien Luigi Pistilli que l'on a vu à
plusieurs reprises chez Sergio Leone.
Lequel
a ensuite notamment travaillé aux côtés de Sergio Corbucci, Enzo
G. Castellari, Mario Bava, Riccardo Freda, le britannique Terence
Young ou encore le français Jean Girault. Irina, l'épouse
maltraitée est quant à elle interprétée par la suédoise Anita
Strindberg à laquelle Sergio Martino avait déjà offert l'un des
rôles principaux de La Coda dello Scorpione.
Quant à Ivan Rassimov et la sublime française Edwige Fenech, Il
tuo Vizio è una Stanza Chiusa e Solo io ne ho la Chiave
est pour eux l'occasion de se retrouver à nouveau sur un même
tournage après que le réalisateur les ai déjà convié à
participer à ceux de Lo Strano Vizio della
Signora Wardh
en 1971 et Tutti i Colori del Buio
l'année suivante. Dans Il tuo Vizio è una
Stanza Chiusa e Solo io ne ho la Chiave,
l'un et l'autre incarnent deux individus assez proches. Sergio
Martino exploite la grande beauté de l'actrice hexagonale en
multipliant les scènes dénudées qu'elle partage non seulement avec
ses deux amants (dont l'un est son propre oncle, Oliviero !!!) mais
aussi Irina lors d'une scène de saphisme un peu trop longue à mon
goût. Car c'est bien là le principal soucis de ce Giallo
qui contrairement à ceux qu'avait jusque là l'habitude de signer le
réalisateur italien s'avère d'une piètre qualité... Nous sommes
ici bien loin de l'excellent La Coda dello
Scorpione.
La mise en scène est terriblement molle et les interprètes ont
l'air à peine convaincus eux-mêmes par le scénario écrit en
étroite collaboration entre Luciano Martino et Sauro Scavolini sur
la base de la nouvelle écrite par Edgar Allan Poe cent-trente ans
auparavant. Beaucoup moins graphique et donc nettement moins
sanglant, Sergio Martino semble avoir en outre beaucoup de mal à
mettre en place ses personnages ainsi que l'intrigue. La machination
à laquelle s'adonnent plusieurs protagonistes ne provoque pas la
surprise tant attendue. La faute à un personnage secondaire qui
débarque finalement comme un cheveu dans la soupe histoire
d'expliquer et de justifier tout ce qui vient de se dérouler à
l'image. Au final, que retiendrons-nous de ce Il
tuo Vizio è una Stanza Chiusa e Solo io ne ho la Chiave
au titre poétique à rallonge ? Une Edwige Fenech toujours
aussi belle à croquer, quelques menus détails plutôt dérangeants
(l'humiliation d'Irina en ouverture ou la relation incestueuse entre
un oncle et sa nièce) et une prise par la main du spectateur en fin
de projection relativement agaçante. Bref, rien de bien terrible à
se mettre sous la dent...
J'avais un ami (on s'est perdu de vue mais on correspond encore très occasionnellement) un temps rédacteur sur le site Horreur.com (qui est dans tes liens ) et très fan des "giallo", en particulier de Dario Argento. Tout ça pour dire que c'est encore un pan du cinéma qu'il me reste encore à découvrir. Il serait temps que je m'y mette (foutue procrastination)...
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