Pour démarrer ce nouveau
cycle consacré au Giallo,
nous allons évoquer La Coda dello Scorpione
du réalisateur
italien Sergio Martino, l'un des spécialistes du genre qui avant
celui-ci réalisa Lo Strano Vizio della Signora
Wardh avant
de poursuivre en 1972 avec Tutti i colori del buio
ainsi
que Il tuo Vizio è una Stanza Chiusa e solo io
ne ho la Chiave.
Des titres à rallonge pour des œuvres comptant parmi les meilleures
du genre. Réalisé un an auparavant, La Coda
dello Scorpione
(La Queue du scorpion)
se déroule en partie à Londres avant de se poursuivre à Athènes,
en Grèce. Œuvre italo-espagnole écrite à huit mains par les
scénaristes Ernesto Gastaldi, Eduardo Manzanos Brochero et Sauro
Scavolini, le long-métrage de Sergio Martino convie des interprètes
issus des quatre coins de la planète. C'est ainsi que l'on découvre
tout d'abord l'actrice italienne Ida Galli qui dans le rôle de Lisa
Baumer interprète l'épouse d'un homme qui vient de mourir dans un
tragique accident d'avion. Celui-ci avait contracté une
assurance-vie à hauteur d'un million de dollars dont Lisa est la
bénéficiaire exclusive. Au décès de Kurt Bauman, beaucoup de
monde s'intéresse à la jeune femme. À commencer par Philip, une
ancienne relation toxicomane qui la fait chanter grâce à une lettre
qu'elle lui avait écrite il y a un an et dans laquelle Lisa confiait
son désir de se débarrasser de son mari. Femme adultère, elle est
également suivie par Peter Lynch (l'acteur britannico-uruguayen
George Hilton), un enquêteur qui travaille pour la société
d'assurance Intercontinental
Limited qui
doit prochainement verser à Lisa la somme de un million de dollars.
D'autres personnages vont encore se greffer au récit. Comme la
journaliste Cleo Dupont qu'interprète l'actrice suédoise Anita
Strindberg, un agent d'Interpol en la personne de John Stanley
(l'acteur argentin Alberto de Mendoza), Lara Florakis (la française
Janine Reynaud) ou encore Sharif qu'incarne l'acteur espagnol Luis
Barboo. Tout ce petit monde s'intéresse de très près à la jeune
femme... ainsi qu'un mystérieux assassin tout de noir vêtu qui, les
uns après les autres, élimine tout ceux qui approchent Lisa. Malgré
l'hypothétique confusion qui pourrait régner au sein de ce récit
où les personnages se bousculent et où l'intrigue ne cesse
d'accumuler les rebondissements pour mieux noyez le poisson, tout est
en fait parfaitement limpide.
Bien
que Sergio Martino et ses scénaristes se soient donné la peine
d'écrire et de réaliser une œuvre nettement plus étoffée que
dans la moyenne des longs-métrages de ce type, le Giallo
ayant généralement comme base d'investigation trois types de
visages, l'on s'attend à ce que le récit évoque une enfance
traumatique, un cas typique de vengeance ou une simple histoire de
gros sous. Tout porte à croire que le coupable est Peter Lynch. Son
lien avec les futures victimes le désignent bien entendu un peu trop
facilement. Certains événements inattendus relancent l'intrigue et
permettent à de nouveaux personnages de se greffer au récit. L'un
des points forts de l'intrigue concerne les différentes incarnations
car même si la caractérisation des uns et des autres des
protagonistes n'est pas des plus remarquable, chaque personnage a son
importance dans le déroulé du récit. La précision de l'écriture
permet d'éviter toute séquence inutile et chaque intervention,
qu'il s'agisse de la journaliste, des différents enquêteurs ou bien
même de cet inquiétant couple que forment Lara Florakis et l'avocat
véreux Sharif, permet de tendre une toile d'araignée autour des
différents protagonistes. Évoquons maintenant les meurtres.
Majoritairement perpétrés au couteau par un homme masqué et ganté
comme le veut la grande tradition du Giallo,
égorgements, bassins perforés et autres énucléation sont
effectués avec un certain sadisme parfaitement retranscrit à
l'image. Les meurtres s'avèrent donc particulièrement graphiques,
les victimes rendant leur dernier souffle dans un bain de sang... La
Coda dello Scorpione
souffre malgré tout de petites imperfections. Comme lors de cette
courte séquence durant laquelle Cleo et Peter s'ébattent tandis
qu'un voisin les regarde à travers une fenêtre. En observateur, le
spectateur comprend qu'il est tard puisque dehors la nuit est
tombée... alors qu'une poignée de secondes plus tard, il fait jour.
Ici, pas d'ellipse même si ces dernières sont relativement
nombreuses durant tout le récit. Juste un faux raccord... Bref, La
Coda dello Scorpione est
une excellente mise en bouche pour ce nouveau cycle consacré à un
genre typiquement transalpin mais auquel s'essaieront pourtant des
cinéastes venus d'autres contrées dans les années à venir...
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