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dimanche 2 avril 2023

The Dead Zone de David Cronenberg (1983) - ★★★★★★★★★☆

 


 

Il y a des artistes qui transforment quasiment tout ce qu'ils touchent en or. David Cronenberg fait partie du cercle prestigieux des cinéastes si remarquables qu'ils peuvent prétendre au titre de génies du septième art. De ses débuts dans le milieu des années soixante jusqu'à la sortie en 1983 de Vidéodrome, il fut l'auteur exclusif des scénarii de ses propres longs-métrages. Moins d'un an après sort sur les écrans The Dead Zone qui marque une rupture importante dans sa carrière puisque le réalisateur et scénariste d'origine canadienne ne fera pas seulement appel à sa propre imagination mais à celle du plus célèbre écrivain de littérature d'épouvante, l'américain Stephen King. En effet, The Dead Zone est l'adaptation par Jeffrey Boam du roman éponyme qui vit le jour en 1979 aux États-Unis et quatre ans plus tard sur le sol français. Surtout, David Cronenberg aborde son œuvre généralement portée sur le Body Horror sous un jour nouveau. Peu à peu, les débordements graphiques laissant place à une horreur beaucoup plus psychologique. Des prémices qui furent tout d'abord visible à travers Chromosome 3 et plus encore avec Vidéodrome mais une approche qui trouve avec The Dead Zone, une sensibilité qui éclatera sans doute dans sa forme ultime en 1988 avec Faux-semblants et en 2002 avec Spider. Mais d'ici à ce que le réalisateur nous serve les véritables plats de résistance de sa carrière (n'omettons surtout pas l'impressionnant, tragique et bouleversant La mouche en 1986 ni les complexes Le festin nu en 1991 ou Crash en 1996), David Cronenberg va, comme une majorité de grands cinéastes, s'attaquer à l'un des romans de l’œuvre tentaculaire de Stephen King. Pas un ouvrage d'horreur. Plutôt un roman fantastique mettant en scène John Smith, un homme qui à la suite d'un grave accident de voiture et d'un coma de cinq années va se réveiller avec un don : au contact d'un objet ou d'une personne, il s'avère en effet capable de lire dans le passé et l'avenir. The Dead Zone version cinéma applique soigneusement le récit de l'écrivain américain tout en excluant certains passages et met donc en scène les mêmes personnages. L'on retrouve donc dans le rôle de Johnny Smith le formidable acteur Christopher Walken qui compose ici l'une de ses plus fameuses interprétations. Un personnage touchant, bienveillant, touché par des malheurs successifs (son accident, la perte de Sarah qui depuis a refait sa vie avec un autre homme, et puis ce ''don'' qui ne lui apportera pas que le bonheur). Sarah Bracknell, elle, est interprétée par l'actrice Brookes Adams que l'on avait notamment déjà pu voir dans deux autres films du ''genre'' avec Le commando des morts-vivants en 1979 de Ken Wiederhorn et surtout L'Invasion des profanateurs de Philip Kaufman un an auparavant. Si le film tourne majoritairement autour de Christopher Walken puis de cette dernière, David Cronenberg ajoute au casting d'autres brillants interprètes. Tom Skeritt (Alien, le huitième passager de Ridley Scott en 1979) y incarne le rôle du shérif Bannerman, Herbert Lom (La panthère rose de Blake Edwards en 1963) celui du docteur Sam Weizak, quant à Martin Sheen, il endosse le costume du futur candidat à l'élection présidentielle, Greg Stillson...


''Pour toi bien sûr, cinq ans ont passé mais pour moi c'est comme si on était... le lendemain...''


David Cronenberg s'éloigne donc sensiblement de son univers habituel et signe avec The Dead Zone l'une des quatre ou cinq meilleures adaptations de l'univers de Stephen King. Créant une extraordinaire cohésion entre divers genres puisque s'y rencontrent le surnaturel, le drame, le policier et l'épouvante, le film cherche et parvient à toucher un large panel de spectateurs. En réalité, dire que le canadien s'est éloigné de son univers n'est pas tout à fait exact. Autrefois vampires assoiffés de sexe (Frissons) ou de sang (Rage), créatures dotées de protubérances (Chromosome 3) ou du pouvoir de télékinésie (Scanners), John est comme certains personnages chers à David Cronenberg, un ''monstre''. Un ''phénomène de foire'' qui fascine autant qu'il révulse comme le fut à peu près à la même époque le personnage central de Elephant Man de David Lynch ! Des centaines, voire des milliers de lettres dans lesquelles des inconnus demandent l'aide de John, des médias qui s'emparent du phénomène avec ironie, une police impuissante face aux meurtres commis par un tueur de femmes qui fait appel à lui. Face à la pression, un John dont les forces s'amenuisent et un cas de conscience qui amènera à une conclusion aussi bouleversante que celle de The Hidden de Jack Sholder. L'enjeu véritable du récit est bien entendu ce don. Et cette question qui s'impose : doit-il être traité comme une bénédiction ou plutôt comme une malédiction ? David Cronenberg y répond à travers toute une succession de séquences chocs (les visions, l'affaire du tueur en série et son suicide, etc...) qui tendent à démontrer que ses conséquences sont bienfaitrices pour celles et ceux qui bénéficient de l'aide apportée par John. Contrairement à celles qui l'entourent lui-même et qui le voient dépérir à mesure qu'il use de ses nouvelles facultés. Mais la vie de ce bienfaiteur, de ce messie ne vaut-elle pas le coup d'être sacrifiée au bénéfice du plus grand nombre ?
The Dead Zone
mêle les sous-intrigues à travers diverses séquences toutes reliées par ce même phénomène. Le réalisateur et son principal interprète brossent le portrait d'un être pur dont le destin et le cheminement semblent être directement liés à ceux d'un individu corrompu qu'il sera le seul à pouvoir arrêter... au péril de sa propre existence. Œuvre dense et pourtant limpide, le déroulement de The Dead Zone n'a au fond pour unique but que la rencontre entre le héros et le candidat à l'élection présidentielle Greg Stillson. Personnage au demeurant sinistre, dément et excellemment interprété par Martin Sheen. Si Stephen King n'a sans doute jamais été aussi humain que dans son approche dramatique d'un univers pourtant généralement constitué d'ouvrages horrifiques, David Cronenberg a su se saisir du matériaux de base pour en faire un film authentiquement bouleversant. Notons que le fidèle compositeur Howard Shore est aux abonnés absents. Remplacé par Michael Kamen, le choix de ce dernier ne bouleversera pas les habitudes de ceux qui apprécient en général les denses compositions du canadien. Celles de l'américain se confondent d'ailleurs si bien avec celles d'Howard Shore que l'on n'en distingue quasiment aucune différence. Passé entre diverses mains dont celle de Stephen King, la version du scénario qui sera finalement retenue sera celle de Jeffrey Boam une fois remaniée par le cinéaste et la scénariste et productrice Debra Hill. Comme l'indiquent la plupart des images, The Dead Zone fut tourné durant l'hiver 1983 à Toronto et dans ses environs. Un tournage rendu compliqué en raison des basses températures pour un résultat absolument magistral...

 

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