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lundi 3 avril 2023

Piscine sans eau (水のないプール, Mizu no nai pūru) de Koji Wakamatsu (1982) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Après avoir découvert il y a quelques années l'univers du cinéaste japonais Kōji Wakamatsu à travers trois de ses longs-métrages (Quand l'embryon part braconner de 1966, Les Anges violés de 1967 et Va, va, vierge pour la deuxième fois de 1969), j'ai aujourd'hui choisi de parler de Piscine sans eau qu'il réalisa bien longtemps après, en 1982. Passant du noir et blanc à la couleur, Kōji Wakamatsu n'en continue pas moins de maltraiter ses protagonistes dits du sexe faible puisque la jeune et jolie Jun (l'actrice Mie) y sera d'emblée la victime de deux hommes qui tenteront d'abuser d'elle un soir avant que n'intervienne un homme dont on ne connaîtra pas le nom (l'acteur Yūya Uchida). Tardant d'ailleurs à intervenir, le comportement de l'individu apparaîtra très rapidement ambigu. Marié, père de deux enfants et poinçonneur dans une station de métro, on l'observe regardant avec insistance le corps dénudé de sa petite fille qui vient tout juste de sortir de son bain. Kōji Wakamatsu ose ainsi la transgression et ira même jusqu'à faire commettre l'un des actes les plus terribles qui soient sur une serveuse de restaurant par son principal protagoniste. Ce que le spectateur pourra également examiner est le comportement du père vis à vis de son fils usant de protocoles spécifiques à sa passion pour l'entomologie, lesquels donneront à cet ''homme sans nom'' 'l'idée d'employer une méthode similaire afin d'endormir sa future proie et ainsi assouvir sa nouvelle passion pour le viol sur la personne de Nerika (Reiko Nakamura), la dite serveuse. Kōji Wakamatsu inflige à son œuvre et donc aux spectateurs un rythme relativement lent qui préfigure l'état de délabrement intellectuel et sociétal de son ''héros''. Un individu qui jusque là semblait avancer dans la vie sans but précis et sans passion. Là où Piscine sans eau peut incommoder le spectateur est dans la manière qu'a le réalisateur d'aborder le viol, le violeur, et sa victime...


Kōji Wakamatsu crée en effet une sorte de connexion entre l'homme et Nerika qui perdure bien au delà du simple acte sexuel. Endormie à l'aide de chloroforme dont son bourreau use de manière assez peu conventionelle (pas de chiffon imbibé de produit mais l'introduction à travers un petit trou pratiqué dans un interstice permettant au liquide de s'évaporer et ainsi faire effet sur la proie), Nerika s'éveille chaque matin sans savoir ce qu'elle a subit. Quelques réminiscences qu'elle met sur le compte de rêves récurrents et dont elle semble facilement s'acclimater. Le réalisateur japonais offre cependant au violeur une certaine humanité à travers la relation d'amitié qu'il entretient avec celle qu'il a sauvé au tout début du récit. Genre : ''voyez comme cet homme est bon. Comme il a sauvé Jun de ses bourreaux et comme désormais il prend soin d'elle...''. Drame teinté d'érotisme, voire d'onirisme, Piscine sans eau bénéficie de gros plan sur le corps dénudé de ses interprètes féminines, s'attardant sur les épidermes en sueur, sur les lèvres charnues, les poitrines, les fesses ou les cuisses. Dans un silence presque religieux, l'homme s'active, masqué, abusant d'une Nerika endormie. Kōji Wakamatsu floute (quand d'autres usent de mosaïques) les sexes pour cause de présence de poils pubiens. Car c'est moins la présence de verges ou de vulves qui empêche l'homme occidental d'admirer les corps dans leur entièreté que le sort qui au Japon est accordé aux œuvres qui osent faire fi de la censure. Malgré tout, le film sent le souffre ainsi qu'une luxure relativement incommodante. Faisant des viols répétés sur Nerika le nouveau mode de vie de l'homme, Kōji Wakamatsu traite le récit sous forme de ''passion dérangée''. Entre un violeur qui va jusqu'à préparer le petit déjeuner à sa victime avant de quitter la demeure et une Nerika qui semble peu à peu se satisfaire de cette étrange et énigmatique situation. Ambiance cotonneuse, parfois crépusculaire, voire morbide et érotisme déviant constituent le plat de résistance d'un long-métrage qui demeure parmi les plus remarquables œuvres de leur auteur...

 

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