Troisième long-métrage
réalisé par le français Jacques Kluger après le film d'horreur
Play or Die
en 2019 et la comédie Les histoires d'Anouk
l'année dernière, Maraé
s'inscrit dans le genre survival en milieu hostile. Donnant son nom à
un lieu sacré d'origine polynésienne, le film se déroule sur une
île qui comme le précise l'introduction fut l'un des sites qui
entre 1975 et 1996 firent l'objet de près de cent-cinquante essais
nucléaires souterrains. L'on s'attend donc sous les oripeaux de ce
message faisandé à voir débarquer des être difformes tels que les
amateurs de cinéma d'horreur purent notamment les découvrir dans le
remake de La colline a des yeux d'Alexandre
Aja en 2007. Que nenni puisque pour des raisons qui nous échappent
encore mais qui doivent être liées au budget du film, les seules
''créatures'' hantant l'île où se déroulera l'intrigue seront
comme vous et moi. À la seule différence où elles semblent être
revenues à l'âge de pierre, déguisées comme des sauvages, voire
comme les anthropophages qui parsemaient nombre de films gore
italiens des années quatre-vingt ! Face à ce groupe formé
autour d'un ancien général de l'armée française auto-érigé en
dieu, l'on retrouve quatre jeunes femmes adeptes de surf et dont
l'une a entendu parler de l'île en question. Un lieu réputé hanté
par des démons que si peu de propriétaires de bateaux osent
approcher qu'il aura fallut à Sarah (Adèle Galloy) une bonne dose
de persévérance ainsi que la somme de cinq-mille euros pour
parvenir à convaincre Sam (Laurent Maurel) de les transporter elle
et ses trois copines jusqu'à une plage de galets bordant les lieux.
De loin, l'île est magnifique. Profitons d'ailleurs de ces quelques
plans larges pour boire du regard cet environnement paradisiaque
avant que le réalisateur ne se contente par la suite que d'une
grande majorité de séquences filmées en plans serrés. Un visuel
qui s'avérera très vite désagréable, concentrant le récit autour
des regards tout en se désintéressant en grande partie du cadre
pourtant très dépaysant. Avant que n'interviennent de manière
subite les antagonistes du récit à la tête desquels intervient
l'alter ego tout aussi grotesque que le nazi Von Geisler incarné par
l'acteur Jean-Pierre Jorris dans le Frontière(s)
de Xavier Gens en 2007, il va falloir se coltiner trente minutes de
soupe, il est vrai joliment filmée, mais ressemblant à une sorte de
réclame à l'attention d'éventuels futurs vacanciers par une agence
de voyage hexagonale !
Ce
qui aurait dû servir de base pour la caractérisation de Sarah et de
ses amies Jennifer (Marie Zubukovec), Alicia (Marilyn Lima) et Hazel
(Vaimiti Teiefitu) ne sert finalement pas à grand chose. Car en
dehors d'un traumatisme vécu dans le passé par Sarah, laquelle fut
victime d'un accident lors d'une séance de surf, nous n'apprendrons
rien de bien concret concernant les trois autres. Après cette trop
longue mise en bouche débarquent à l'image trois individus que l'on
aurait tendance à tout d'abord prendre pour des zombies
particulièrement véloces. Esthétiquement proches de ceux du
Commando des morts-vivants réalisé
par Ken Wiederhorn en 1977 bien que leur tenue soit totalement
différentes (les anciens nazis laissant place à une tribu du genre
Maoris), ceux-ci sont déjà nettement plus rapides mais affichent
des maquillages au rabais... jusqu'à ce que l'on comprenne qu'à
défaut d'être d'authentiques zombies ou de véritables démons,
ceux-ci font partie du groupe soudé autour de celui que l'on ne
connaîtra que sous son grade, le Général (incarné par l'acteur
Aurélien Recoing). Difficile d'être tolérant devant cette bande
horrifique plus involontairement amusante que marquante pour son côté
horrifique. Car en dehors d'une séquence assez tendue se situant
dans l'un des abris du village où les deux dernières survivantes
vont devoir affronter un colosse venu semer sa petite graine dans les
entrailles de l'une et de l'autre, Maraé s'avère
malheureusement souvent ridicule. Au point qu'il ne serait pas
étonnant de le voir un jour auréolé du statut de nanar à la
française. Le problème provenant moins du budget se comptant à
hauteur de deux millions d'euros que de la mise en scène, l'on
regrette l'apparent amateurisme de Jacques Kluger qui ne fait que
reprendre et mélanger des concepts pour son compte pour un résultat
relativement navrant. En comparaison, les quatre actrices principales
s'en sortent plutôt bien. Contrairement à Aurélien Recoing qui
parfois semble buter sur certains mots. Quelques effets sanguinolents
viennent timidement pallier à l'absence d'originalité mais ne
suffisent pas à transformer ce petit fourre-tout en nouvel Éden du
cinéma horrifique français. Dommage...
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