Entre cinéma grand
public et œuvres plus ''confidentielles'', il est un courant qui a
généré d'innombrables longs-métrages dont un certain nombre sont
devenus des références. On pense bien évidemment à Psychose
d'Alfred
Hitchcock, à L'Étrangleur de Boston
de Richard Flescher, auSilence des agneaux
de Jonathan Demme, à Seven
de David Fincher mais moins souvent au Maniac
de William Lustig, à Schizophrenia
de Gerald Kargl, à Henry : Portrait d'un serial
killer
de John McnNaughton, à C'est arrivé près de
chez vous
de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde. Quoique de
confidentialité il ne s'agit ici plus vraiment de parler depuis que
les tueurs en séries sont au même titre que les vampires, les
zombies ou autres créatures, les rois du bestiaire
fantastico-horrifique. Des gens comme vous et moi qui ont rejoint le
côté le plus obscure du septième art. Un courant approché par des
cinéastes qui parfois choisissent de mettre un coup d’accélérateur
dans leur description de l’indicible. C'est ainsi que le
réalisateur Fatih Akin sign en 2019 Der Goldene
Handschuh,
œuvre inspirée des authentiques méfaits commis par le tueur
allemand Fritz Honka qui entre 1971 et 1974 fut l'auteur d'au moins
quatre meurtres sur des prostituées. Un film sale, glauque, presque
caricatural dans sa description définitive de l'horreur la plus
glauque et malsaine. C'est dans ce même ordre d'idée que s'inscrit
H6, Diaro de un Asesino
du réalisateur espagnol Martín Garrido Barón. Film dans lequel le
réalisateur se contente exclusivement de suivre les pas d'un tueur
en série qui quelque part et par analogie évoque l'excellent
court-métrage d'Eric Valette Il est difficile de
tuer quelqu'un, même un lundi dans
lequel Jean-Paul Rouve incarnait un individu lambda désireux de
connaître la notoriété en se lançant dans une carrière de tueur
en série.
Quatorze
minutes formidablement drôles décrivant un homme totalement
déconnecté de la réalité, fasciné par d'authentiques serial
killers mais sortant le soir vêtu comme l'un de ces célèbres
boogeymen qui hantent le cinéma d'horreur ! Le ton de H6,
Diaro de un Asesino
est par contre différent. Après avoir passé quatorze années
derrière les barreaux pour le meurtre de sa compagne qu'il
soupçonnait de le tromper avec des hommes, Antonio Frau (l'acteur
Fernando Acaso) retrouve la liberté et s'installe dans un immeuble,
ancien bordel et propriété d'une tante qui vient de mourir. Fasciné
lui aussi par les tueurs en série et notamment par notre Henri
Désiré Landru national dont il a lu une biographie, lequel avait
pour habitude de noter dans un carnet tout ce qui concernait ses
victimes, Antonio choisit d'en faire autant. On devine tout d'abord à
travers ses propos son désir de laisser une trace à ceux qui
hypothétiquement étudieront son cas le jour où il sera arrêté.
L'homme rencontre une femme qu'il épouse et qu'il
maintient à l'écart de sa nouvelle activité. Lorsque celle-ci part
travailler, Antonio attire dans son immeuble des femmes qu'il enferme
dans la chambre numéro 6 de l'ancien bordel afin de les torturer, de
les violer et pour finir, de les assassiner. Martín Garrido Barón,
qui réalisait là son tout premier long-métrage avant de consacrer
sa carrière dans le genre nettement plus ''léger'' du policier
signe une œuvre relativement déstabilisante. Et même si H6,
Diaro de un Asesino
reste très largement en deçà du malaise ressenti devant le très
morbide Schizophrenia
de Gerald Kargl, le réalisateur espagnol s'amuse à filmer de
manière répétée son acteur principal en plongée.
Délaissant
par ailleurs les mouvements de caméras légendaires du film qui à
l'époque de la VHS semblait n'être principalement disponible que
dans les sex-shop ! Dans un univers sombre, qui rappelle
sensiblement l'hôtel particulier du Docteur Marcel Petiot qui dans
les années quarante fut reconnu coupable de vingt-sept meurtres dont
furent essentiellement victimes des juifs et des prostituées, Martín
Garrido Barón ne lésine pas sur les détails scabreux. Son tueur
photographiant, violant ses victimes à de multiples reprises, les
torturant moralement, les laissant sans eaux durant de longues
journées avant de les ''réhydrater'' à l'aide de sa propre urine.
Le point culminant des sévices ayant alors un rapport direct avec la
tronçonneuse qui repose dans un coin de la pièce où sont enfermées
et attachées sur une table ses pauvres victimes. Outre les
dialogues, ou devrait-on dire, les monologues qu'il engage auprès
des quelques jeunes femmes qui auront le malheur de tomber entre ses
griffes, le reste du propos est tenu par le tueur lui-même, en
voix-off ! Tourné à Madrid dans des décors majoritairement
dominés par des teintes brunes, H6, Diaro de un
Asesino
est une pure fiction qui ne s'inspire d'aucun véritable tueur en
série. Ce qui ne l'empêche pas d'être généralement très
efficace. Martín Garrido Barón avoue malgré tout avoir été
inspiré par le long-métrage de David Fincher même si ici l'enquête
policière intervient très tardivement. Les deux films sont de ce
fait difficilement comparables. Le long-métrage du réalisateur
espagnol fait partie de ces œuvres qui dans le genre débarquent
ponctuellement à travers le temps, marquant par leur cynisme, leur
cruauté ou leur noirceur celles et ceux qui s'y confrontent. En ce
sens, H6, Diaro de un Asesino
est une réussite et n'a donc rien à envier à la concurrence...
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