Pour son second
long-métrage, l'auteur de l'excellente série (du moins, la première
saison) Les Revenants
Fabrice Gaubert, nous offre un film plein de mystères. Un scénario
noueux, dont on ne sait jamais vraiment si son personnage principal, excellemment interprété par l'acteur français Laurent Lafitte, est
la victime d'une machination, s'il est paranoïaque, ou s'il est tout
simplement l'objet d'un phénomène communément appelé Near
Death Experience
ou, Expérience de
Mort Imminente.
Tout commence comme dans bon nombre d'entreprises. Ambition ?
Stress quotidien ? Ou plus simplement le pouvoir engendre-t-il
l'arrogance ? Toujours est-il qu'Antoine Leconte est un être
froid, sans émotions pour ses collègues de travail, qu'ils lui
soient égos ou inférieurs. Un comportement qui transparaît même
dans sa vie privée. Celle qu'il partage avec Solange, sa compagne.
Son indifférence, et son comportement méprisable, Antoine va les
payer.
Un jour, ce directeur des programmes d'une chaîne de
télévision va prendre une balle en pleine poitrine. Tirée par un
collègue de travail animateur envers lequel Antoine est toujours
demeuré méprisant. Encore en vie mais plongé dans un profond coma,
ce dernier se réveille un jour et quitte précipitamment sa chambre
d'hopital. Dès lors, Antoine remarque que toute sa vie a changé.
Lui qui affirme avoir été la victime d'une tentative de meurtre
s'entend affirmer que c'est une crise cardiaque qui l'a plongé dans
le coma. Pire : l'ancien directeur des programmes semble avoir
été rétrogradé dans ses fonctions et anime désormais la météo,
et Solange est la compagne de l'homme dont il affirme avoir été la
victime du coup de feu. Livré à lui-même, Antoine va tenter de démêler seul l'implacable scénario qui s'ouvre devant lui...
K.O
est un film coup de poing. Une œuvre écrite par le cinéaste
lui-même ainsi que par Valentine Arnaud. Le long-métrage de Fabrice
Gaubert est un drame, un thriller, mâtiné de fantastique. Du moins,
c'est ce que laissent supposer bon nombre d'éléments. A l'image du
Locataire
de Roman Polanski qui laissait envisager jusqu'au bout que son
personnage était soit la victime d'un complot ourdi contre lui, soit
atteint de paranoïa, celui de K.O
traverse un champ de mine dont l'incroyable précision ne souffre
d'aucune incohérence scénaristique. Le cinéaste y développe la
thématique du pouvoir tout en accordant l'hypothèse laissée à son
personnage principal, une fois après avoir survécu de justesse à
la mort, de pouvoir se remettre en question. De changer d'attitude
face aux autres. Afin de mener à bien son projet, Fabrice Gaubert
s'entoure d'interprètes dont la seule apparence, la seule attitude
glace les sangs. Pio Marmaï dans le rôle de Boris. Clothilde Hesme
dans celui d'Ingrid. Ou encore Zita Hanrot incarnant Dina.
K.O
réinvente le thriller en lui apportant une touche personnelle à la
française. Une œuvre profondément originale qui n'a rien à envier
aux cinéma américain et scandinave, spécialistes en la matière.
La rédemption d'un homme qui va passer toutes les étapes du
purgatoire afin d'expier ses péchés. Laurent Lafitte se révèle
magistral et prouve qu'il est aussi à l'aise dans le thriller et le
drame que dans la comédie. Fabrice Gaubert signe un long-métrage
glaçant, maîtrisé de bout en bout, intriguant et passionnant,
ainsi qu'une critique sociale plutôt réussie. On finirait presque
par devenir aussi parano que le personnage principal, preuve que le
cinéaste français a parfaitement rempli son contrat...
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