Après deux
court-métrages datant respectivement de 2004 (Chippendale
Barbecue) et 2015 (L'étourdissement), le
cinéaste français Gérard Pautonnier signe en 2017 son premier
long-métrage. Une comédie noire. Ubuesque, et (presque) digne des
meilleurs productions scandinaves si une légère baisse de fatigue
ne s'était pas faite ressentir dans la dernière demi-heure. Le
titre choisit par le cinéaste, Grand Froid,
peut être à loisir mis en relation avec l'ambiance du film (plutôt
austère). Le cadre (le décor enneigé d'une petite ville imaginaire
(?) située au milieu de nulle part), ou le type d'humour employé
ici, largement plus sombre que la plupart des comédies françaises
qui nous sont habituellement proposées. Sur un scénario de Gérard
Pautonnier et de l'écrivain Joël Egloff, Grand
Froid
déroule un intrigue absurde. Le sujet s'y prêtant particulièrement
bien, on y découvre Edmond Zweck, propriétaire de pompes funèbres
à l'agonie, lequel emploie à son compte Georges, qui travaille dans
ce domaine depuis quarante ans, ainsi que le jeune Eddy qui débute
dans le métier.
Alors
que la neige a recouvert de son blanc manteau cette petite bourgade
où il ne se passe rien, Edmond annonce à Georges qu'il ne pourra
pas le payer ce mois-ci. Pourtant, et alors qu'ils sont aux aboies,
un coup de téléphone va leur redonner espoir : Un homme vient
de mourir et son frère ainsi que son épouse ont choisi les pompes
funèbres d'Edmond afin d'assurer le transport du défunt jusqu'à sa
dernière demeure. Mais dans ce décor de fin d'année, rien ne va
se dérouler comme prévu...

L'ombre
du cinéma scandinave plane sur Grand Froid.
Le cadre y aidant aisément, ainsi que l'humour pince sans rire
employé par Gérard Pautonnier. Le cinéaste semble également
convoquer les Frères Coen, et notamment leur superbe Fargo,
lequel imprègne l’œuvre du français de cette même étrange
aura. Un cadre presque surréaliste, dans lequel les personnages
semblent en suspension, du moins, dépassés par les événements
auxquels ils sont confrontés. On ne rit jamais vraiment aux éclats.
Mais le sourire est de mise, d'autant plus que bon nombre de
situations totalement absurdes bénéficient de l'excellente
interprétation de ses différents protagonistes.
Malheureusement,
on ressent comme une cassure à l'arrivée de la seconde moitié du
long-métrage à peine entamée. Gérard Pautonnier tente vainement
de maintenir le rythme, mais malgré sa courte durée (1h26m), Grand
Froid
finit par devenir ennuyeux au point que l'on se désespère qu'il
arrive à terme. C'est d'autant plus dommage que le scénario était
particulièrement prometteur. Reste que Grand
Froid demeure
une tentative honnête et un premier long-métrage courageux. Malgré
ses défauts, il aura certainement éveillé la curiosité des
cinéphiles qui attendront désormais Gérard Pautonnier au
tournant...
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