Les réseaux sociaux
étant devenus les plate-formes de communication les plus populaires,
ceux-ci sont devenus le terrain de jeu de nombre d'individus déviants
dont certains usent de ces outils pourtant prodigieux à des fins
criminelles. Qu'il s'agisse de réalité ou de fiction, les progrès
permettent de plus en plus à ses utilisateurs de se protéger des
attaques extérieures mais en contrepartie, aident également
certains à se rendre invisibles au regard des méfaits qu'ils
commettent, compliquant ainsi l'intervention des autorités
concernées. Intraçable
réalisé par Gregory Hoblit en 2008 s'inscrit dans cette mouvance de
longs-métrages qui profitent des différents outils informatiques
pour mettre en scène un tueur à l'intelligence et aux connaissances
hors normes. Là où le film se distingue du tout venant demeure dans
cette confrontation entre l'antagoniste et l'héroïne, l'agent du
FBI Jennifer Marsh de la division cybercriminalité qu'incarne
l'actrice Diane Lane. Intraçable
s'inscrit surtout dans la droite lignée des thrillers sombres et
désespérés glorifiés dès le milieu des années quatre-vingt dix
grâce au mythique Seven de
David Fincher et par un certain nombre d'ersatz qui tentèrent de se
hisser au même niveau (on pense notamment au très sympathique
Résurrection de
Russel Mulcahy sorti quatre ans plus tard avec en vedette Christophe
Lambert, lequel est beaucoup moins nanardesque que certain le
prétendent). Le long-métrage de Gregory Hoblit n'a pourtant
semble-t-il pas les mêmes ambitions puisque Intraçable
est loin de marquer les esprits aussi durablement que Seven.
La faute à une mise en scène certes efficace mais qui au regard de
certains concurrents s'avère étrangement engourdie dans son
apparente promiscuité avec ce que diffusent en général et en la
matière les chaînes de télévision américaines. Comprendre que le
film a l'air d'avoir été pensé comme un long épisode de série
télévisée, voire comme un téléfilm de type policier comme toutes
celles et ceux généralement produites par Anthony E. Zuiker et
Jerry Bruckheimer.
C'est
donc avec un certain détachement malgré tout mêlé de curiosité
que l'on assiste à cette série de meurtres commis derrière l'écran
de nos chers écrans d'ordinateurs. Des crimes ignobles sortis tout
droit de l'esprit quelque peu tourmenté des scénaristes Allison
Burnett, Robert Fyvolent et Mark R. Brinker dont il est parfois
difficile de s'imaginer qu'un esprit sain dans un corps tout aussi
sain puisse être capable de concevoir de tels meurtres. Rejoignant
un tout autre genre de cinéma qui vit notamment éclore les
franchises Saw
et Hostel
mais aussi des dizaines d'autres bandes magnétiques et numériques,
Intraçable se
fourvoie donc dans le pseudo Torture-Porn
en intégrant au récit des meurtres particulièrement gratinés dont
celui qui atteint l'un des collègues de l'héroïne restera comme
l'un des plus effroyables. Moins intéressé par la conservation de
l'identité du meurtrier que par les raisons qui le poussent à agir,
le visage de l'acteur Joseph Cross apparaît à l'image plus
rapidement que prévu. Après s'être affiché au cinéma chez
M.Night Shyamalan, Troy Miller ou Clint Eastwood, le voici, donc
incarnant un jeune homme mettant son intelligence non pas au service
de la justice mais à celui de la criminalité. En outre, Intraçable
semble servir de véhicule afin de dénoncer certaines dérives liées
à des usages inappropriés des réseaux sociaux. Il est
malheureusement moins sûr que le message ait été entendu de telle
manière à faire baisser la criminalité au vu des dérives qui
depuis sa sortie sur les écrans il y a seize ans en arrière ont vu
leur nombre grandir de façon drastique. Le long-métrage de Gregory
Hoblit est au final un sympathique petit thriller qui ne soulèvera
pourtant pas les foules. À titre de comparaison, et pour mieux
comprendre et aborder le sujet de manière beaucoup plus frontale, un
seul conseil : redécouvrir l'effarant documentaire Don't
F**k with Cats: Hunting an Internet Killer
réalisé par Mark Lewis en 2019...
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