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lundi 13 janvier 2020

Frightmare de Peter Walker (1974) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Entre fantasme cinéphile qui voudrait que le film qui nous intéresse dans le cas présent ait inspiré le monumental Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper (alors que ce dernier est sorti aux États-Unis en octobre 1974, soit un mois avant l’œuvre de l'anglais Peter Walker) et réputation usurpée, Frightmare semble de nos jours continuer à faire des émules parmi les amateurs de cinéma dit ''horrifique'' . Une estime qu'il va cependant falloir revoir à la baisse puisque contrairement au chef-d’œuvre de Tobe Hooper, le long-métrage de Peter Walker mérite certainement qu'on l'évoque, mais incontestablement pas qu'on le considère en tant que classique de l'horreur et moins encore comme un film culte. Le problème avec cette dernière... ''distinction'', c'est que n'importe qui peut user du terme pour mettre en avant n'importe quel long-métrage, laissant ainsi le cinéphile(phage) déborder le cadre jusqu'à encenser une œuvre qui n'en méritait cependant pas forcément autant. Frightmare peut s'envisager comme tel si l'on considère qu'il puisse s'agir du fils (il)légitime de Massacre à la Tronçonneuse. Pourtant, il ne semble en réalité faire partie que de ces longs-métrages qui, fruits du hasard, abordent un même thème à quelques mois d'intervalle, voire quelques années. On pense notamment au Leviathan de George P. Cosmatos et au DeepStar Six de Sean S. Cunningham sortis en 1989 à quelques mois d'intervalles ou plus obscurément au Deep Rising de Stephen Sommers sorti en 1998 et au Ghost Sheep de Steve Beck de 2001.

Si l'on doit tout d'abord retenir une chose de Frightmare, c'est sans doute son esthétique télévisuelle qui rappelle ostensiblement celle de l'excellente série anglaise Thriller de Brian Clemens sortie chez nous sous le titre Angoisse durant la seconde moitié des années soixante-dix. Après une ouverture en noir et blanc sous forme de procès évoquant les monstruosités perpétrées par une femme et son complice d'époux, c'est le choc ! La première réaction du spectateur est de relever ce visuel épouvantablement inesthétique qui renverrait presque l’œuvre du britannique au rang de Soap Opera à l'anglaise. Difficile alors d'y voir même sans avoir connaissance de la moindre chronologie, un quelconque rapport avec le long-métrage de Tobe Hooper. Car dans le cas présent, une grande majorité de ce qui fait le sel de ce dernier est totalement évacué. Restent quelques éléments qui jouèrent très certainement en la faveur de Frightmare et qui contrastent cependant avec le design général du film. Le sujet, tout d'abord. Là encore, et loin du fin fond des États-Unis touchés par le chômage, l’œuvre de Peter Walker se poursuit par la description d'une jeunesse anglaise vouée toute entière à la violence la plus débridée. Une vision étonnamment sombre en partie justifiée par l'abandon du cercle familial, mis en avant à travers le portrait de la jeune Debbie (l'actrice Kim Butcher, ça ne s'invente pas!). Mythomane, asociale et capable de trahir jusqu'à son petit ami et sa sœur, la jeune femme trouve une justification dans le portrait de ses géniteurs. Le couple évoqué en tout début de long-métrage, condamné à des années d'enfermement dans un hôpital psychiatrique pour avoir participé à des meurtres et des actes de cannibalismes pour Dorothy Yates, et pour avoir été couverte par son époux Edmund...

Si Frightmare n'excède pas les quatre-vingt huit minutes, il s'attarde cependant sur des aspects de la vie des Yates (qu'il s'agisse des deux sœurs ou de leur parents) dont on peut se demander de quelles autre raison que de combler les vides du scénario ceux-ci tiennent leur intérêt. C'est peut-être pourtant de ces évocations dont le formalisme s'avère ennuyeux que la seconde partie tire toute l'apparente mièvrerie pour asséner au spectateur une succession d'événements tragiques qui repoussent parfois les limites de l'horreur. Si cette dernière, justement, y est maladroite, sans doute consécutive à un budget des plus maigre, le long-métrage de Peter Walker tire son potentiel de l'interprétation de l'actrice écossaise Sheila Keith. Laquelle semble véritablement habitée par le personnage de Dorothy Yates. Au vu de l'état général de l’œuvre, de sa mise en scène jusqu'à certaines parties plus ''techniques'' (photographie, décors, etc... tout y est affreusement dégueulasse), on peut considérer la réputation de Frightmare usurpée. Cependant, Peter Walker y imprime une vision personnelle du cadre familial et de l'autorité psychiatrique si particulières que le spectateur ne pourra au final s'empêcher de lui trouver quelques charmes. Une œuvre cependant en demi-teinte...

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