Entre fantasme cinéphile
qui voudrait
que le film qui nous intéresse dans le cas présent ait inspiré le
monumental Massacre à la Tronçonneuse
de Tobe Hooper (alors que ce dernier est sorti aux États-Unis en
octobre 1974, soit un mois avant l’œuvre de l'anglais Peter
Walker) et réputation usurpée, Frightmare
semble de nos jours continuer à faire des émules parmi les amateurs
de cinéma dit ''horrifique'' . Une estime qu'il va cependant
falloir revoir à la baisse puisque contrairement au chef-d’œuvre
de Tobe Hooper, le long-métrage de Peter Walker mérite certainement
qu'on l'évoque, mais incontestablement pas qu'on le considère en
tant que classique de l'horreur et moins encore comme un film culte.
Le problème avec cette dernière... ''distinction'', c'est que
n'importe qui peut user du terme pour mettre en avant n'importe quel
long-métrage, laissant ainsi le cinéphile(phage) déborder le cadre
jusqu'à encenser une œuvre qui n'en méritait cependant pas
forcément autant. Frightmare
peut s'envisager comme tel si l'on considère qu'il puisse s'agir du
fils (il)légitime de Massacre à la
Tronçonneuse.
Pourtant, il ne semble en réalité faire partie que de ces
longs-métrages qui, fruits du hasard, abordent un même thème à
quelques mois d'intervalle, voire quelques années. On pense
notamment au Leviathan
de George P. Cosmatos et au DeepStar Six
de Sean S. Cunningham sortis en 1989 à quelques mois d'intervalles
ou plus obscurément au Deep Rising
de Stephen Sommers sorti en 1998 et au Ghost
Sheep
de Steve Beck de 2001.
Si
l'on doit tout d'abord retenir une chose de Frightmare,
c'est sans doute son esthétique télévisuelle qui rappelle
ostensiblement celle de l'excellente série anglaise Thriller
de Brian Clemens sortie chez nous sous le titre Angoisse
durant
la seconde moitié des années soixante-dix. Après une ouverture en
noir et blanc sous forme de procès évoquant les monstruosités
perpétrées par une femme et son complice d'époux, c'est le choc !
La première réaction du spectateur est de relever ce visuel
épouvantablement inesthétique qui renverrait presque l’œuvre du
britannique au rang de Soap
Opera à
l'anglaise. Difficile alors d'y voir même sans avoir connaissance de
la moindre chronologie, un quelconque rapport avec le long-métrage
de Tobe Hooper. Car dans le cas présent, une grande majorité de ce
qui fait le sel de ce dernier est totalement évacué. Restent
quelques éléments qui jouèrent très certainement en la faveur de
Frightmare
et qui contrastent cependant avec le design général du film. Le
sujet, tout d'abord. Là encore, et loin du fin fond des États-Unis
touchés par le chômage, l’œuvre de Peter Walker se poursuit par
la description d'une jeunesse anglaise vouée toute entière à la
violence la plus débridée. Une vision étonnamment sombre en partie
justifiée par l'abandon du cercle familial, mis en avant à travers
le portrait de la jeune Debbie (l'actrice Kim Butcher, ça ne
s'invente pas!). Mythomane, asociale et capable de trahir jusqu'à
son petit ami et sa sœur, la jeune femme trouve une justification
dans le portrait de ses géniteurs. Le couple évoqué en tout début
de long-métrage, condamné à des années d'enfermement dans un
hôpital psychiatrique pour avoir participé à des meurtres et des
actes de cannibalismes pour Dorothy Yates, et pour avoir été
couverte par son époux Edmund...
Si
Frightmare
n'excède pas les quatre-vingt huit minutes, il s'attarde cependant
sur des aspects de la vie des Yates (qu'il s'agisse des deux sœurs
ou de leur parents) dont on peut se demander de quelles autre raison
que de combler les vides du scénario ceux-ci tiennent leur intérêt.
C'est peut-être pourtant de ces évocations dont le formalisme
s'avère ennuyeux que la seconde partie tire toute l'apparente
mièvrerie pour asséner au spectateur une succession d'événements
tragiques qui repoussent parfois les limites de l'horreur. Si cette
dernière, justement, y est maladroite, sans doute consécutive à un
budget des plus maigre, le long-métrage de Peter Walker tire son
potentiel de l'interprétation de l'actrice écossaise Sheila Keith.
Laquelle semble véritablement habitée par le personnage de Dorothy
Yates. Au vu de l'état général de l’œuvre, de sa mise en scène
jusqu'à certaines parties plus ''techniques'' (photographie, décors,
etc... tout y est affreusement dégueulasse), on peut considérer la
réputation de Frightmare
usurpée. Cependant, Peter Walker y imprime une vision personnelle du
cadre familial et de l'autorité psychiatrique si particulières que
le spectateur ne pourra au final s'empêcher de lui trouver quelques
charmes. Une œuvre cependant en demi-teinte...
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