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dimanche 12 janvier 2020

Steak de Quentin Dupieux (2007) - ★★★★★★★☆☆☆



Intègre jusqu'au bout des ongles et de ses idées, Quentin Dupieux aurait pu saborder sa carrière de cinéaste dès son second-long métrage (son premier, Nonfilm existant dans deux formats dont l'un est difficilement ''regardable'' de part sa rareté). Incompris, vomi, écrasé par le poids d'une presse et d'un public qui n'y étaient sans doute pas préparés, Steak demeure pourtant cohérent dans une œuvre toute entière dévolue à une conception de l'humour le plus décalé. Le cinéma, c'est cet immense champ d'investigation que se partagent Blockbusters, Chefs-d’œuvre, films Cultes, Nanars et autres Navets. Mais aussi un nombre de plus en plus croissant de longs-métrages qu'il est devenu commun de nommer sous l'appellation O.F.N.I's. Et dont fait justement partie Steak dont le titre, comme cela n'étonnera plus personne désormais, ne résonne à aucun moment comme l'écho de son contenu. Combien de critiques professionnels ou amateurs, planqués sous des pseudonymes plus ou moins improbables regrettent aujourd'hui leurs propos ? Sans doute ne le saurons-nous jamais. Toujours est-il que le second film de Quentin Dupieux, célèbre pour être également l'homme qui se cache derrière l'artiste musical Mr Oizo, n'est pas le genre de comédies pléthoriques soucieuses de brosser les spectateurs dans le sens du poil. Non, et surtout pas parce que le célèbre duo d'acteurs/humoristes Éric Judor et Ramzy Bedia fait partie de l'aventure...

On ne conseillera certainement pas au public de s'ouvrir à l'univers de Quentin Dupieux en se penchant au préalable sur cet objet difficile à catégoriser. Car si certains, parmi les plus ''ouverts'' d'entre eux, y accédèrent immédiatement, d'autres furent sans doute déçus de n'y voire poindre à aucun moment, cet humour qu'il est si aisé d'écrire et de mettre en scène pour certains scénaristes/réalisateurs, déclenchant avec facilité l'hilarité du grand public. L'implication d'Éric Judor et Ramzy Bedia dans un tel projet pourrait paraître comme une hérésie alors que leur présence découle en réalité d'un choix authentiquement judicieux. Ce duo de bouffons, capables de déclencher l'hilarité chez Charles Nemes et sa Tour Montparnasse Infernale ne sont-ils pas autant à l'aise dans leur approche de l'humour chez Quentin Dupieux ? La réponse est évidemment, oui. Comme la présence de Jonathan Lambert y est des plus logique. Maintenant, reste à savoir si la seule présence de ces trois là fut capable d'engendrer suffisamment de rires pour opposer aux critiques négatives, ce sentiment de faire face à une réelle purge cinématographique...

Steak aura eut le temps de mûrir, et le public avec lui. Reconnaissons tout de même à son auteur, une prédisposition pour l'humour le plus noir. Car dans le cas qui nous intéresse ici, Quentin Dupieux ne le ménage pas et inscrit son œuvre dans une critique sociale satirique parfois dangereusement inconfortable. Réalisateur, scénariste et en partie auteur du score aux côtés de Sébastien Tellier (qui nous gratifie de sa présence dans le rôle de Prisme, un homme se déplaçant en fauteuil roulant) et de SebastiAn, Quentin Dupieux s'aventure sur des thèmes vieux comme le monde (le harcèlement à l'école) et plus récents, tels que la reconstruction personnelle, celle-ci passant par une modification presque totale de l'apparence, ainsi que l'insertion dans le monde (si petit soit ce dernier). À travers Steak, Quentin Dupieux semble vouer une fascination pour ce cinéma américain et étudiant des années soixante auquel il imprime un comportement individuel masqué sous l'apparence communautaire défiant tout ce qui la différencie des autres. Les cinéphiles y percevront peut-être également un certain engouement pour le Clockwork Orange de Stanley Kubrick même si à aucun moment, le cinéaste français n'y consacre la moindre prouesse technique. Des sujets graves que le cinéaste fusille d'un humour dominé par l'absurde, à tel point qu'il aura donné l'impression que son projet lui a totalement échappé. Et pourtant, s'il aura gagné ses galons de cinéaste culte des années plus tard, Quentin Dupieux signait déjà l'une des pierres angulaires d'une œuvre incroyablement cohérente...


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