Après qu'il ait tourné
récemment auprès de Peter Cushing dans le pathétique Tendre
Dracula
de Pierre Grunstein, l'acteur Bernard Menez retrouve cette fois-ci en
cette année 1976 un autre grand interprète britannique spécialisé
dans le cinéma d'épouvante. L'une des plus grandes stars de la
société de production Hammer
Films
Christopher Lee accepte effectivement de rendosser une nouvelle fois
le costume de celui qui le rendit célèbre de part le monde :
Dracula. Il s'agira d'ailleurs pour lui de la dernière occasion de
se fondre dans la peau du vampire des Carpates même si de son propre
aveu, Christopher Lee ne cessera jamais d'affirmer qu'il ne
s'agissait pas à cette dernière occasion d'interpréter l'une des
plus fameuses créatures du bestiaire fantastique mais plutôt l'un
de ses alter ego. Si l'on se réfère aux différents sites
référençant la carrière de l'acteur britannique, il semblerait
pourtant que Dracula est bien le nom tout à fait officiel du
personnage qu'il interprétera donc à cette ultime occasion. Réalisé
par Édouard Molinaro et conjointement écrit aux côtés de
Jean-Marie Poiré et d'Alain Godard sur la base d'un roman de Patrick
Cauvin d'abord édité sous le titre Paris
Vampire
en 1970, Dracula père et fils
n'est pas le premier long-métrage du genre à mettre en scène un
supposé fils du célèbre vampire puisque Robert Siodmak signa en
1943 un Son of Dracula
explicite mais quelque peu trompeur tandis qu'entre 1972 et 1979 sera
édité chez Marvel
et en soixante-dix volumes le
Comic Book Tomb of Dracula
dans lequel apparaîtra le personnage de Janus, fils de Dracula et de
Domini. Dans le cas de Dracula père et fils,
pas de Janus ou de Domini mais un certain Ferdinand Poitevin, né de
Hermine Poitevin (la réalisatrice et scénariste française
Catherine Breillat) et donc de Dracula qui neuf mois après avoir
mordu son épouse se voit donc offrir un fils. Les années passent et
tandis que Hermine est morte depuis des années, partie en fumée à
cause de son propre enfant, le régime communiste s'empare du château
du comte Dracula, les forçant lui et Ferdinand à fuir pour
rejoindre l'autre côté du Rideau de Fer. Séparés durant un temps,
le premier part faire carrière comme vampire au cinéma tandis que
Ferdinand va se réfugier en France, pris sous l'aile de Khaleb
(Mustapha Dali) qu'il rencontre pour la première fois lors d'une
ratonnade !
Comparé
à Tendre Dracula,
le long-métrage réalisé par Édouard Molinaro plane très au
dessus de l'engeance signée par Pierre Grunstein deux ans
auparavant. La partition musicale est l’œuvre du célèbre
compositeur franco-roumain Vladimir Cosma dont on ne compte plus les
excellentes bandes originales notamment signées à l'époque pour
Gérard Oury ou Claude Zidi. Contrairement à ce que l'on aurait pu
craindre, le duo formé par Christopher Lee et Bernard Menez
fonctionne plutôt bien. L'un incarnant le ''Prince des ténèbres''
avec tout le charisme qu'on lui connaît tandis que le second
apparaît sous les traits d'un vampire un peu gauche, timide, mais
aussi délicieusement blafard que son père. L'une des bonnes idées
du film est d'avoir choisi une temporalité très contemporaine
puisqu'elle s'inscrit dans l'époque où fut réalisé le film.
Durant une bonne partie du long-métrage, Édouard Molinaro semble
s'intéresser davantage à l'acteur français qu'au britannique.
Lequel disparaît durant un temps avant de réapparaître sous les
traits d'un populaire interprète de films d'horreur auquel sera
offert l'opportunité de tourner une publicité pour un dentifrice !
L'occasion de faire la connaissance de Nicole qui sous les traits de
la charmante Marie-Hélène Breillat (sœur aînée de Catherine
Breillat) séduira involontairement et le père,et le fils avant de
tomber sous le ''charme'' de ce dernier. Le concept du sosie de
l'épouse disparue sera d'ailleurs repris dans une autre parodie de
Dracula signée par Jean-Pierre Desagnat en 1980, Les
Charlots contre Dracula.
Si l'on pouvait déplorer la présence de Bernard Menez au générique
après le calamiteux Tendre Dracula,
la présence à la mise en scène du réalisateur Édouard Molinaro
change tout. Plutôt brillamment dirigé, l'acteur français s'en
sort relativement bien face au monstre sacré du cinéma d'épouvante
britannique que représente Christopher Lee. On s'en doute, Dracula
père et fils
n'est pas le meilleur film dans lequel celui-ci a pu accepter de
porter de fausses dents mais le résultat est très honnête et
permet de passer un agréable moment. Notons en outre parmi les
seconds rôles, l'apparition de Gérard Jugnot dans le rôle du
responsable de l'usine employant Ferdinand...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire