Autant que vous soyez
avertis tout de suite : Day Shift,
le premier long-métrage du spécialiste des arts martiaux J.J.
Perry, a moins de rapports avec Entretien
avec un vampire de
Neil Jordan et Dracula
de Francis Ford Coppola qu'avec Vampires
de John Carpenter ou Une nuit en enfer
de Robert Rodriguez. Et là, ,j'ai presque envie de dire : Tant
mieux. Non pas que le classicisme des premiers me laisse froid ou
m'ennuie mais vu que depuis le début du vingtième siècle les films
portant sur le sujet du vampirisme eurent en majorité des atours
romanesques, l'occasion de redécouvrir le mythe sous des angles
passablement différents est toujours intéressant. Day
Shift
étant une exclusivité Netflix,
inutile de chercher à savoir dans quelle grande salle de cinéma le
film sera projeté. Il faudra se contenter de votre simple poste de
télévision qui, je l'espère pour vous, dépasse les cent-trente
centimètres de diagonale ! Non pas que le film soit d'une telle
qualité que de le découvrir dans des conditions plus exiguës
gâcherait vraiment l'expérience, mais tant qu'à faire et tant qu'à
vouloir se croire enfermé dans une salle de cinéma, autant s'offrir
des conditions optimales. La star du film, c'est le chanteur et
acteur Jamie Foxx que l'on a pu notamment voir dans le Baby
Drive
de Edgar Wright en 2017. Un acteur de plus en plus prolifique puisque
tout comme semble le promettre son profil IMDB,
il devrait apparaître très prochainement dans pas moins d'une
dizaine de longs-métrages dont six sont déjà en post-production !
Si c'est pas de l'abattage, ça !!!
On
n'en dira pas autant du réalisateur américain qui pour la première
fois de sa carrière se trouve ici derrière la caméra. Ce qui ne
veut pas forcément dire que J.J. Perry n'a jamais rien fait de ses
dix doigts ou de ses dix orteils puisque depuis maintenant plus de
vingt ans, que ce soit sur grand écran ou à la télévision, il
s'est spécialisé dans les cascades ainsi que dans leur
coordination. (John Wick 1
et 2,
Star Trek Into Darkness,
Fast & Furious 9
et des dizaines et dizaines d'autres longs-métrages). Bon, je sens
que ça va en énerver très rapidement certains qui tout comme moi
sont capables d'ingérer à peu près n'importe quel type de
spectacle mais qui s’agacent malgré tout devant certains gimmick
se posant en exercices de style visuels ''m'as-tu
vu'' !
D'emblée, ouais,
Day Shift
évoque bien le Rodriguez. Et même peut-être davantage le
Carpenter. Pour ce que délivrent de message les premières minutes,
ça a l'air plutôt cool et en apparent nettoyeur de piscines, on
comprend assez rapidement que Bud Jablonski/Jamie Foxx nettoiera le
plus clair de son temps les rues de Los Angeles de ses vampires. Le
film n'a d'ailleurs démarré que depuis un peu moins de trois
minutes que le bonhomme sort l'artillerie lourde (un bon gros fusil à
pompe à double canons courts). Face à une vieille rombière en robe
de chambre de satin gris, Bud ne se pose aucune question et tire dans
le lard. Étant plutôt résistante, la vieille dame se relève et
là.... comment dire... Non mais, qu'est-ce que c'est que cette
manière de se remettre sur ses jambes comme le ferait une athlète
en plein concours de gymnastique au sol ? Celles et ceux qui
comme moi s'horripilèrent devant l'une des séquences du Peninsula
de Sang-ho Yeon comprendront ! Mais passons. On ne va tout de
même pas laisser ce détail nous gâcher l'aventure, hum ?
C'est
donc à la descente du Bullet Train
que je me suis réfugié dans mon appartement estaquéen pour
découvrir Day Shift
dont je n'attendais rien de spécifique. D'autant plus que le
jour-même, le long-métrage de David Leitch m'avait déjà laissé
un sale goût dans la bouche. Après un lavage intensif au Parodontax
(pub
non-rémunérée), j'étais fin prêt pour me ruer sur le film de
J.J. Perry. Me rassurant tout d'abord sur mon ouverture d'esprit
malgré le gimmick évoqué plus haut (lequel allait se répéter
jusqu'à la nausée), c'est avec un certain plaisir que j'ai donc
laissé se déployer les cent-treize minutes de
Day Shift.
Basique et donc pratiquement dénué d'intérêt au niveau de son
écriture, le film de J.J. Perry repose presque exclusivement sur ses
scènes de combat. Et dans le genre, même si elles ne pullulent pas
(le film est doté de quelques ventres mous), leur intensité et les
qualités de leur chorégraphie ferait presque oublier la vacuité du
scénario et le peu d'intérêt du réalisateur pour ses personnages.
L'essentiel pour J.J. Perry semblant être l'action et rien d'autre,
le réalisateur nous offre quelques combats à couper le souffle,
logiquement filmés en intérieur (je rappelle que les vampires
souffrent des rayons du Soleil). En dehors de Jamie Foxx et de Dave
Franco qui forment à tout deux un duo plutôt sympathique, le reste
du casting est largement dispensable. À commencer par le personnage
d'Audrey San Fernando qu'interprète l'actrice Karla Souza, lequel
tente d'offrir un peu de matière à un scénario qui au demeurant
n'en contient que très peu (on a déjà vu moins éculé que ce Bud
Jablonski tuant du vampire à tour de bras pour pailler l'école et
l'appareil dentaire de sa fille!). Concernant les séquences
d'action, chaque intervention des vampires et de leurs chasseurs
donne lieu à des chorégraphies lors desquelles les créatures
virevoltent, se contorsionnent, tandis que leurs assassins font jouer
la poudre et les armes blanches. Bien que les meurtres soient
nombreux, rares sont les redondances. Des dizaines de décapitations
toutes plus originales les unes que les autres et des effets-spéciaux
convaincants ! Bref, Day Shift
est un spectacle pétaradant, gore, divertissant, ponctué de
punchlines parfois drôle et à peine murmurées mais aussi,
malheureusement, une œuvre dénuée d'un véritable scénario. Ce
dont, à vrai dire, se fichera le pur amateur de films d'action !
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