Ce qui saute très vite
aux yeux avec le troisième long-métrage de l'ancien
chirurgien-dentiste James Huth qui jusqu'à maintenant n'avait tourné
que deux films (Serial Lover
en 1998 et Brice de Nice
en 2005), ce sont ses sources d'inspiration. Et en priorité LE film
dont Hellphone
s'abreuve du scénario et de ses nombreuses ramifications :
Christime
de John Carpenter. Inspiré de l'un des nombreux romans de
l'écrivain américain Stephen King, Christine
met en scène le jeune Arnie Cunnigham. Un adolescent timide et mal
dans sa peau qui un jour croise la route de Christine,
une Plymouth Fury rouge de 1958 dans un état épouvantable mais dont
il tombe immédiatement amoureux. Arnie prend soin de sa nouvelle
acquisition, la répare, la bichonne. Mais plus que tout, la voiture
semble avoir une emprise sur le jeune garçon qui lentement mais
sûrement, change de comportement. Une attitude qui transpire même à
travers son apparence. Plus sûr de lui, Arnie fait désormais preuve
de caractère et ose même défier la petite bande de voyous qui
habituellement s'en prennent à lui. Et bien, à peu de choses près,
c'est un peu la même histoire avec Hellphone.
Sauf qu'ici, il ne s'agit plus de la fascination d'un adolescent pour
une voiture, mais pour un ''simple'' téléphone portable. Le
mimétisme est parfois tel que l'on ne peut un seul instant accuser
l’œuvre de James Huth d'être un plagiat mais plutôt un vibrant
hommage à l'une des plus sombres adaptations cinématographiques du
maître de l'épouvante américaine...
Le
film oppose... forcément. Si le scénario est relativement
brouillon, c'est sans doute parce que le cerveau en perpétuelle
ébullition de James Huth, également auteur du scénario aux côtés
de Jean-Baptiste Andrea et Sonja Shilito, déverse des flots d'idées
dans un semblant d'anarchie constante. Bref,
Hellphone
est une œuvre éminemment bordélique qui souffle cependant un air
frais qui fait du bien à l'âme. C'est ainsi qu'à travers les
aventures que traverse Sid Soupir à l'image de celles de l'américain
Arnie Cunningham, le réalisateur laisse peu de place au répit. On
retrouve l'esprit décalé de l'auteur de Serial
Lover
tout en montrant une maîtrise qui lui faisait sans doute encore
défaut à l'époque. Surtout en ce qui concerne l'écriture. Car si
lors de son premier long-métrage il laissait entrevoir certaines
limites au niveau de ses ambitions, désormais, James Huth n'a plus
l'air de jeter ça et là au hasard une foultitude d'idées tout en
espérant qu'elles parviendront seules à créer une cohésion. Si
Hellphone arbore
les atours d'un teen-Movie
un peu crétin sur les bords (ce qu'il est forcément parfois), rien
n'empêchera les adultes de savourer cette sucrerie rétro-futuriste
où le heavy-metal prend une place prépondérante...
Hellphone a
beau ne jamais définir l'époque à laquelle se déroule le récit,
on a surtout l'impression d'un hommage aux années quatre-vingt. En
vedette, le jeune Jean-Baptiste Maunier (dont la carrière au cinéma
débuta avec Les Choristes
de Christophe Barratier trois ans auparavant) qui aux côtés de
Benjamin Jungers forme un duo de camarades qui se connaissent et
s'apprécient depuis leur plus jeune âge. Comme tout bon (ou
mauvais) film du genre, le héros est amoureux d'une gamine de son
âge. Ici, c'est la jeune Jennifer Decker (Harmony dans Erreur
de la Banque en votre Faveur
de Michel Munz et Gérard Bitton dans lequel elle donnait la réplique
à Jean-Pierre Darroussin) qui interprète la charmante Angie, objet
de convoitise du héros mais aussi de quelques brutes tel que le
ténébreux Virgile Husson (l'acteur Vladimir Consigny). Au titre des
seconds rôles, on retrouve notamment Bruno Salomone dans le rôle de
l'antipathique vendeur de skateboards, Gilles Privat dans celui du
professeur Jérôme Fouque (après qu'il ait interprété l'un des
quatre amants de Michèle Laroque dans Serial
Lover)
ou encore Jean Dujardin dont les expressions font directement et
ouvertement référence à son personnage de Brice de Nice dans le
film éponyme de James Huth. Inventif, se renouvelant sans cesse,
Hellphone est
au final une inattendue mais excellente surprise. Original,
sympathique et sans temps morts, il diffère de la plupart des
comédies françaises généralement produites depuis ces quinze ou
vingt dernières années...
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