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mardi 8 septembre 2020

Sheitan de Kim Shapiron (2005) - ★★★★★★★☆☆☆



Pour ou contre Sheitan ? Réponse peu évidente et forcément subjective découlant des attentes plus ou moins exigeantes du spectateur. Pour apprécier cet objet filmique tout à fait identifiable, il faudra d'abord être en mesure d'accepter son principe se définissant par une certaine indolence d'un point de vue scénaristique tout en se déterminant comme un catalogue non exhaustif du cinéma d'horreur et d'épouvante. On va très vite évacuer tout ce qui concerne de près ou de loin le bestiaire fantastique pour ne se concentrer que sur le point de vue réaliste du sujet abordé. Car si le titre de ce premier long-métrage réalisé par Kim Shapiron en 2005 fait référence au Diable, inutile d'espérer découvrir un quelconque élément fantastique. Sheitan confronte deux univers qui a priori s'opposent et n'entretiennent visiblement aucun rapport. Et pourtant... D'un côté, la jeunesse des cités et sa ''fougue'' parfois excessive, autant dans ses propos que dans ses actes. De l'autre, la ruralité dans ce qu'elle a de plus caricaturale et donc d’éminemment crasse. Le résultat est (d)étonnant. Entre humour trash et véritable sentiment de malaise...

Tout d'abord, en ouverture, trois adolescents, crâne rasé ou cheveux coupé très courts. Agressifs, avec un langage bien à eux, ils pénètrent une boite de nuit et en ressortent chassés par des videurs après que l'un d'entre eux ait provoqué une bagarre. Jusqu'ici, rien de bien nouveau. Avec leur look et leur comportement, sur fond de musique rap et de lumière stroboscopique, c'est bien de jeunes des cités dont il s'agit. Après un méfait accompli dans une station-service, c'est en compagnie des charmantes Yasmine et Eve que les trois garçons quittent la capitale pour se rendre chez la seconde, dans un trou perdu de la campagne française. C'est là qu'ils font la connaissance de Joseph. Un type curieux au sourire sinistre, membre d'une famille très étrange et voisinsd'autochtones apparemment touchés de consanguinité (la caricature évoquée plus haut). Dès lors, ce qui s'apparentait tout d'abord à une œuvre (strictement) réservée à la jeunesse se mue en un melting-pot de sous-genres horrifiques dont l'un des intérêts est de ne jamais tout à fait laisser entrevoir ce qui va se dérouler par la suite. Car même si dans sa conclusion et dans son approche parfois nauséeuse (la ferme, son atmosphère et ses habitants) on s'attend logiquement à un nouvel ersatz de Massacre à la Tronçonneuse de l'américain Tobe Hooper ou de Calvaire du belge Fabrice du Welz, qui peut dire par avance que le réalisateur ne prendra pas des chemins différents... ?

Avec ses handicapés mentaux, son atelier de fabrication de poupées, ses nombreuses pièces où règne un désordre indescriptible, l'univers dans lequel vont bientôt baigner nos trois adolescents (les acteurs Olivier Barthélémy, Nicolas Le Phat Tan et Ladj Ly) est anxiogène. Un sentiment renforcé par le sourire démoniaque de Vincent Cassel que partage également l'actrice Julie-Marie Parmentier (Les Blessures Assassines de Jean-Pierre Denis, Rapace de Claire Devers). Il y a de quoi se sentir mal à l'aise même si de prime abord, ils semblent plutôt... ''accueillants''. Sheitan n'est pas un film d'amour. Comprendre que l'Amour avec un grand A n'intéresse absolument pas les ''protagonistes'' (avec des guillemets puisque aucun ne s'avère véritablement attachant) qu'ils soient issus de la banlieue où de la fange. Les citadins n'éprouvent aucun autre sentiment que le désir de prendre leur pied, leur proie fut-elle une rencontre d'un soir. Pire : ils peuvent même se montrer méprisant lorsque face au danger, celle qu'ils tentèrent de conquérir jusque là termine abandonnée sur le bas côté d'un chemin de campagne. Les rapports qu'entretiennent les ''redneck'' du film entretiennent par contre entre eux des rapports intimes beaucoup plus complexes. Rien à voir avec leur attitude envers les animaux, parfois limite, mais les uns envers les autres membres d'une même famille. Ce qui, pour le coup, dérange puis amuse lorsque l'on découvre l'identité de cette ventripotente et mystérieuse femme qui attend un bébé. Bordélique, trash, cartoonesque ou angoissant, l’œuvre de Kim Shapiton ne peut laisser indifférent. Les uns lui reprocheront sans doute la trop grande liberté accordée au déroulement du récit quand d'autres, certainement, loueront justement cette approche anarchique et plutôt variée. À chacun de se faire sa propre opinion. Étrange et intriguant...

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