Une fois n'est pas
coutume, c'est l'évocation d'une expérience personnelle dont il
s'agira en partie dans cet article. Une expérience qui au fond est
semblable aux autres mais qui débutera à la première personne pour
ensuite se fondre sous la forme d'un article ordinaire. L'esprit
moins engagé qu'aujourd'hui, je découvrais en 1996 le premier
long-métrage de Bernard Rapp qui jusqu'à ce jour là était surtout
connu pour avoir fait carrière à la télévision en présentant le
journal de 20 heures sur le deuxième chaîne nationale Antenne 2
depuis rebaptisée France 2
de 1983 à 1987. Connu également pour avoir animé plusieurs
émissions culturelles dont certaines centrées sur la littérature
comme Jamais sans mon Livre
ou Un Siècle d’Écrivains.
En 1996 sort donc Tiré à Part.
Un thriller dramatique adapté du roman éponyme de l'écrivain
Jean-Jacques Fiechter édité trois ans plus tôt. Moins regardant
qu'aujourd'hui, je m'étais moins focalisé sur l'esthétique, sur la
bande-son, la post-synchronisation ou ce qui apparaît désormais
comme un scénario relativement léger. Pour revenir d'abord sur ce
dernier, disons qu'il repose sur une vengeance...
En
effet, l'éditeur Edward Lamb (interprété par l'acteur britannique
Terrence Stamp) reçoit un jour la visite de son ami Nicolas Fabry
(le français Daniel Mesguich) qui lui remet entre les mains le
manuscrit de son dernier roman. En parcourant les pages de ce roman
intitulé A
Romance in Tunisia,
Edward est intrigué par sa ressemblance avec une tragédie dont il a
été le témoin il y a trente ans. Il reçoit en outre un courrier
lui annonçant le suicide de Farida qui fut victime de viol et dont
le roman de Nicolas Fabry semble être la transcription. Désormais
convaincu que son ami est l'homme qui trente ans plus tôt viola sa
compagne, Edward Lamb va tout mettre en œuvre pour fomenter une
terrible vengeance. Pour cela, il use de ses talents de faussaire
afin de fabriquer un faux exemplaire d'un roman qui aurait été
écrit par un certain Erwin Brown dont il fait croire que l'édition
remonte à plusieurs décennies et dont le contenu n'est autre que le
roman de Nicolas Fabry lui-même qu'Edward a scrupuleusement retapé
sur une machine d'époque. Deux faux exemplaires entre les mains,
celui-ci les vend au prix de l'occasion dans des libraires et se
débrouille même pour en cacher un dans la bibliothèque personnelle
de Nicolas. Confié à l'éditeur Georges Récamier qui s'empresse de
sortir son roman, Nicolas remporte le Prix Concourt. Mais alors qu'il
parade, celui-ci déchante rapidement lorsque est évoquée
l'hypothèse selon laquelle il aurait plagié l’œuvre de Erwin
Brown...
Avec
son esthétique de téléfilm et sa bande-son un peu niaise, le
premier long-métrage de Bernard Rapp ne paie pas de mine. Et ce qui
m'était demeuré invisible à l'époque me saute désormais aux
yeux. Le scénariste et réalisateur semble ici moins intéressé par
le récit que par son enrobage. Objet d'une certaine ''fascination''
à l'époque de sa sortie, Tiré à Part
a en l'espace d'un quart de siècle perdu de sa superbe. En mûrissant
l'on fini par constater que l'intrigue, toute aussi passionnante que
peut le proposer le synopsis, manque en fait de profondeur, voire
d'ambition. La courte durée du long-métrage qui n'excède pas les
quatre-vingt cinq minutes sont sans doute la cause d'une machination
qui ne réserve que peu de surprises. La conséquence en est une
conclusion un peu abrupte mais demeure néanmoins relativement digne.
Jamais tape à l’œil et interprété avec raffinement par Terence
Stamp, Tiré à Part n'en
est pas pour autant un mauvais film. Daniel Mesguich interprète un
écrivain hautain et narcissique, Maria de Medeiros la journaliste
littéraire Nancy Pickford, quant au personnage de Georges Récamier,
il est confié à l'acteur Jean-Claude Dreyfus. À noter la présence
de la française Amira Casar dans le rôle de Farida (la fille de la
suicidée), surtout connue pour son rôle de Sandra dans la saga La
Vérité su je Mens !
de Thomas Gilou. Pour un premier long-métrage Bernard Rapp se
fendait d'un thriller efficace bien que manquant d'ampleur. Une
nouvelle carrière de cinéaste qui fut poursuivie les huit années
suivantes à travers quatre autres longs-métrages...
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