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mardi 8 septembre 2020

Tiré à Part de Bernard Rapp (1996) - ★★★★★★☆☆☆☆



Une fois n'est pas coutume, c'est l'évocation d'une expérience personnelle dont il s'agira en partie dans cet article. Une expérience qui au fond est semblable aux autres mais qui débutera à la première personne pour ensuite se fondre sous la forme d'un article ordinaire. L'esprit moins engagé qu'aujourd'hui, je découvrais en 1996 le premier long-métrage de Bernard Rapp qui jusqu'à ce jour là était surtout connu pour avoir fait carrière à la télévision en présentant le journal de 20 heures sur le deuxième chaîne nationale Antenne 2 depuis rebaptisée France 2 de 1983 à 1987. Connu également pour avoir animé plusieurs émissions culturelles dont certaines centrées sur la littérature comme Jamais sans mon Livre ou Un Siècle d’Écrivains. En 1996 sort donc Tiré à Part. Un thriller dramatique adapté du roman éponyme de l'écrivain Jean-Jacques Fiechter édité trois ans plus tôt. Moins regardant qu'aujourd'hui, je m'étais moins focalisé sur l'esthétique, sur la bande-son, la post-synchronisation ou ce qui apparaît désormais comme un scénario relativement léger. Pour revenir d'abord sur ce dernier, disons qu'il repose sur une vengeance...

En effet, l'éditeur Edward Lamb (interprété par l'acteur britannique Terrence Stamp) reçoit un jour la visite de son ami Nicolas Fabry (le français Daniel Mesguich) qui lui remet entre les mains le manuscrit de son dernier roman. En parcourant les pages de ce roman intitulé A Romance in Tunisia, Edward est intrigué par sa ressemblance avec une tragédie dont il a été le témoin il y a trente ans. Il reçoit en outre un courrier lui annonçant le suicide de Farida qui fut victime de viol et dont le roman de Nicolas Fabry semble être la transcription. Désormais convaincu que son ami est l'homme qui trente ans plus tôt viola sa compagne, Edward Lamb va tout mettre en œuvre pour fomenter une terrible vengeance. Pour cela, il use de ses talents de faussaire afin de fabriquer un faux exemplaire d'un roman qui aurait été écrit par un certain Erwin Brown dont il fait croire que l'édition remonte à plusieurs décennies et dont le contenu n'est autre que le roman de Nicolas Fabry lui-même qu'Edward a scrupuleusement retapé sur une machine d'époque. Deux faux exemplaires entre les mains, celui-ci les vend au prix de l'occasion dans des libraires et se débrouille même pour en cacher un dans la bibliothèque personnelle de Nicolas. Confié à l'éditeur Georges Récamier qui s'empresse de sortir son roman, Nicolas remporte le Prix Concourt. Mais alors qu'il parade, celui-ci déchante rapidement lorsque est évoquée l'hypothèse selon laquelle il aurait plagié l’œuvre de Erwin Brown...

Avec son esthétique de téléfilm et sa bande-son un peu niaise, le premier long-métrage de Bernard Rapp ne paie pas de mine. Et ce qui m'était demeuré invisible à l'époque me saute désormais aux yeux. Le scénariste et réalisateur semble ici moins intéressé par le récit que par son enrobage. Objet d'une certaine ''fascination'' à l'époque de sa sortie, Tiré à Part a en l'espace d'un quart de siècle perdu de sa superbe. En mûrissant l'on fini par constater que l'intrigue, toute aussi passionnante que peut le proposer le synopsis, manque en fait de profondeur, voire d'ambition. La courte durée du long-métrage qui n'excède pas les quatre-vingt cinq minutes sont sans doute la cause d'une machination qui ne réserve que peu de surprises. La conséquence en est une conclusion un peu abrupte mais demeure néanmoins relativement digne. Jamais tape à l’œil et interprété avec raffinement par Terence Stamp, Tiré à Part n'en est pas pour autant un mauvais film. Daniel Mesguich interprète un écrivain hautain et narcissique, Maria de Medeiros la journaliste littéraire Nancy Pickford, quant au personnage de Georges Récamier, il est confié à l'acteur Jean-Claude Dreyfus. À noter la présence de la française Amira Casar dans le rôle de Farida (la fille de la suicidée), surtout connue pour son rôle de Sandra dans la saga La Vérité su je Mens ! de Thomas Gilou. Pour un premier long-métrage Bernard Rapp se fendait d'un thriller efficace bien que manquant d'ampleur. Une nouvelle carrière de cinéaste qui fut poursuivie les huit années suivantes à travers quatre autres longs-métrages...

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