Si l'on a généralement
l'impression que les catastrophes aériennes au cinéma ne remontent
que depuis le début des années soixante-dix avec le séminal
Airport
de George Seaton, lequel est souvent considéré comme à l'origine
de la franchise parodique Y a-t-il un pilote dans
l'avion ? réalisée par les frères David et Jerry Zucker
ainsi que par Jim Abrahams, en réalité, à l'époque cette
thématique fait déjà le bonheur des réalisateurs depuis fort
longtemps. S'il faut sans doute remonter jusque dans les années
trente, nous n'irons pas si loin dans le temps et nous arrêterons en
1957, année où fut produit Zero Hour! de Hall
Bartlett. LE film qui fut en réalité à l'origine de la parodie
signée des ZAZ contrairement
à tout ce qui a pu être dit à ce sujet. Tourné en noir et blanc
et prenant pour cadre un avion de ligne, dix années environ après
la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Lors de laquelle, le lieutenant
et pilote d'avion de chasse émérite Ted Stryker (l'acteur Dana
Andrews) commis une erreur qui causa la mort de six de ses hommes.
Blessé et traumatisé par cette tragédie, il passera un très long
séjour en hôpital avant de retrouver son épouse et leur fils. Dans
le Canada de 1956, et alors qu'il rentre chez lui, Ted constate que
sa femme Ellen (Linda Darnell) a disparu, emportant avec elle leur
jeune fils. Dans une lettre, elle annonce à son mari qu'elle le
quitte. Ted parvient à retrouver les siens juste avant que le vol
qui doit les emporter loin de lui ne décolle. Billet en main,
l'homme s'introduit dans l'appareil avant que celui-ci ne prenne son
envol et s'approche d'Ellen afin d'avoir une explication avec elle.
Durant le vol, des plats à base de poisson et de viande sont
proposés aux passagers ainsi qu'aux membres de l'équipage. Bientôt,
ceux qui ont choisi de dîner à base de flétan ressentent de
terribles crampes d'estomac et la plupart tombent malades les uns
après les autres. Malheureusement pour l'avion et ses passagers, le
pilote et le co-pilote ont eux aussi mangé du poisson et vont
rapidement être victimes d'atroces douleurs au ventre. Le vol 714
est désormais maintenu en l'air par le pilote automatique. Seul à
pouvoir faire éventuellement atterrir l'avion sans encombres, Ted
Stryker est sommé de prendre la place du pilote malgré ses
réticences...
La
référence à Y a-t-il un pilote dans l'avion ? est
évidente. Le déroulement de l'intrigue est identique. Des passagers
et des pilotes qui tombent malades, victimes d'une intoxication
alimentaire. Un ancien pilote marqué par une expérience
traumatisante, seul à être capable de faire atterrir l'avion. Bien
entendu, Zero Hour! est
ici débarrassé de tout l'aspect parodique qu'insuffleront les ZAZ
à leur Y a-t-il un pilote dans l'avion ? bien
des années plus tard.
Ici, pas de Ted Stryker épuisant les passagers à grands renforts
d'anecdotes ennuyeuses. Pas de pilote automatique en forme de poupée
gonflable. Le héros de la parodie reprendra bien des années plus
tard le nom de Ted Stryker et sera également épaulé par la tour de
contrôle et un spécialiste des vols grandes lignes. Nous ne sommes
ici très clairement pas devant une comédie fourmillant de détails
en arrière-plan et de lignes de dialogues absurdes. Le premier degré
prime. En dehors de l'idée même d'un avion en péril piloté par un
ancien officier de l'armée de l'air américaine, le film ne propose
rien de visuellement spectaculaire. Sobre dans sa mise en scène, on
a droit à l'éternel cliché de l'homme se rachetant une
honorabilité aux yeux de sa femme. Une coïncidence qui tombe à pic
(sans mauvais jeu de mots) et qui survient au moment même où elle
prenait la décision de le quitter. Zero
Hour! tourne
autour de
plusieurs arcs narratifs. Il y a d'abord le traumatisme du héros,
rongé par la culpabilité (six morts, ça n'est pas rien!) et dans
l'incapacité de retrouver un emploi de pilote, s’accommodant avec
de petits boulots. Il y a ensuite sa relation avec Ellen, dégradée
au fil du temps. Puis l'intoxication alimentaire et la catastrophe à
venir si Ted ne prend pas son courage à deux mains. Plutôt que
d'incarner le héros valeureux, Dana Andrews interprètes un Ted
Stryker psychologiquement fragile et encore tout engourdi de
souvenirs/cauchemars traumatiques. Le réalisateur affuble son acteur
principal d'une attitude proche de la lâcheté, provoquant chez lui
par la suite une sorte de choc émotionnel et une prise de conscience
primordiale. À découvrir aujourd'hui Zero
Hour!,
c'est avoir l'étrange sensation de revoir une version en noir et
blanc et totalement déshabillée du caractère humoristique de Y
a-t-il un pilote dans l'avion ? Tout
l'intérêt réside d'ailleurs dans le rapport évident
qu'entretiennent les deux longs-métrages que pour les qualités
formelles du premier. Sans être ennuyeux, Zero
Hour!
n'en est pas pour autant véritablement divertissant. Tout juste un
objet de curiosité historique à conseiller avant tout aux fans de
cinéma catastrophe...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire