Theodore Robert Bundy
reste probablement l'un des plus célèbres tueurs en série de
l'histoire criminelle américaine. Son cas est même à l'origine du
terme Serial Killer qui avant
qu'il accomplisse ses méfaits n'existait pas. Condamné à mort pour
plusieurs meurtres, il fut reconnu coupable de vingt assassinats
alors qu'il affirmait lui-même en avoir commis une trentaine. Selon
certaines sources, il aurait même atteint la centaine de meurtres
mais sans que cela n'ai jamais été complètement vérifié. Ce que
l'on ne sait pas forcément au sujet de celui qui fut exécuté sur
la chaise électrique le 24 janvier 1989, c'est qu'il collabora
auprès des autorités afin d'aider à l'arrestation d'un autre tueur
en série, aussi célèbre que prolifique. Un certain Gary Ridgway
plus connu dans les médias sous le surnom de Tueur de la
Green River. Si l'on ne sait pas
de combien de victimes ce tueur pourtant marié et père d'un enfant
s'est rendu responsable, on estime le nombre entre cinquante et
quatre-vingt dix. Ce qui fait de lui l'un des serial killers les plus
féconds des années quatre-vingt/quatre-vingt dix ! Sous ses
faux airs de Crossover,
Bundy and the Green River Killer n'a
pourtant rien à voir avec ces bandes horrifiques où croisent le fer
de célèbres boogeymen
de fiction, genre Freddy contre Jason.
Et si la ''rencontre'' entre Ted Bundy et Gary Ridway peut apparaître
aussi étonnante qu'incongrue, le fait est que les deux hommes ne s'y
croiseront jamais. En effet, les acteurs qui les incarnent
respectivement (Richard Mark dans le rôle de Ted Bundy et Jared
Nelson dans celui de Gary Ridgway) n'échangeront pas la moindre
ligne de dialogue. L'action se situe alors que le premier est déjà
derrière les barreaux tandis que la police traque le second sans
jamais devoir mettre la main dessus. C'est alors qu'une aide
providentielle va permettre aux enquêteurs Bob Keller et David
Richards (alter ego des authentiques inspecteurs Robert Keppel et
Dave Reichert) de faire avancer l'affaire même s'il faudra encore
aux deux hommes, bien des années avant de pouvoir mettre le tueur de
la Green River à l'ombre...
Sans
être un grand film, Bundy and the Green River
Killer est
beaucoup plus convainquant que ne le laissent craindre les tout
premiers instants. Le prolifique réalisateur Andrew Jones
(vingt-huit longs-métrages en quinze ans de carrière!!!) signe en
effet une œuvre qui sort quelque peu des sentiers battus puisqu'il
ne s'agit pas d'axer le film exclusivement sur l'enquête menée sur
le tueur insaisissable mais également sur les rapports entre
l'inspecteur Robert Keller (interprété par l'acteur Phillip Roy) et
Ted Bundy. Bundy and the Green River Killer
approche alors le sujet du profilage comme le fera la réalisatrice
Amber Sealey trois ans plus tard avec le formidable No
Man of God,
un long-métrage lui aussi consacré à Ted Bundy (Luke Kirby) et aux
entretiens que mena auprès de lui le profiler Bill Hagmaier (Elijah
Wood). Sans atteindre les qualités de ce dernier, le film d'Andrew
Jones n'en est pas moins intéressant. Et même si son Ted Bundy
ressemble davantage à un ersatz d'Udo Kier période Du
sang pour Dracula
qu'au charismatique tueur en série qui sévit dans la seconde moitié
des années soixante-dix, les échanges entre l'inspecteur Keller
s'avèrent à minima intéressants, voire même passionnants. Jared
Nelson incarne un Gary Ridgway hautain, difficile à différencier de
n'importe quel citoyen américain mais dont le caractère est
malheureusement réduit ici à la portion congrue. Car même si les
entretiens entre Keller et Bundy sont assez peu représentés
(quoique chacun d'une honnête durée), le film semble moins
s'intéresser à celui qui court toujours qu'à celui qui dort dans
le couloir de la mort. Descendu par la critique, Bundy
and the Green River Killer
n'en est pas pour autant une trop mauvaise surprise. Bien que le
ridicule fasse parfois son apparition (la traque de Gary Ridgway dans
la forêt est absolument invraisemblable d'inertie), entendre Ted
Bundy répondre aux questions de Keller fait tout de même froid dans
le dos. À noter que le film est disponible sur la plateforme de
streaming Netflix...
De quoi éveiller la curiosité des passionnés de fictions
criminelles et de criminologie et pourquoi pas de REVEILLER de vieux
souvenirs afin de tenter de redécouvrir l'excellent téléfilm The
Deliberate Stranger
que réalisa Marvin J. Chomsky en 1986...
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