Tout commence par le
suicide d'un type dans sa cuisine. Pourquoi ? Ben justement,
allez savoir pourquoi. Parce que la cuisine en question est
déprimante ? Ou bien parce qu'il ne supporte plus de porter sur
le dos une veste trouée au coude et tachée dans le dos ? Plus
sérieusement, Dead Dicks
a l'air d'être l'une de ces palanquées de longs-métrages
indépendants que le cinéma outre-atlantique nous sert depuis des
années par l'entremise du festival de Sundance.
Sauf que voilà, cette œuvre signée de Chris Bavota et Lee Paula
Springer qui ont également conçu son scénario ne nous vient pas
des États-Unis mais du Canada. Ce qui, au fond, ne change pas grand
chose si ce n'est que le long-métrage aura peut-être une saveur
particulière. Dépaysante. Exotique, pourquoi pas. De plus, le sujet
est suffisamment intriguant pour attirer les spectateurs avides
d'intrigues aussi excitantes que celle du chef-d’œuvre de Philip
Kaufman L'invasion des Profanateurs,
ou du tout aussi réussi Enemy
de Denis Villeneuve qui, par un hasard tout à fait incroyable, est
lui aussi canadien...
L'intrigue
tourne autour de Rebecca qu'interprète l'actrice Jillian Harris dont
la carrière a débuté six ans plus tôt à travers quelques
courts-métrages et épisodes de séries télévisées avant qu'elle
ne prenne justement son envol en 2019 avec Dead
Dicks.
Étudiante en neurosciences, elle n'a pas de nouvelles de son frangin
Richie (l'acteur Heston Horwin pour qui la carrière télévisée
s'avère beaucoup plus importante), le garçon que l'on voit se
suicider en début de film. À noter qu'il est mécaniquement
impossible de mourir dans de telles conditions comme pourront le
constater les spectateurs. Mais passons. Rebecca est sur le point de
partir pour l'étranger lorsqu'elle se rend chez Richie pour lui
annoncer la nouvelle. Un voyage qu'elle doit lui annoncer avec un
luxe de précaution puisque le jeune homme est psychologiquement
fragile comme là aussi, les spectateurs auront eu l'occasion de le
découvrir. La jeune femme tombe sur un message vocal inquiétant
laissé par son frère et se rend chez lui afin de vérifier que tout
va bien. Malheureusement, lorsque Rebecca pénètre l'appartement de
Richie, elle découvre son cadavre enfermé dans un placard...
Et
là, tout commence à devenir intéressant. D'ailleurs, si les
spectateurs qui ont assisté au suicide du jeune homme s'en
souviennent, ils doivent avoir aperçu la silhouette d'un individu
passant sans broncher devant le cadavre du jeune homme. Un
comportement étrange tout d'abord difficile à expliquer. Et puis,
comment rendre crédible la présence du corps dans un placard
lorsque Rebecca le découvre alors que Richie s'est suicidé dans sa
cuisine ? Je n'en dis pas plus. À part que... le jeu de
l'actrice principale semble quelque peu limité. En effet, le
personnage qu'interprète Jillian Harris délivre assez mal ses
émotions. Un soucis que l'on ne pourra reprocher qu'à l'actrice
elle-même alors que la direction d'acteurs, et la sienne en
particulier, est quant à elle à mettre sur le dos des deux
réalisateurs qui auraient pu se montrer beaucoup plus exigeants. À
moins que l'approche sensiblement humoristique de certaines
situations explique cela. Le concept, fort intéressant au demeurant,
fourmille de bonnes idées. Comme cette tâche vraiment suspecte qui
orne l'un des murs de la chambre de Richie et dont on comprendra
malheureusement bien avant l'héroïne les raisons de sa présence.
Chris Bavota et Lee Paula Springer usent d'une pirouette à travers
le personnage de Richie qui s'avère être un artiste. D'où le
comportement léger de sa sœur lorsqu'elle réalise que tout ne
tourne pas vraiment rond dans l'appartement de son frère...
Dead Dicks se
limite majoritairement aux contours de l'appartement de Richie. Les
réalisateurs et leurs interprètes doivent donc composer avec
l’exiguïté des lieux et s'en sortent relativement bien. L’œuvre
dépasse le simple cadre du fantastique et convoque thriller et
comédie. Si le film a d'abord l'air de tourner en rond et de n'avoir
pas grand chose à exprimer, l'intervention d'un troisième
personnage interprété par l'acteur Matt Keyes relève la sauce et
fini par convaincre que Dead Dicks
a du potentiel. Par contre, oubliez la comparaison avec les œuvres
de Philip Kaufman et Denis Villeneuve. On n'est très clairement pas
dans la même catégorie. Petit film sans prétentions, amusant et
agrémenté de quelques pistes sonores progressives vraiment sympas,
le long-métrage de Chris Bavota et Lee Paula Springer se dégustera
un jour de pluie, lorsque l'on n'a rien de mieux à faire...
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