Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 31 mai 2020

Blood Beach de Jeffrey Bloom (1980) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Sorti en 1980, Blood Beach est le troisième long-métrage du réalisateur américain Jeffrey Bloom qui avant cela avait tourné les deux comédies Dogpound Shuffle en 1975 et The Stick Up deux ans plus tard. Avec son troisième long-métrage, il se décide finalement à changer de registre et signe une petite série B horrifique qui malheureusement ne fait pas de vagues. Un comble pour un film se déroulant principalement sur une plage sous le sable de laquelle une créature s'en prend aux touristes. Aspirés sous le sable, ils disparaissent les uns après les autres sans que les autorités ne soient en mesure de l'attraper. On ne peut pas dire que le Sergent Royko se sente véritablement investi d'une mission de la plus haute importante. Quant au Lieutenant Piantadosi, il a beau se montrer inquiet de la tournure que prennent les événements, on ne le verra jamais vraiment s'affoler. S'il ne fallait qu'une preuve du peu d'implication des deux flics dans cette affaire, il suffit d'assister à l'hallucinante scène durant laquelle un certain Alan Hench, porté disparu, remonte des égouts dans un état déplorable. Alertés par les hurlements stridents d'une femme, Royko et Piantadosi s'en approchent... tranquillement... sans avoir vraiment conscience de la situation. Et dire qu'ils sont chargés de protéger leurs concitoyens... on se demande dans quelles proportions ces deux là ont été projetés par hasard dans les services de police...

Vu dans sa version ''Uncut'', je pensais que cela voulait signifier que Blood Beach (traduit chez nous sous le titre La Plage Sanglante) était plus sanglant. En fait, dans le cas présent, cela veut surtout évoquer le fait que l'on s'y emmerde davantage que dans la version charcutée. Des séquences coupées à l'époque pour que le film puisse sortir en salle accompagné du symbole de classification ''Rated R'' signifiant qu'une personne âgée de dix-sept ans ou moins était autorisée à aller voir le film accompagnée d'un adulte. Entre les deux versions, une poignée de secondes de différence seulement dont la plus notable demeure sans doute la présence d'une main griffue s'en prenant à la jambe de l'une des victimes de la créature. Le reste n'a aucune sorte d'intérêt, les ajouts ne constituant qu'un total d'un peu plus de trois secondes. La chose ne serait pas tant à déplorer si Blood Beach n'était pas si navrant. Est-ce parce que le titre à lui seul est générateur de fantasmes chez l'amateur d'horreur, mais de sang, le spectateur avide d'hémoglobine va devoir faire sans et ranger pour un temps son enthousiasme. À part quelques furtives effusions de sang, le film de Jeffrey Bloom ne tient pas du tout ses promesses. Du moins le titre qui sans doute dans l'esprit des spectateurs promettait une succession de scènes gore mais qui au final offre le minimum syndical...

C'est donc tout naturellement vers le récit et les interprètes que le spectateur sera contraint de se retourner à défaut de jouir de scènes d'horreur dignes de ce nom. Mais là encore, c'est le vide sidéral. L'histoire, d'abord intrigante, s'avère au final terriblement plate. Le scénario est d'un vide abyssal et l'interprétation à égal intérêt. Connaissant certains des interprètes, leur piètre jeu ne peut être mis qu'au crédit d'un réalisateur aux abonnés absents. Car comment reconnaître sinon que Burt Young (nominé pour son rôle dans Rocky de John G. Avildsen en 1976 et interprète chez Roman Polanski, Sam Peckinpah, Damiano Damiani ou Stuart Rosenberg) ou John Saxon (La Fille qui en Savait Trop de Mario Bava en 1963, Black Christmas de Bob Clark en 1974, Ténèbres de Dario Argento en 1982, Les griffes de la Nuit de Wes Craven en 1984) soient si peu convaincants à l'écran ? Otis Young (Les Bannis, Columbo : Jeu d'identité), Marianna Hill ( El Condor de John Guillermin en 1970, Le Parrain 2 de Francis Ford Coppola en 1974) et David Huffman (Firefox, l'Arme Absolue en 1982) font le taf mais c'est peut-être finalement l'actrice Eleanor Zee dont la carrière est essentiellement télévisuelle qui demeure la plus convaincante dans le rôle de la clocharde muette Mrs. Selden. Là encore, un comble ! Blood Beach ne tient absolument pas ses promesses en matière d'horreur. Si le titre est trompeur, la réalisation est relativement médiocre et déteint sur l'interprétation d'un casting pourtant intéressant. Si passer une heure et vingt-cinq minutes devant un film où il ne se passe pas grand-chose ne vous dérange pas, alors Blood Beach est fait pour vous. Pour les autres, veuillez passer votre chemin...

vendredi 29 mai 2020

L'Angle Mort de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic (2019) - ★★★★★★★☆☆☆



Lorsque l'on découvre le synopsis de L'Angle Mort, troisième long-métrage du duo formé par Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic, on pense forcément à l'ouvrage de H.G.Wells publié en 1897, L'Homme Invisible. Mais lorsque l'on plonge dans l'aventure mettant en scène le personnage de Dominick Brassan qu'incarne à l'écran l'acteur d'origine togolaise Jean-Christophe Folly, c'est déjà tout autre chose. Les deux réalisateurs ne se sont pas simplement contentés d'adapter à la ligne près le roman fantastique de l'écrivain britannique. À dire vrai, il n'en demeure même qu'une infime parcelle ne relevant ni de son aspect scientifique, ni du dérèglement psychologique dont sera victime Griffin, le héros du roman. D'ailleurs, le film de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic repose en fait sur un scénario qu'ils ont conçu eux-même à partir d'une idée originale d'Emmanuel Carrère, romancier (La Classe de Neige, adapté sur grand écran en 1998 par Claude Miller), scénariste donc, et surtout réalisateur du brillant La Moustache notamment interprété par Vincent Lindon et Emmanuelle Devos en 2005...

Ici, le principe n'est pas tant d'impressionner les spectateurs à travers l'extraordinaire pouvoir d'un homme tout à fait ordinaire que de s'appuyer sur l'existence de son personnage principal. L'Angle Mort repose sur un concept fort. Et même, sur différentes idées. Le pouvoir d'attraction de ce long-métrage plus dramatique que fantastique s'inscrit dans une certaine logique. Surtout si l'on considère les deux premiers films de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic (Dancing en 2003 et L'Autre en 2009) et dont L'Angle Mort assume une certaine filiation. Ici, le pouvoir d'invisibilité est tantôt vécu comme un atout, tantôt comme une contrainte. À travers un minimum d'effets ne requérant pas ou (si peu) la participation de génies en effets-spéciaux de maquillages ou numériques, Jean-Christophe Folly se met littéralement à nu devant la caméra des deux réalisateurs. Leur film rejoint l'excellent Vincent n'a pas d’Écailles de Thomas Salvador réalisé cinq ans auparavant dans son approche réaliste d'un thème au fort pouvoir d'attraction...

Les deux réalisateurs imaginent des situations complexes, des rapports entre humains bouleversants. On pense notamment à la relation que mène le héros avec la voisine d'en face, Elham (l'actrice iranienne Golshifteh Farahani), atteinte de cécité. Ses retrouvailles avec son ancien pote Richard Jaskowiak (le franco-algérien Sami Ameziane) lui-même ''armé'' du même pouvoir d'invisibilité. Ou son rapport à sa sœur Cynthia (l'ivoirienne Claudia Tagbo). L’œuvre y est parcourue par la présence discrète de la toujours brillante Isabelle Carré qui incarne la compagne de Dominick.. Surtout, L'Angle Mort se termine comme il débuta. Dans une simplicité qui n'appartient qu'au quotidien le plus anodin. Au spectateur de voir si le pouvoir du héros est un don ou une punition. Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic nous abandonnent très certainement avec une foule de questions. À nous de nous y replonger afin de décrypter ce qui est demeuré dans l'ombre. L'Angle Mort est une belle surprise, où la musique prend une place très importante, entre rock, tribal et nappes envoûtantes. Un long-métrage qui ne ressemble finalement qu'à ses auteurs et aborde des thèmes universels sous un angle original. À voir...

Les Eblouis de Sarah Suco (2019) - ★★★★★★★★☆☆



On voit sa trogne partout depuis quelques années. Ces derniers temps, l'actrice Sarah Suco a notamment trimbalé son regard pénétrant sur les tournages de Guy d'Alex Lutz, le formidable Les Invisibles de Louis-Julien Petit, ou très récemment dans Lucky d'Olivier Van Hoofstadt. Une dizaine d'années seulement qui pourtant, en comparaison de sa carrière de réalisatrice paraissent une éternité. Car en dehors d'un court-métrage en 2017 (Nos Enfants), Sarah Suco n'a réalisé qu'un seul long-métrage. Et quel long-métrage... de ceux qui comptent parmi les quelques œuvres qui chaque année se détachent très largement du reste de la production cinématographique. La réalisatrice y laisse s'exprimer d'autres interprètes qui pour elle et à travers elle, vont témoigner du drame qu'elle a vécu de ses huit ans jusqu'à sa majorité. Si le thème des sectes n'est pas rare sur grand écran, les films relatant avec vérisme le sujet ne sont par contre pas légion. Dans ce fatras constitué de dizaines de longs-métrages, peu de réalisateurs peuvent s'enorgueillir d'avoir apporté un témoignage aussi glaçant que l’œuvre de la française. On pense notamment à La Secte sans Nom de Jaume Balagueró ou à Guyana, la Secte de l'Enfer de René Cardona Jr...

Les Éblouis suit le parcours d'une jeune adolescente, Camille (formidable Céleste Brunnquell pour qui ce rôle est le tout premier au cinéma), dont les parents ont choisi de suivre la voie du seigneur en intégrant avec leurs quatre enfants une communauté charismatique (mouvement catholique né aux États-Unis dans les années 1960) dirigée par celui que tous nomment le Berger (là encore, formidable est Jean-Pierre Darroussin qui endosse la robe de bure). Si très rapidement Christine (excellente Camille Cottin), la mère de l'adolescente, accepte de donner suite aux exigences du Berger parmi lesquelles la contrainte pour Camille d'abandonner sa passion pour le cirque, la jeune fille vit très mal cette décision et refuse tout net d'y mettre un terme. Son père Frédéric (l'acteur Eric Caravaca), impuissant, lâche, donne tout d'abord raison à sa fille avant de changer de position. Après une forte dispute engageant ses parents et ses grands-parents, ces derniers sont jetés dehors avec ordre de ne plus jamais entrer en contact avec leurs proches. C'est le début d'un cauchemar pour Camille ainsi que ses frères et sœurs. Les liens d'amour qui unissent ces enfants à leurs parents disparaissent peu à peu pour un amour de Dieu sans partage...

Face à une Céleste Brunnquell absolument remarquable et dont le regard renvoie inévitablement à celui de Sarah Suco et à l'enfer qu'elle vécu durant une partie de son enfance et toute son adolescence, une communauté soudée, aveuglée, lavages de cerveaux, exorcismes et punitions à la clé. Plus angoissant que n'importe quel film d'horreur ou d'épouvante porté sur le sujet, plus illustratif que n'importe quel documentaire sur les sectes, Les Éblouis prouve, sinon que Sarah Suco fut effectivement cette jeune fille aux prises avec un gourou charismatique et ses adeptes, du moins qu'elle maîtrise le sujet sur le bout des doigts. La réalisatrice démontre avec quelle facilité un individu à lui seul peut pousser l'autre au détachement de ses biens personnels et affectifs. Ici, le comportement de Camille Cottin résume assez bien l'envoûtement d'un adepte aux prises avec un homme prêchant la belle parole. Mais ce qui différencie la simple communauté de la secte demeure tout ce qui en arrière-plan symbolise la manipulation par la foi en Dieu, et l'appropriation exclusive et entière des biens qui appartiennent au membre de la communauté. Mais ce qui apparaît comme le plus effarant demeure dans le contrôle mental absolu du Berger sur ses brebis et que retranscrit à l'écran avec une justesse terriblement troublante, Sarah Suco. Profitant d'un casting largement à la hauteur du projet, la réalisatrice signe une œuvre puissante sur les arcanes d'un mythe qui tient moins de la fiction que du réel. Une merveille...

jeudi 28 mai 2020

Le Fantôme de l'Opéra de Terence Fisher (1962) - ★★★★★★☆☆☆☆



Avant de devenir l'un des grands mythes du cinéma fantastique, Le Fantôme de l'Opéra est d'abord né sous la plume de l'écrivain français Gaston Leroux en 1909, année à partir de laquelle il apparaît sous la forme d'un feuilleton dans le journal littéraire et politique quotidien Le Gaulois. Si l’œuvre de Gaston Leroux a connu un nombre important d'adaptations sous la forme de comédies musicales, télévisuelles, théâtrales ou sous celles de chansons, de ballets ou de bandes dessinées, c'est sans doute sur grand écran que le mythe a connu parmi ses plus grandes heures. De sa première apparition dans le long-métrage éponyme du réalisateur néo-zélandais Rupert Julian en 1925, jusqu'en 2004 et celle de l'américain Joel Schumacher, sans oublier bien sûr, sa plus flamboyante adaptation, Phantom of the Paradise, mise en scène en 1974 par le réalisateur Brian de Palma qui en mêlant l'intrigue de Gaston Leroux à celles de Faust, ou du Portrait de Dorian Gray de l'écrivain irlandais Oscar Wilde a réalisé le chef-d’œuvre du genre. On ne s'étonnera pas de voir parmi les quelques exemples d'adaptations sur grand écran d'y voir apparaître celle de Terence Fisher, l'un des plus célèbres cinéastes britanniques ayant collaboré auprès de la firme Hammer Film Productions en réalisant plusieurs des grands classiques de la société parmi lesquels Frankenstein s'est Echappé en 1957 et Le Cauchemar de Dracula l'année suivante...

Le Fantôme de l'Opéra qu'il réalise en 1962 pour la Hammer est une adaptation plus ou moins fidèle de l’œuvre de Gaston Leroux. Si la première partie reprend la trame qui ouvre le roman de l'écrivain français, le scénario du scénariste britannique John Elder prend quelques légèretés avec la suite des événements. Concernant le fantôme lui-même pour commencer. Si celui de Gaston Leroux est un ancien prestidigitateur au visage hideux réfugié dans une étrange demeure bâtie sous l'Opéra du titre où se situe l'action, celui de Terence Fisher est l'auteur d'un Opéra que lui a volé l'infâme Ambrose D'Arcy. Après avoir découvert que celui-ci a volé la création musicale du professeur Petrie, l'homme en question a involontairement provoqué un incendie dans l'imprimerie chargée de produire des exemplaires de l’œuvre sous le nom de D'Arcy. Gravement brûlé, il se réfugie dans les égouts où, aidé de son sauveteur et fidèle compagnon ''le nain'', il va lui faire enlever la diva Christina Charles à laquelle il compte bien consacrer sa nouvelle création. Effrayée par l'apparence du fantôme dont le visage est atrocement défiguré, la jeune femme est retenue prisonnière. Mais dehors, le directeur artistique Harry Cobtree se lance à la recherche de la jeune femme...

Beaucoup de choses divergent entre le roman et cette nouvelle adaptation, donc. À commencer par le nom des personnages qui changent. L'intrigue de ce Fantôme de l'Opéra signé Terence Fisher se partage entre l'opéra où se noue l'intrigue opposant l'immoral et narcissique Ambrose D'Arcy (un compositeur sans talent qui espère connaître la gloire grâce à l'opéra qu'il a volé à Petrie) au reste des membres qui composent les employés, et l'incroyable décor servant de repère au fantôme de l'opéra. Le maquillage de ce dernier est certes rudimentaire puisque durant une très large partie du long-métrage l'acteur incarnant Petrie Herbert Lom porte simplement un masque verdâtre, mais l'ambiance créée par la musique jouée à l'orgue imprègne l’œuvre d'une angoisse parfois terriblement pesante. On a évidemment droit au ''serviteur'' bossu en la personne de l'acteur Ian Wilson. Quant aux deux principaux acteurs du récit, ils sont respectivement interprétés par les britanniques Heathers Sears qui incarne Christina Charles et Edward de Souza qui lui, interprète Harry Cobtree. De la performance de Michael Gough, on retiendra la vilenie absolue de son personnage à côté duquel le Swan de Phantom of the Paradise formidablement interprété par Paul Williams douze ans plus tard paraît bien innocent. Le Fantôme de l'Opéra de Terence Fisher, même s'il prend des libertés avec l’œuvre originale est sympathique à découvrir. Malheureusement, en comparaison d'autres adaptations ou de l’œuvre de Gaston Leroux lui-même, il apparaît comme l'une des plus faibles...

mercredi 27 mai 2020

Un Témoin dans la Ville d'Édouard Molinaro (1959) - ★★★★★★★☆☆☆



À bord d'un train de nuit, Pierre Verdier jette sa maîtresse Jeanne Ancelin par dessus bord parce qu'elle veut le quitter. Après avoir été soupçonné, il est finalement acquitté par le juge d'instruction. Mais l'époux de Jeanne, persuadé qu'elle ne s'est pas suicidée et que c'est son amant qui l'a tué est bien décidé à venger la mort de sa femme qui l'a pourtant trompée. Ancelin s'introduit chez Pierre Verdier, l'attend, et le tue par pendaison. Mais lorsque l'assassin quitte la demeure, il tombe sur le radio-taxi Lambert, témoin de sa présence sur les lieux. Alors qu'Ancelin tente de se constituer un alibi en payant une prostituée cinq mille francs en la faisant passer pour une conquête auprès d'un collègue chauffeur routier, l'homme n'a cependant qu'une obsession : retrouver et se débarrasser de celui qui l'a vu sortir de chez Verdier. Commence alors une folle aventure, entre la surveillance du domicile de Lambert et sa poursuite dans les rues de la ville...

Lorsque le réalisateur français Édouard Molinaro réalise en 1959 Un Témoin dans la Ville, il a déjà derrière lui toute une série de documentaires et de courts-métrages ainsi que deux longs-métrages, Le Dos au Mur en 1958 et Des Femmes Disparaissent l'année suivante. Un Témoin dans la Ville est une véritable tragédie. Ou comment un homme pourtant trahit par sa femme qui fréquentait l'homme qui finira par la tuer décide de venger sa mort en traquant et tuant son assassin. Édouard Molinaro réalise un troisième long-métrage convainquant incarné par un Lino Ventura formidable dont le personnage de Lancelin personnifie merveilleusement bien les difficultés que peut rencontrer un homme contraint de se débarrasser d'un témoin gênant. C'est ainsi que l'acteur adapte le comportement d'Ancelin en fonction de celui qu'il projette d'assassiner. Autant, l'immense Lino Ventura arbore le visage dur du bras vengeur qui malgré l'adultère de son épouse (l'actrice Françoise Brion) est bien décidé à faire payer l'auteur de son meurtre, autant on le voit défaillir à plusieurs reprises (et notamment lors de la séquence située sur un quai de métro), blêmissant à l'idée de se débarrasser d'un individu auquel, au fond, il ne peut que reprocher d'avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment...

Tiraillé par son dégoût de l'acte en lui-même et de la nécessité de se débarrasser du seul homme qui pourrait le faire accuser du meurtre de Pierre Verdier (l'acteur Jacques Berthier), Lino Ventura se retrouve au cœur d'un thriller qui ne le voit non pas traqué à son tour par la police, mais par toute une équipe formée autour des collègues chauffeurs de taxi et standardistes de Lambert. Édouard Molinaro filme une grande partie de Un Témoin dans la Ville de nuit, offrant un caractère parfois sinistre à un récit qui ne l'est pas moins. Le choix fut proposé à la future star Lino Ventura d'incarner le rôle de Lambert. Cependant, l'acteur lui préféra nettement celui d'Ancelin, le rôle du chauffeur de taxi tombant alors entre les mains de l'acteur italien Franco Fabrizzi. Un personnage que tente de rendre attachant le réalisateur et les scénaristes Gérard Oury, Alain Poiré et Georges Tabet en lui offrant une idylle avec l'actrice Sandra Milo qui elle, incarne la standardiste Liliane.

Très bien interprété, Un Témoin dans la Ville est surtout fort d'une mise en scène efficace, d'une interprétation soignée et d'un montage plutôt vigoureux. Mais l’œuvre d'Edouard Molinaro est surtout un thriller efficace, une descente aux enfers pour un homme pas ou peu préparé à ce qui l'attend. C'est toute la subtilité de Lino Ventura que d'avoir su incarner un homme comme tout le monde dans une aventure hors du commun. Adapté de l’œuvre des romanciers Pierre Boileau et Thomas Narcejac, le long-métrage d’Édouard Molinaro signe l'un des premiers rôles vraiment importants de Lino Ventura. Parmi les interprètes secondaires, on notera la présence de Jacques Monod qui au début incarne l'avocat de Verdier, de Daniel Ceccaldi en client de taxi étranger ou plus discrètement, de celle de Robert Castel dans le rôle de Bob la Tenaille...

mardi 26 mai 2020

Plaguers de Brad Sykes 2008) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



« L'espace, l'ultime frontière... » (Star Trek : La Nouvelle Génération) Voici le vaisseau Pandora. Sa Mission (non-officielle) : rapporter sur Terre la sphère d'énergie Thanatos. Un globe renfermant une lumière verte intense qui, libérée après une tentative d'abordage, va se répandre et contaminer tous ceux qui entreront en contact avec elle. Voici messieurs-dames, Plaguers. De Brad Sykes. Dernier en date (et espérons, dernier tout court) long-métrage du cinéaste américain qui laisse derrière lui une trace merdeuse qui ne partira sans doute jamais au lavage. « Dans l'espace, personne ne vous entendra éructer ». Ouais, un terme à prendre au sens médical mais figuré également. Roter et gueuler si vous préférer. Les deux étant produits par le même dégoût pour une œuvre qui se fiche royalement de tout sens moral. Car de moralité, Plaguers est dénué. Nous ne sommes pas ici face à un film mais plutôt à une vaste fumisterie. Des effets-spéciaux, aux décors en passant par l'interprétation ou le scénario, l’œuvre de Brad Sykes est terriblement mauvaise.

Un vrai nanar dans le bon et le mauvais sens du terme. Le cinéaste n'ayant même pas la pudeur d'attendre ne serait-ce que deux ou trois minutes avant de nous plonger dans l'insalubre décor d'un vaisseau qui se voudrait aussi charismatique que celui du premier Alien, on comprend très vite que Plaguers joue dans la cours des gagnes-petit. Ça pompe allégrement et sans vergogne le classique de Ridley Scott sans en atteindre jamais un seul instant la force émotionnelle. Tandis qu'en 1979 l'on pouvait s'extasier devant la mise en images et la réalisation de ce chef-d’œuvre d'épouvante et de science-fiction, Brad Sykes manœuvre son vaisseau et fait un bon dans le passé en offrant des effets-spéciaux régressifs dont seul Gerry Anderson (le créateur de la série culte Cosmos 1999) aurait pu être fier.

Pour corser le tout, le cinéaste américain s'entiche d'un scénario ringard alourdi par la présence d'amazones de l'espace sauvées in-extremis du naufrage par les membre du Pandora. Résultat : s'engagent alors des combats mano à mano entre de jolies poupées botoxées et des aventuriers de l'espace à la crédibilité peu envisageable. Ça baise sur le tableau de bord et dans les coursives et ça se présente comme les abrutis pullulant dans les post-nukes italiens des années soixante-dix.
Quand aux effets-spéciaux, laissez-moi rire, mais l'intégration du Pandora dans l'immobile décor étoilé est à se pisser dessus (pardonnez l'expression un brin familière). Pour preuve, l'accostage montre avec force images la tentative d'intégration d'un vaisseau plat comme une limande. Seul minuscule point fort (?) de Plaguers : la motivation de ses passagers qui, une fois transformés en... zombies ? Démons ? Cannibales Humanoides Usurpateurs et Dévastateurs ? font montre d'une énergie salvatrice et d'une barbarie sans limites. D'ailleurs, les maquillages rappellent souvent ceux du diptyque formé par Démons 1&2 de Lamberto Bava. Les effets gore, particulièrement gratinés restent la seule bonne surprise d'un film qui demeure davantage un film d'horreur que de science-fiction. Le cadre ne (des)servant que de prétexte à une intrigue bien mollassonne...

samedi 23 mai 2020

Insidious de James Wan (2010) - ★★★★★★☆☆☆☆



Jason Blum et Oren Peli à la production... Des noms qui sonnèrent sans doute déjà la mode en 2010 et qui ornèrent les affiches de ce premier volet de la saga Insidious. Lorsque l'on pense que le premier a manqué de flair en refusant de participer à la production de ce petit film qu'est Le Projet Blair Witch de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez, devenu culte depuis sa sortie, on se demande encore comment... Et que le second s'avère être coupable de l'une des plus grandes escroqueries de l'histoire du cinéma en ayant osé réaliser l'immense daube qu'est Paranormal Activity... Et pourtant, plutôt que de cacher leur participation en tant que producteurs (il faut croire que le public n'a pas de mémoire ou s'avère avoir mauvais goût en matière de films d'horreur) ? James Wan, auteur entre autres de Saw en 2004, ou des deux premiers volets de Conjuring en 2013 et 2016, les exhibe, comme d'incontournables références cinématographiques. En 2011, année de sortie de Insidious sur le plan international, James Wan avec ce premier volet, débute un nouveau concept. Enfin, de nouveau, comprenez par là qu'il l'est surtout pour ce tout jeune réalisateur qui réalisa son premier long-métrage à seulement vingt-trois ans avant de connaître le succès quatre ans plus tard avec Saw dont il confiera le soin de réaliser les séquelles à d'autres tout en demeurant à la production. Valeur sûre du cinéma d'épouvante, l'austro-sino-malaisien a jusqu'à maintenant consacré une très large partie de sa carrière de cinéaste à réaliser des films d'horreur dont Insidious, justement.

Une histoire de fantômes comme il s'avère plutôt commode de dire. Et d'ailleurs, ce premier volet navigue bien dans les eaux connues du film de maison hantée. Voyez par vous-même : des portes qui grincent et qui claquent. Des apparitions. Des bruits de pas, des rires et des chuchotements. Une famille qui vient d'emménager dans sa nouvelle demeure (un couple et leurs trois enfants) et très vite, des événements qui relèvent du surnaturel. Un mari absorbé par son travail, une épouse qui reste à la maison pour y écrire de nouvelles chansons au piano. Et surtout, un fils, le plus âgé, victime d'un mal étrange qui l'a plongé dans une sorte de coma le lendemain du jour où le soir-même, il fut victime d'un accident apparemment bénin survenu au grenier. Des médecins incapables de diagnostiquer sa maladie et un Dalton, c'est son prénom, alité dans sa chambre et entouré de tout un appareillage censé le maintenir en vie. Bref, l'environnement idéal pour que s'y développe une intrigue que le spectateur aura tôt fait de comparer à quelques grands classiques du genre, tels L'Exorciste de William Friedkin dans une toute petite mesure, ou Amityville, la Maison du Diable de Stuart Rosenberg dans une autre de toute autre envergure. Chacun ira de sa comparaison, allant parfois même jusqu'à évoquer un troisième classique indémodable : le Poltergeist co-réalisé par Tobe Hooper et Steven Spielberg...

Bon, autant le dire tout de suite, Insidious est beaucoup, beaucoup, beaucoup moins effrayant que certains l'affirment... à moins d'être sensible au moindre excès de volume sonore, au moindre ''BOUM'', au moindre ''jump scare'', il y a tout de même de fortes chances pour que le film vous laisse au mieux, le souvenir d'un joli mais innocent spectacle, et au pire, vous laisse totalement indifférent. Et là, je m'adresse bien évidemment à ceux qui se sont exercés des décennies auparavant sur les terrifiantes pellicules que furent Burnt Offerings de Dan Curtis en 1976 ou The Changeling de Peter Medak quatre ans plus tard... Dans les rôles principaux, l'acteur Patrick Wilson que l'on reverra par la suite chez James Wan avec la saga Conjuring (dont il partagera la vedette avec l'actrice Vera Farmiga qu'il retrouvera ensuite dans The Passenger de Jaume Collet-Serra en 2018), l'australienne Rose Byrne qui incarne ici son épouse Renai Lambert, mais également l'américaine Lin Shaye, grande habituée des films d'épouvante depuis les quasi débuts de sa carrière puisqu'elle joua notamment dans Alone in the Dark de Jack Sholder en 1982, Amityville: A New Generation de John Murlowski en 1993 ou encore Freddy sort de la Nuit de Wes Craven l'année suivante. La mise en scène de James Wan est soignée et la musique du compositeur Joseph Bishara apporte un petit plus non négligeable. Malheureusement, après une première heure classique mais intéressante, Insidious tombe dans les travers de la grandiloquence et l'on passe de l'épouvante pseudo-réaliste au fantastique totalement débridé. Cependant, le dernier tiers offre tout de même un voyage sur un plan astral morbide esthétiquement réussi. Mais de là à dire que Insidious fait peur, il ne faut tout de même pas exagérer. Au final, l’œuvre de James Wan est un film d'épouvante grand public, ni plus ni moins... To be continued...

Non-Stop de Jaume Collet-Serra (2014) - ★★★★★★★★☆☆



Auteur en 2016 de l'un des meilleurs longs-métrages mettant en scène un requin-tueur avec The Shallows, le réalisateur espagnol Jaume Collet-Serra s'est constitué depuis une quinzaine d'années une filmographie de qualité. Passant de l'épouvante avec Esther en 2009, jusqu'au film d'action parmi lesquels Non-Stop en 2014 pour lequel il offrait à l'acteur irlando-britannico-américain Liam Neeson, le rôle principal pour la seconde fois dans l'un de ses films. Avec tout ce que cela suppose de caricatural (le musulman et quelques types à la gueule patibulaire faisant les frais d'une suspicion), Jaume Collet-Serra réalise un film d'action particulièrement efficace en terme de retournements de situation, de rythme, et d'action. Si faire tenir sur la longueur un récit se déroulant exclusivement à bord d'un avion de ligne n'était pas un pari gagné d'avance, le scénario de John W. Richardson et Christopher Roach compile tellement d'événements qu'il est pratiquement impossible d'être blasé devant le spectacle permanent de ce marshall convaincu qu'il y a à bord du vol New York – Londres, un terroriste qui menace de tuer un passager toutes les vingt minutes si cent-cinquante millions de dollars ne sont pas transférés sur son compte en banque...

Toute la difficulté face à laquelle se trouve le réalisateur espagnol est de rendre concrète toute une série d'événements qui placés côte à côtes évitent au long-métrage de tomber dans le grotesque. Mais si la frontière qui mène à la grandiloquence et parfois malheureusement franchie à plusieurs occasions, fixant pour l'éternité Non-Stop dans la catégorie des récits improbables, Jaume Collet-Serra possède ce don inné de pouvoir faire passer (presque) n'importe quelle pilule à un spectateur noyé sous une avalanche de retournements de situations. En observant le comportement de certains passagers ou se faisant plus simplement une idée toute faite de leur apparence, le spectateur fonce forcément tête baissée, droit dans le mur. Jaume Collet-Serra conçoit son œuvre comme un habile puzzle dont les pièces son reconstituées au fil de l'intrigue. En semant le doute en permanence, le réalisateur provoque le doute dans la tête du spectateur qui hésite même parfois à se demander si le héros, formidablement interprété par Liam Neeson ne serait pas lui-même l'auteur de cet extravagant coup monté...

Surtout, Non-Stop rouvre des blessures qui n'ont jamais vraiment cessé de saigner. Sans vouloir trop en dévoiler au risque de faire des révélations qui mineraient l'intérêt du film pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu, l’œuvre de Jaume Collet-Serra nourrit le récit de divers traumas avec, en parallèle, l'implication logique des réseaux sociaux et des divers médias audiovisuels. Si certaines séquences virent presque involontairement au burlesque en prenant des raccourcis un peu trop faciles (pour exemple, l'avion est victime à deux reprises de secousses qui arrangent les actes du terroriste au moment opportun), Jaume Collet-Serra parvient à faire passer le tout grâce à un sens de la mise en scène remarquable. Le réalisateur et son équipe technique exploitent parfaitement l'environnement de l'avion ainsi que la réaction de ses passagers réagissant au grès des événements. Mais le fait que Non-Stop soit un thriller bourré d'action n'empêche pas une certaine émotion. À diverses reprises, l'espagnol parvient effectivement à transmettre quelques messages forts qui contrebalancent avec ce huis-clos situé dans les airs, pas toujours crédible, il est vrai, mais diablement efficace. Aux côtés de Liam Neeson, on retrouve notamment l'actrice Julianne Moore dans le rôle de la passagère Jen Summers, Michelle Dockery dans celui de l'hôtesse Nancy Hoffman, ou encore Corey Stoll dans la peau du flic Austin Reilly. Avec Non-Stop, Jaume Collet-Serra ne laisse au spectateur, pas une minute de répit. Et c'est finalement tout ce qu'on lui demande...

vendredi 22 mai 2020

Le Dernier Monde Cannibale de Ruggero deodato (1977) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Le Dernier Monde Cannibale de Ruggero Deodato. Ou le rital qui n'a pas attendu de tourner son célèbre Cannibal Holocaust pour exhiber à l'écran d’écœurantes scènes de meurtres d'animaux qui n'ont rien de commun avec le septième art. Ici, on est davantage dans la complaisance, comme chez son compatriote Umberto Lenzi qui signera quatre ans plus tard un Cannibal Ferox totalement gratuit. Autant dans les actes perpétrés par les cannibales en questions que par deux trafiquants d'émeraudes qui tuaient et violaient en toute impunité. Mais avant tout cela, il y eut Au pays de l'Exorcisme d'Umberto Lenzi en 1972. Et s'il attendra jusqu'en 180 et La Secte des Cannibales pour s'approcher une nouvelle fois du mythe, d'autre s'en sont emparés entre temps. Ruggero Deodato est parmi les réalisateurs italiens spécialisés dans l'horreur qui s'y sont plongés corps et âme, vendant cette dernière à l’immoralité de séquences dont la seule évocation donne la nausée. Donnez un couteau à un amoureux des animaux, et il accordera au bonhomme le sort que l'un de ses sauvages à infligé en cinémascope à un pauvre alligator. Dépecé vivant, devant une caméra qui jamais ne tremble, ne nous épargnant rien de cette abjection.

Et tout ça pour quoi ? RIEN ! Ou peut-être juste parce que Ruggero Deodato pensait inévitable de devoir étayer le message selon lequel son long-métrage est inspiré de faits réels en montrant justement, quelques atrocités qui ne font pas appel aux effets-spéciaux de maquillage à base de latex, de sirop de maïs et de colorant alimentaire. C'est à se demander pour quelle raison Cannibal Holocaust continue d'être considéré aujourd'hui comme l’œuvre ultime du genre puisque Ruggero Deodato ne fera qu'y reprendre la recette déjà employée trois ans plus tôt. Oh, il y a bien quelques différences qui éviteront à celui-ci de trop ressembler à son aîné. Terminés les reporters disparus dans la jungle amazonienne réapparaissant au détour d'une vidéo témoignant du sort que des cannibales avides de vengeance et de chair humaine leur ont accordé. L'aventure du réalisateur dans l'univers moite et purulent des anthropophages s'ouvrait sous la forme d'un survival ponctué de scènes gores plutôt réussies dont le dépeçage d'un corps humain, lui, fabriqué de toutes pièces par des spécialistes en effets-spéciaux de maquillage...

Un film déjà bien embarrassant dans la vision qu'il imprime des peuplades de sauvages qui doivent donc ''forcément'' pratiquer la dégustation de chair humaine. Avec leur look d'hommes et de femmes des cavernes, le film serait resté tout sauf ''excitant'' si l'une des sauvages en question n'avait pas arboré un si joli minois sous les traits de l'actrice britannico-birmane Me Me Lai. Dont le héros incarné à l'écran par l'italien Massimo Foschi profitera des atouts, comme de bien entendu ! Si la première avait déjà côtoyé des cannibales en 1972 dans Au Pays de l'Exorcisme d'Umberto Lenzi, celui-ci la débauchera à nouveau huit ans plus tard avec La Secte des Cannibale. La carrière de Me Me Lai ne fera pas long feu. Ce qui n'empêchera pas le danois Lars von Trier de lui offrir un rôle dans son tout premier long-métrage Element of Crime en 1984. Rôle qui sera le dernier pour l'actrice. À ses côtés donc, l'italien Massimo Foschi dont la carrière fut ponctuée d'apparitions et de disparitions sur grand écran. Une carrière en dent de scie qui semble avoir pris fin en 2016 puisque depuis, plus de nouvelles. Pour revenir au Dernier Monde Cannibale, non, franchement, c'est pas ma came. Voir des bêtes crever pour de vrai devant la caméra pour alimenter un film en scènes d'horreur, ça manque franchement de style. D'autant plus que le film est scénaristiquement plutôt vide. À bannir...

The House of Clocks (La Casa nel Tempo) de Lucio Fulci (1989) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



The House of Clocks fut l'un des derniers longs-métrages réalisés par l'italien Lucio Fulci dont la carrière périclitait déjà depuis quelques années. Le maître du gore transalpin revenait en 1989 avec le premier de quatre téléfilms réalisés pour la télévision italienne. Regroupés sous le nom de House of Doom, The House of Clocks, The Sweet House of Horrors, The House of Lost Souls et The House of Witchcraft forment une tétralogie réalisée aux côtés d'Umberto Lenzi, celui-ci s'étant chargé de la réalisation des deux derniers tandis que Lucio Fulci s'est occupé des deux premiers. Si The House of Clocks demeure très clairement dans la catégorie des œuvres que l'on aimerait oublier, le téléfilm possède cependant quelques minuscules atouts qui empêchent les amateurs de cinéma d'épouvante ou de Lucio Fulci de maudire ce dernier d'avoir osé nous proposer un tel spectacle de désolation...Désolation dans la mise en scène, mais également, dans la direction d'acteurs. Il faut dire que ceux-ci sont tellement mauvais que leur interprétation relève du pathétique.

Vue la thématique abordée par House of Doom, The House of Clocks se déroule donc fort logiquement dans une demeure. Et dans celle qui concerne ce téléfilm, les propriétaires y forment un couple d'âge avancé, entouré d'une ribambelles de montres, horloges, pendules et autres objets qui font tic-tac. On y trouve même un sablier. Une passion que partagent Sara et Vittorio Corsini. Un couple finalement assez étrange qui conserve dans sa cave les corps de leurs neveu et nièce étonnamment bien conservés. Mais le calme à peine troublé par le tic-tac des horloges va bientôt être dérangé par l'arrivée d'un trio de jeunes voyous constitué de Sandra, Tony et Paul. Se faisant passer pour une femme dont la voiture est tombée en panne, Sandra arrive à se faire inviter par les Corsini qui ne se doutent pas qu'elle va profiter de la situation pour faire entrer dans leur propriété ses deux complices. Lorsque Paul et Tony s'y introduisent, les choses tournent au drame : Peter (l'acteur Al Cliver qui connut de meilleurs jours en jouant notamment dans L'Enfer des Zombies de Lucio Fulci lui-même), l'employé des Corsini débarque un fusil à la main afin de déloger les trois intrus mais la scène tourne au carnage. Paul parvient à reprendre le dessus et Peter ainsi que les Corsini sont abattus...

la logique voudrait que la britannique Karina Huff, Keith Van Hoven, et Peter Hintz qui incarnent respectivement Sandra, Tony et Paul prennent ensuite la fuite mais non, ces trois benêts choisissent de demeurer en les lieux, les deux premiers forniquant même dans une chambre à l'étage, pas vraiment dérangés par la présence de cadavres au rez de chaussée. Quand la morale fout le camp... L'un des tout petits atouts que j'évoquais plus haut concerne le concept du ''voyage dans le temps'' qui se trouve être en partie au cœur du récit. En effet, lorsque les Corsini décèdent, toutes les horloges, montres et pendules (et même le sablier, ne l'oublions pas) se mettent à fonctionner à rebours. Ce qui a pour conséquence de... ''rembobiner'' les événements qui viennent de se produire et même, bien au delà. On l'aura compris, le scénario s'avère très original, baignant une œuvre légèrement graphique du point de vue hémoglobine, il plonge donc dans le fantastique. Malheureusement, car le spectateur ne peut que s'en douter dès les premières minutes, on est plus proche du cinéma de Bava, le fils, pas le père, que des chefs-d’œuvre morbides que le grand Lucio Fulci réalisa même pas dix ans en arrière...

The House of Clocks devient réellement ''intéressant'' au bout de trois quart d'heure seulement. Lorsque les Corsini sont morts et que leurs bourreaux demeurent à résidence. Lucio Fulci retrouve toutes proportions gardées ce climat trouble que dépeignaient certaines de ses plus remarquables œuvres. Un point plutôt positif malheureusement noyé dans une avalanche de défauts qui ruinent la quasi totalité du projet. À commencer par l'interprétation. Paolo Paolini et Bettine Milne qui incarnent le vieux couple sont encore ceux qui s'en sortent le mieux. Car si Karina Huff n'est pas la pire du trio Sandra/Tony/Paul, Keith Van Hoven et Peter Hintz se montrent en revanche pitoyables. À tel point qu'ils auraient mérité leur place au sein de AB Productions 

De plus, doublés ici en anglais, leur interprétation y est ''sublimée'' dans toute sa médiocrité. Mais les interprètes n'étant pas seuls responsables du naufrage, le spectateur aura la dent dure face à un Lucio Fulci qui insiste parfois sur des séquences longues à en perdre toute patience. La scène la plus représentative semblant demeurer celle d'une durée avoisinant les douze minutes durant laquelle on assiste au trajet en voiture de Sandra et de ses deux acolytes. Ou même, avant cela, la première partie essentiellement constituée de séquences montrant les Corsini évoluer au milieu de leurs horloges et autres pendules... Alors que The House of Clocks aurait mérité quelques coupes franches, Lucio Fulci préfère pourtant laisser les choses en l'état avec pour conséquences, un téléfilm souvent très ennuyeux accompagné d'une partition musicale absolument dégueulasse signée par Vince Tempera. Indigne de l'auteur de L'Enfer des Zombies, de Frayeurs et de L'Au-delà...

jeudi 21 mai 2020

Les Faux Jetons (Le Massaggiatrici) de Lucio Fulci (1962) - ★★★★★★★☆☆☆



Lorsque Lucio Fulci réalise en 1962 Les Faux Jetons (Le Massaggiatrici), il a derrière lui trois documentaires et cinq longs-métrages. Et parmi ces derniers, que des comédies. Le réalisateur italien est encore bien loin de l'horreur morbide et craspec qui le rendra célèbre dans le monde entier auprès des amateurs de cinéma d'épouvante. Dans le cas présent, on le rapprochera davantage d'un Edouard Molinaro (Oscar en 1967) ou d'un Jean Girault (Pouic Pouic en 1963, Jo en 1971) dans son approche de l'humour essentiellement constitué de quiproquos. Cette recette sert en effet de base à un long-métrage d'un peu moins de quatre-vingt dix minutes reposant sur les rapports entre une poignées de masseuses proposant des services très particuliers, et des hommes d'affaire en pourparler pour la construction d'un YMCA (Young Men's Christian Association). Une affaire qui doit se régler entre le président de la protection de la jeunesse positionné à Rome et deux industriels milanais descendus dans la capitale italienne pour l'occasion. Mais alors que tous mettent un point d'honneur à montrer patte blanche en matière de moralité, trois masseuses vont involontairement semer la zizanie et rendre compliquées les négociations...

On croirait presque que le scénario d'Oreste Biancoli, Italo De Tuddo, Vittorio De Tuddo et Antoinette Pellevant fut écrit pour notre Louis de Funès national tant le contenu de ces Faux Jetons ressemble à quelques-unes des excellentes comédies qu'il incarna notamment dans les années soixante, soixante-dix. Des séquences ponctuées d'innombrables embrouillaminis, les portes claquant et les acteurs s'interchangeant comme sur les planches d'un théâtre. Si Lucio Fulci est demeuré célèbre grâce à une poignée de films d'horreur cultissime, Les Faux Jetons prouve qu'il était tout autant à l'aise dans la comédie. Ce sixième long-métrage dans une carrière qui en compta plus de cinquante n'est sans doute pas un chef-d’œuvre et pourtant, impossible de s'y ennuyer. Le rythme est enlevé et les situations cocasses sont nombreuses. Quant aux acteurs, ils se montrent épatants. Et d'ailleurs, le public français notera tout d'abord la présence de l'un de ses plus grands interprètes en la personne de Philippe Noiret qui, doublé en italien est affublé d'un timbre étonnamment aigu. Un détail aussi pittoresque que la blondeur de sa chevelure d'ailleurs. Il incarne dans Les Faux Jetons, le rôle de Bellini, proche collaborateur du président de la jeunesse Cipriano Paolini lui-même incarné par l'autre acteur français du casting, Louis Seigner...

En dehors de ces deux là, le casting est essentiellement constitué de noms finissant en A, en I et en O parmi lesquels on retrouve le duo de comiques Franco et Ciccio (Franco Francesco Benenato et Ciccio Ingrassia) qui débarque véritablement dans l'aventure au bout des trois quarts de l'histoire. Bien moins impliqués que certains donc, le long-métrage de Lucio Fulci repose en fait tout d'abord sur l'interprétation d'Ernesto Calindri dans le rôle de Parodi et de Luigi Pavese dans celui de Manzini, les deux milanais en question. Mais Le Massaggiatrici ne serait pas Le Massaggiatrici sans la présences de la superbe triplette de masseuses interprétées par la magnifique actrice yougoslave Sylva Koscina, la séduisante véronaise Valeria Fabrizi et la très gauche Cristina Gaioni originaire de Lombardie. Trois jolies poupées qui feront tourner la tête des faux jetons du titre français. Le film de Lucio Fulci est demeuré très frais malgré toutes ces années. Il respire la bonne humeur et la complicité de ses interprètes. Une très agréable surprise dans laquelle, la morale finalement, est (presque) sauve...

The Lodge de Veronika Franz et Severin Fiala (2019) - ★★★★★★★☆☆☆



Plus le temps passe, et plus sont nombreux les réalisateurs qui semblent prendre conscience que l'avenir du cinéma d'épouvante se trouve peut-être dans l'horreur dite ''psychologique''. Cela, les réalisateurs australiens Veronika Franz et Severin Fiala semblent l'avoir bien compris. Ils auront attendu cinq ans avant de donner suite à leur remarquable premier essai dans le domaine de l'horreur et de l'épouvante, Goodnight Mommy. L'un des films les plus éprouvants et les plus effrayants de l'année 2014 auquel le duo semble vouloir donner un petit frère sans pour autant poursuivre les aventures de ces drôles de petits frangins qui furent persuadés que celle qui restait enfermée dans sa chambre n'était pas leur mère. À peu de choses près, The Lodge reproduit la même configuration. Une maison isolée, une adulte, et deux enfants. Après avoir été sensiblement inspirés par le chef-d’œuvre de Robert Mulligan The Other datant de 1972, désormais, c'est l’œuvre glaciale de l'autrichien Michael Haneke qui semble avoir servi de base à celle qui à plusieurs reprises fut la scénariste du génial Ulrich Seidl (Dog Days, Import Export, Sous-Sol, etc...) et de son compagnon cinématographique qui fut notamment de son côté le scénariste d'une poignée de courts-métrages dont Peau d'éléphant qu'il réalisa aux côtés d'Ulrike Putzer en 2009...

The Lodge offre un visuel proche de l'époque que souligne l'épais manteau de neige qui entoure la demeure où se déroulent la plupart des séquences. Bleu comme le gel, comme le froid, comme la mort. Le second long-métrage de Veronika Franz et Severin Fiala repose sur tout un tas d'hypothèses et autant d’incertitudes qui laissent supposer tout et son contraire. Le récit ne facilite donc pas vraiment la compréhension du spectateur qui évoque un temps, la présence de fantômes avant de repenser rétrospectivement à l'évocation du trouble psychologique dont souffre l'un des trois protagonistes, Grace Marshall, rôle interprété par l'actrice américaine Riley Keough. Et puis, quelque part, le nouveau film du duo semble se rappeler au bon souvenir de son public d'il y a cinq ans en arrière lorsque celui-ci fut confronté à deux gamins au comportement particulièrement inquiétant. Et si Veronika Franz et Severin Fiala ne faisaient tout bonnement que reproduire ce qui avait si bien fonctionné en 2014 ? Alors... The Lodge.... Fantastique ou pas fantastique ? Là encore, les deux réalisateurs préfèrent noyer le poisson en évoquant une autre hypothèse selon laquelle tout le monde serait déjà mort et vivrait sur un plan astral reproduisant la vie après la mort. Au spectateur de se débrouiller avec tout ça...

Veronika Franz et Severin Fiala se contentent en dehors de ce scénario plutôt mince mais parfois complexe qu'ils ont écrit en compagnie de Sergio Casci avant de lui faire prendre forme, de créer un climat particulièrement chargé. Effectivement, The Lodge est pesant. La photographie du grec Thimios Bakatakis renforce le sentiment d'oppression qui ressort de cette demeure composant avec des plafonds bas et des pièces ''victimes'' d'une distorsion visuelle assez perturbante. De quoi rendre tous ceux qui aiment vivre au grand air, claustrophobes. Le trio principal Riley Keough/Jaeden Martell/Lia McHugh campe avec suffisamment de subtilité leur personnage respectif pour que le doute demeure tout du moins jusqu'aux trois-quart du long-métrage. Après ça, l'histoire est pliée et le spectateur assistera à une révélation qui n'est, malheureusement pas à la hauteur de nos attentes. La fin semble en effet si évidente que l'on peu se demander où se situe finalement l'intérêt d'avoir patienté si longtemps devant une œuvre, de surcroît, un peu trop languissante. Toujours est-il que le duo formé par Veronika Franz et Severin Fiala parvient une nouvelle fois à créer un climat de trouble permanent. Sans doute pas aussi prenant et déstabilisant que Goodnight Mommy, The Lodge reste tout de même un film plutôt réussi...
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