Avant de devenir l'un des
grands mythes du cinéma fantastique, Le Fantôme de l'Opéra est
d'abord né sous la plume de l'écrivain français Gaston Leroux en
1909, année à partir de laquelle il apparaît sous la forme d'un
feuilleton dans le journal littéraire et politique quotidien Le
Gaulois. Si l’œuvre de Gaston
Leroux a connu un nombre important d'adaptations sous la forme de
comédies musicales, télévisuelles, théâtrales ou sous celles de
chansons, de ballets ou de bandes dessinées, c'est sans doute sur
grand écran que le mythe a connu parmi ses plus grandes heures. De
sa première apparition dans le long-métrage éponyme du réalisateur
néo-zélandais Rupert Julian en 1925, jusqu'en 2004 et celle de
l'américain Joel Schumacher, sans oublier bien sûr, sa plus
flamboyante adaptation, Phantom of the Paradise,
mise en scène en 1974 par le réalisateur Brian de Palma qui en
mêlant l'intrigue de Gaston Leroux à celles de Faust,
ou du Portrait de Dorian Gray de
l'écrivain irlandais Oscar Wilde a réalisé le chef-d’œuvre du
genre. On ne s'étonnera pas de voir parmi les quelques exemples
d'adaptations sur grand écran d'y voir apparaître celle de Terence
Fisher, l'un des plus célèbres cinéastes britanniques ayant
collaboré auprès de la firme Hammer Film Productions en
réalisant plusieurs des grands classiques de la société parmi
lesquels Frankenstein s'est Echappé
en 1957 et Le Cauchemar de
Dracula l'année
suivante...
Le Fantôme de
l'Opéra
qu'il réalise en 1962 pour la Hammer
est une adaptation plus ou moins fidèle de l’œuvre de Gaston
Leroux. Si la première partie reprend la trame qui ouvre le roman de
l'écrivain français, le scénario du scénariste britannique John
Elder prend quelques légèretés avec la suite des événements.
Concernant le fantôme lui-même pour commencer. Si celui de Gaston
Leroux est un ancien prestidigitateur au visage hideux réfugié dans
une étrange demeure bâtie sous l'Opéra du titre où se situe
l'action, celui de Terence Fisher est l'auteur d'un Opéra que lui a
volé l'infâme Ambrose D'Arcy. Après avoir découvert que celui-ci
a volé la création musicale du professeur Petrie, l'homme en
question a involontairement provoqué un incendie dans l'imprimerie
chargée de produire des exemplaires de l’œuvre sous le nom de
D'Arcy. Gravement brûlé, il se réfugie dans les égouts où, aidé
de son sauveteur et fidèle compagnon ''le nain'', il va lui faire
enlever la diva Christina Charles à laquelle il compte bien
consacrer sa nouvelle création. Effrayée par l'apparence du fantôme
dont le visage est atrocement défiguré, la jeune femme est retenue
prisonnière. Mais dehors, le directeur artistique Harry Cobtree se
lance à la recherche de la jeune femme...
Beaucoup
de choses divergent entre le roman et cette nouvelle adaptation,
donc. À commencer par le nom des personnages qui changent.
L'intrigue de ce Fantôme de l'Opéra
signé Terence Fisher se partage entre l'opéra où se noue
l'intrigue opposant l'immoral et narcissique Ambrose D'Arcy (un
compositeur sans talent qui espère connaître la gloire grâce à
l'opéra qu'il a volé à Petrie) au reste des membres qui composent
les employés, et l'incroyable décor servant de repère au fantôme
de l'opéra. Le maquillage de ce dernier est certes rudimentaire
puisque durant une très large partie du long-métrage l'acteur
incarnant Petrie Herbert Lom porte simplement un masque verdâtre,
mais l'ambiance créée par la musique jouée à l'orgue imprègne
l’œuvre d'une angoisse parfois terriblement pesante. On a
évidemment droit au ''serviteur'' bossu en la personne de l'acteur
Ian Wilson. Quant aux deux principaux acteurs du récit, ils sont
respectivement interprétés par les britanniques Heathers Sears qui
incarne Christina Charles et Edward de Souza qui lui, interprète
Harry Cobtree. De la performance de Michael Gough, on retiendra la
vilenie absolue de son personnage à côté duquel le Swan de Phantom
of the Paradise
formidablement interprété par Paul Williams douze ans plus tard
paraît bien innocent. Le Fantôme de l'Opéra de
Terence Fisher, même s'il prend des libertés avec l’œuvre
originale est sympathique à découvrir. Malheureusement, en
comparaison d'autres adaptations ou de l’œuvre de Gaston Leroux
lui-même, il apparaît comme l'une des plus faibles...
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