Lorsque Lucio Fulci
réalise en 1962 Les Faux Jetons
(Le Massaggiatrici),
il a derrière lui trois documentaires et cinq longs-métrages. Et
parmi ces derniers, que des comédies. Le réalisateur italien est
encore bien loin de l'horreur morbide et craspec qui le rendra
célèbre dans le monde entier auprès des amateurs de cinéma
d'épouvante. Dans le cas présent, on le rapprochera davantage d'un
Edouard Molinaro (Oscar
en 1967) ou d'un Jean Girault (Pouic Pouic en
1963, Jo en
1971) dans son approche de l'humour essentiellement constitué de
quiproquos. Cette recette sert en effet de base à un long-métrage
d'un peu moins de quatre-vingt dix minutes reposant sur les rapports
entre une poignées de masseuses proposant des services très
particuliers, et des hommes d'affaire en pourparler pour la
construction d'un YMCA
(Young
Men's Christian Association).
Une affaire qui doit se régler entre le président de la protection
de la jeunesse positionné à Rome et deux industriels milanais
descendus dans la capitale italienne pour l'occasion. Mais alors que
tous mettent un point d'honneur à montrer patte blanche en matière
de moralité, trois masseuses vont involontairement semer la zizanie
et rendre compliquées les négociations...
On
croirait presque que le scénario d'Oreste Biancoli, Italo De Tuddo,
Vittorio De Tuddo et Antoinette Pellevant fut écrit pour notre Louis
de Funès national tant le contenu de ces Faux
Jetons ressemble
à quelques-unes des excellentes comédies qu'il incarna notamment
dans les années soixante, soixante-dix. Des séquences ponctuées
d'innombrables embrouillaminis, les portes claquant et les acteurs
s'interchangeant comme sur les planches d'un théâtre. Si Lucio
Fulci est demeuré célèbre grâce à une poignée de films
d'horreur cultissime, Les Faux Jetons
prouve qu'il était tout autant à l'aise dans la comédie. Ce
sixième long-métrage dans une carrière qui en compta plus de
cinquante n'est sans doute pas un chef-d’œuvre et pourtant,
impossible de s'y ennuyer. Le rythme est enlevé et les situations
cocasses sont nombreuses. Quant aux acteurs, ils se montrent
épatants. Et d'ailleurs, le public français notera tout d'abord la
présence de l'un de ses plus grands interprètes en la personne de
Philippe Noiret qui, doublé en italien est affublé d'un timbre
étonnamment aigu. Un détail aussi pittoresque que la blondeur de sa
chevelure d'ailleurs. Il incarne dans Les Faux
Jetons,
le rôle de Bellini, proche collaborateur du président de la
jeunesse Cipriano Paolini lui-même incarné par l'autre acteur
français du casting, Louis Seigner...
En
dehors de ces deux là, le casting est essentiellement constitué de
noms finissant en A, en I et en O parmi lesquels on retrouve le duo
de comiques Franco
et Ciccio
(Franco Francesco Benenato et Ciccio Ingrassia) qui débarque
véritablement dans l'aventure au bout des trois quarts de
l'histoire. Bien moins impliqués que certains donc, le long-métrage
de Lucio Fulci repose en fait tout d'abord sur l'interprétation
d'Ernesto Calindri dans le rôle de Parodi et de Luigi Pavese dans
celui de Manzini, les deux milanais en question. Mais Le
Massaggiatrici
ne serait pas Le Massaggiatrici
sans la présences de la superbe triplette de masseuses interprétées
par la magnifique actrice yougoslave Sylva Koscina, la séduisante
véronaise Valeria Fabrizi et la très gauche Cristina Gaioni
originaire de Lombardie. Trois jolies poupées qui feront tourner la
tête des faux
jetons
du titre français. Le film de Lucio Fulci est demeuré très frais
malgré toutes ces années. Il respire la bonne humeur et la
complicité de ses interprètes. Une très agréable surprise dans
laquelle, la morale finalement, est (presque) sauve...
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