Plus le temps passe, et
plus sont nombreux les réalisateurs qui semblent prendre conscience
que l'avenir du cinéma d'épouvante se trouve peut-être dans
l'horreur dite ''psychologique''. Cela, les réalisateurs australiens
Veronika Franz et Severin Fiala semblent l'avoir bien compris. Ils
auront attendu cinq ans avant de donner suite à leur remarquable
premier essai dans le domaine de l'horreur et de l'épouvante,
Goodnight Mommy.
L'un des films les plus éprouvants et les plus effrayants de l'année
2014 auquel le duo semble vouloir donner un petit frère sans pour
autant poursuivre les aventures de ces drôles de petits frangins qui
furent persuadés que celle qui restait enfermée dans sa chambre
n'était pas leur mère. À peu de choses près, The
Lodge
reproduit la même configuration. Une maison isolée, une adulte, et
deux enfants. Après avoir été sensiblement inspirés par le
chef-d’œuvre de Robert Mulligan The Other
datant de 1972, désormais, c'est l’œuvre glaciale de l'autrichien
Michael Haneke qui semble avoir servi de base à celle qui à
plusieurs reprises fut la scénariste du génial Ulrich Seidl (Dog
Days,
Import Export,
Sous-Sol,
etc...) et de son compagnon cinématographique qui fut notamment de
son côté le scénariste d'une poignée de courts-métrages dont
Peau d'éléphant
qu'il réalisa aux côtés d'Ulrike Putzer en 2009...
The Lodge offre
un visuel proche de l'époque que souligne l'épais manteau de neige
qui entoure la demeure où se déroulent la plupart des séquences.
Bleu comme le gel, comme le froid, comme la mort. Le second
long-métrage de Veronika Franz et Severin Fiala repose sur tout un
tas d'hypothèses et autant d’incertitudes qui laissent supposer
tout et son contraire. Le récit ne facilite donc pas vraiment la
compréhension du spectateur qui évoque un temps, la présence de
fantômes avant de repenser rétrospectivement à l'évocation du
trouble psychologique dont souffre l'un des trois protagonistes,
Grace Marshall, rôle interprété par l'actrice américaine Riley
Keough. Et puis, quelque part, le nouveau film du duo semble se
rappeler au bon souvenir de son public d'il y a cinq ans en arrière
lorsque celui-ci fut confronté à deux gamins au comportement
particulièrement inquiétant. Et si Veronika Franz et Severin Fiala
ne faisaient tout bonnement que reproduire ce qui avait si bien
fonctionné en 2014 ? Alors... The Lodge....
Fantastique ou pas fantastique ? Là encore, les deux
réalisateurs préfèrent noyer le poisson en évoquant une autre
hypothèse selon laquelle tout le monde serait déjà mort et vivrait
sur un plan astral reproduisant la vie après la mort. Au spectateur
de se débrouiller avec tout ça...
Veronika
Franz et Severin Fiala se contentent en dehors de ce scénario plutôt
mince mais parfois complexe qu'ils ont écrit en compagnie de Sergio
Casci avant de lui faire prendre forme, de créer un climat
particulièrement chargé. Effectivement, The
Lodge
est pesant. La photographie du grec Thimios Bakatakis renforce le
sentiment d'oppression qui ressort de cette demeure composant avec
des plafonds bas et des pièces ''victimes'' d'une distorsion
visuelle assez perturbante. De quoi rendre tous ceux qui aiment vivre
au grand air, claustrophobes. Le trio principal Riley Keough/Jaeden
Martell/Lia McHugh campe avec suffisamment de subtilité leur
personnage respectif pour que le doute demeure tout du moins
jusqu'aux trois-quart du long-métrage. Après ça, l'histoire est
pliée et le spectateur assistera à une révélation qui n'est,
malheureusement pas à la hauteur de nos attentes. La fin semble en
effet si évidente que l'on peu se demander où se situe finalement
l'intérêt d'avoir patienté si longtemps devant une œuvre, de
surcroît, un peu trop languissante. Toujours est-il que le duo formé
par Veronika Franz et Severin Fiala parvient une nouvelle fois à
créer un climat de trouble permanent. Sans doute pas aussi prenant
et déstabilisant que Goodnight Mommy,
The Lodge
reste tout de même un film plutôt réussi...
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