Auteur en 2016 de l'un
des meilleurs longs-métrages mettant en scène un requin-tueur avec
The Shallows,
le réalisateur espagnol Jaume Collet-Serra s'est constitué depuis
une quinzaine d'années une filmographie de qualité. Passant de
l'épouvante avec Esther
en 2009, jusqu'au film d'action parmi lesquels Non-Stop
en 2014 pour lequel il offrait à l'acteur
irlando-britannico-américain Liam Neeson, le rôle principal pour la
seconde fois dans l'un de ses films. Avec tout ce que cela suppose de
caricatural (le musulman et quelques types à la gueule patibulaire
faisant les frais d'une suspicion), Jaume Collet-Serra réalise un
film d'action particulièrement efficace en terme de retournements de
situation, de rythme, et d'action. Si faire tenir sur la longueur un
récit se déroulant exclusivement à bord d'un avion de ligne
n'était pas un pari gagné d'avance, le scénario de John W.
Richardson et Christopher Roach compile tellement d'événements
qu'il est pratiquement impossible d'être blasé devant le spectacle
permanent de ce marshall convaincu qu'il y a à bord du vol New York
– Londres, un terroriste qui menace de tuer un passager toutes les
vingt minutes si cent-cinquante millions de dollars ne sont pas
transférés sur son compte en banque...
Toute
la difficulté face à laquelle se trouve le réalisateur espagnol
est de rendre concrète toute une série d'événements qui placés
côte à côtes évitent au long-métrage de tomber dans le
grotesque. Mais si la frontière qui mène à la grandiloquence et
parfois malheureusement franchie à plusieurs occasions, fixant pour
l'éternité Non-Stop
dans la catégorie des récits improbables, Jaume Collet-Serra
possède ce don inné de pouvoir faire passer (presque) n'importe
quelle pilule à un spectateur noyé sous une avalanche de
retournements de situations. En observant le comportement de certains
passagers ou se faisant plus simplement une idée toute faite de leur
apparence, le spectateur fonce forcément tête baissée, droit dans
le mur. Jaume Collet-Serra conçoit son œuvre comme un habile puzzle
dont les pièces son reconstituées au fil de l'intrigue. En semant
le doute en permanence, le réalisateur provoque le doute dans la
tête du spectateur qui hésite même parfois à se demander si le
héros, formidablement interprété par Liam Neeson ne serait pas
lui-même l'auteur de cet extravagant coup monté...
Surtout,
Non-Stop
rouvre des blessures qui n'ont jamais vraiment cessé de saigner.
Sans vouloir trop en dévoiler au risque de faire des révélations
qui mineraient l'intérêt du film pour ceux qui ne l'auraient pas
encore vu, l’œuvre de Jaume Collet-Serra nourrit le récit de
divers traumas avec, en parallèle, l'implication logique des réseaux
sociaux et des divers médias audiovisuels. Si certaines séquences
virent presque involontairement au burlesque en prenant des
raccourcis un peu trop faciles (pour exemple, l'avion est victime à
deux reprises de secousses qui arrangent les actes du terroriste au
moment opportun), Jaume Collet-Serra parvient à faire passer le
tout grâce à un sens de la mise en scène remarquable. Le
réalisateur et son équipe technique exploitent parfaitement
l'environnement de l'avion ainsi que la réaction de ses passagers
réagissant au grès des événements. Mais le fait que Non-Stop
soit un thriller bourré d'action n'empêche pas une certaine
émotion. À diverses reprises, l'espagnol parvient effectivement à
transmettre quelques messages forts qui contrebalancent avec ce
huis-clos situé dans les airs, pas toujours crédible, il est vrai,
mais diablement efficace. Aux côtés de Liam Neeson, on retrouve
notamment l'actrice Julianne Moore dans le rôle de la passagère Jen
Summers, Michelle Dockery dans celui de l'hôtesse Nancy Hoffman, ou
encore Corey Stoll dans la peau du flic Austin Reilly. Avec Non-Stop,
Jaume Collet-Serra ne laisse au spectateur, pas une minute de répit.
Et c'est finalement tout ce qu'on lui demande...
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