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vendredi 5 juillet 2019

A Cure for Wellness de Gore Verbinski (2017) - ★★★★★★★☆☆☆







Au début des années 2000, le cinéaste et producteur américain Gore Verbinski prouvait qu'il était en mesure de remplir la délicate mission de réaliser le remake de l'un des meilleurs films d'épouvante japonais, Ringu du cinéaste Hideo Nakata, tout en ne produisant qu'une infime part de déchets. Une tentative plutôt convaincante qui laissa notamment place à trois des volets de la franchise Pirates des Caraïbes et une tentative avortée d'en créer une nouvelle mais qui semble avoir échoué à l'issue du premier opus (la suite des aventures de Lone Ranger : Naissance d'un héros ne sera sans doute jamais tournée). Fort logiquement comparé au succès de Pirates des Caraïbes, le film est un échec et ne rapportera pas beaucoup plus que le budget de 215 millions de dollars alloués à l'origine.
Avec ses 40 millions de dollars de budget, soit la plus petite somme consacrée à l'un de ses films juste après son Mouse Hunt datant de 1997, Gore Verbinski prouve que l'argent ne constitue pas l'essentiel d'un long-métrage et que sans le talent de son écriture (ici, l’œuvre du scénariste et romancier Justin Haythe), de sa mise en scène ou de son interprétation, un film reposerait sur des bases manquant d'aplomb.

Si le récit de A Cure for Wellness n'entretient que de lointains rapports avec le Shutter Island de Martin Scorsese, il paraît cependant évident d'en établir une certaine comparaison. D'un point de vue esthétique tout d'abord puisque les deux oeuvres se rejoignent sensiblement sur ce point, mais aussi en terme de narration. D'un côté comme de l'autre, elles opposent deux individus enquêtant sur la recherche de patients ayant respectivement disparu. Deux trames qui vont opposer ces héros ordinaires (d'un côté le marshal Teddy Daniels, incarné par l'acteur Leonardo DiCaprio, de l'autre le jeune cadre ambitieux Lockhart interprété par Dane DeHaan) non seulement à la recherche de la vérité mais également les pousser malgré eux à une certaine forme d'introspection.

A Cure for Wellness est une œuvre ambitieuse de presque deux heure-trente magnifiée par la superbe photographie du directeur de la photographie monténégrin Bojan Bazelli et par l'exceptionnel site qui ouvrit ses portes à l'occasion du tournage: le Château de Hohenzollern, fief ancestral de la famille royale et impériale du même nom. Une ambition qui malheureusement, finira par s'étioler à force de durer au delà du raisonnable. Des cent-quarante six minutes que dure le long-métrage de Gore Verbinski, le cinéaste aurait dû le ''nettoyer'' d'une bonne demi-heure. Celle qui justement clôt l’œuvre en prenant des airs de grand-guignol explicatif à l'attention d'un public sans doute jugé d'insuffisamment instruit pour s'être déjà fait une opinion sur les tenants et les aboutissants de cette histoire qui, en revanche, débute sous les meilleurs augures.
Alors que j'étais déjà personnellement près à l'identifier comme un étant un excellent prétendant au titre de ''Shining des années 2010'', A Cure for Wellness a sans doute tenu la route pendant une bonne partie de l'intrigue, mais est malheureusement retombé à travers une dernière demi-heure que le cinéaste s'est sans doute senti obligé de transformer en un banal récit. Une histoire mêlant le Prométhée moderne de Mary Shelley à une certaine forme de vampirisme moderne sans croix, ni ail ni dents longues. Les seules dents longues que vous trouverez dans A Cure for Wellness sont d'ailleurs celles du héros impeccablement incarné par l'acteur américain Dane DeHaan dont la vague ressemblance avec son homologue Leonardo DiCaprio aurait presque été gênante si le jeune interprète originaire d'Allentown en Pennsylvanie n'avait fait preuve d'un talent exceptionnel.

Dans la peau de l'arriviste Lockhart, l'humeur de l'acteur et surtout, son apparence, changent à mesure que son personnage intègre consciemment les activités sous-jacentes que mène Volmer, le directeur d'un centre de remise en forme prisé de riches et vieux milliardaires. Un Volmer incarné par l'acteur et producteur britannique Jason Isaacs qui endosse à l'occasion, le costume et l'attitude d'un ersatz du Josef Mengele de triste mémoire. Du moins, c'est ce que laissent supposer certains détails. Des indices que le cinéaste s'amuse à faire sauter en éclats pour mieux divertir le spectateur et l'emmener vers de multiples voies qui mènent finalement toutes à des incertitudes jusqu'à ce qu'enfin nous soit révélée la terrible vérité.

A vrai dire, le sujet n'est pas nouveau. A titre d'exemple, il suffirait juste d'évoquer le classieux The Hunger de Tony Scott avec Catherine Deneuve et David Bowie sorti trente-quatre ans plus tôt pour s'en convaincre. Cependant, le traitement que fait Gore Verbinski de son sujet attire l'attention de l'amateur de thrillers mâtinés d'épouvante. Car dans ce dédale de pièces qui ne mènent parfois que dans des culs de sac, dans ces profondeurs abyssales où sont menées des recherches sur ce symbole qu'il est devenu commun de nommer sous le terme de ''Fontaine de Jouvence'', l'auteur de The Ring sait y faire pour s'attirer les faveurs des amateurs de frissons. Et ce, que grâce lui soit rendu, sans qu'à aucun moment il n'ait eu recours à la méthode du ''Jump Scare'' qui de toute manière n'a plus aucun effet depuis des années. Gore Verbinski évoque surtout l'idée selon laquelle aucune voie de secours n'est possible. Entre les charges, les responsabilités professionnelles pesantes du héros travaillant à New York, et le village absolument terrifiant, seul refuge possible mais non dénué de danger (la totalité des habitants semble atteinte de consanguinité. En bref, des ''rednecks'' à la sauce suisse-allemande), tout semble le ramener à son point de départ. Cette dévoreuse implacable, cette remarquable batisse qui fut le théâtre, jadis, d'un événement que l'on relate encore de nos jours entre les murs de cette prison dorée.

Beau comme un ancien modèle de voiture toute en courbes élégantes. Mise en scène, cadrage, décors, lumière et montage remarquables. Interprétation au cordeau. Sublime partition musicale du compositeur britannique Benjamin Wallfisch (la berçeuse est furieusement entêtante)... Tout aurait dû faire de A Cure for Wellness, l'un des plus importants films d'épouvante des années 2010. Pourtant, ce n'est qu'à quelques pas de la ligne d'arrivée que le château de carte finit par s'écrouler sous le poids explicatif de son auteur. Dans d'autres circonstances, le spectateur aurait pu louer cette volonté de la part de Gore Verbinski de vouloir faire durer le plaisir de manière paroxystique, mais à vouloir trop en faire, c'est l'effet inverse qui se produit et le spectateur finit par ne plus espérer que l'arrivée du générique de fin. A voir tout de même pour son énorme potentiel et surtout pour ses... disons.... cent première minutes...

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