Trente-trois ans après
le cultissime Combat Shock, le cinéaste américain
Buddy Giovinazzo déboule en 2009 avec un quatrième long-métrage
inspiré d'un recueil de nouvelles écrites de ses propres mains.
Life Is Hot in Cracktown décrit
les destins croisés de plusieurs individus vivant dans un même
quartier de Manhattan rongé par la drogue, la prostitution et la
violence. Buddy Giovinazzo explore à nouveau ses thèmes de
prédilection dans une œuvre qui cette fois-ci souffre beaucoup
moins du manque de moyens que son premier long-métrage. Pour autant,
le cinéaste n'a pas choisi de retourner sa veste et propose un
spectacle sans concession et sans espoir possible puisque le casting
de Life Is Hot in Cracktown n'est
pratiquement constitué que d'anti-héros. Les uns commettent des
meurtres, se droguent ou se prostituent tandis que les autres tentent
de survivre dans cet univers de cauchemar par tous les moyens.
C'est
ainsi qu'il nous présente ses différents personnages. Sans fard (ou
presque), le temps ne compte pas et ces instantanés qui ne peuvent
mener qu'à la mort de ses personnages puisent dans la réalité d'un
quotidien sur lequel nous préférons habituellement fermer les yeux.
Tout commence avec Romeo, un gamin de quatorze ans, chef d'un gang
initiant ses membres au viol et au racket. Puis c'est au tour de
Manny et Concetta d'entrer en scène. Parents d'un bébé qui passe
ses journées entières à pleurer, elle reste à la maison tandis
que lui travaille de jour pour un trafiquant de drogue et de nuit
dans une épicerie régulièrement pillée par des voleurs. Marybeth
et Benny forment quant à eux un couple atypique, la jeune femme
étant en fait un travesti. Tout deux toxicomanes, ils se paient leur
drogue grâce aux passes de Marybeth. Dans cet univers singulièrement
glauque, le jeune Willy demeure finalement le plus sain d'entre tous.
Frère de la petite Susie, il s'assure de son bien-être et vit aux
côtés de sa mère et de Chaz, un toxicomane assez violent.
C'est
donc dans des conditions de vie déplorables que déambulent les
personnages de Life Is Hot in Cracktown
et
l'on comprend que le rire n'a pas sa place dans ce film. Outre
l'aspect parfaitement reconnaissable de son auteur, les personnages
ont parfaitement été intégrés dans l'esprit de leur interprètes
respectifs. De Evan Ross qui campe le rôle de Romeo à Mark Webber
dans celui de Ridley/Gabrielle en passant par la formidable Kerry
Washington qui interprète le difficile rôle de Marybeth, tous sont
magistraux.
Pour
autant, Life Is Hot in Cracktown est
loin d'être une totale réussite. Il suffirait juste de le comparer
au récent et sublime Moonlight
de Barry Jenkins pour s'en convaincre. Assez mal noté par la presse
en général, le film de Buddy Giovinazzo est pourtant essentiel en
ce sens où sa thématique est rarement représentée au cinéma de
manière aussi abrupte. Le cinéaste américain choisit délibérément
de tourner une œuvre coup de poing, certes pas définitive, mais
comme il aime à le rappeler parfois lors d'interviews, la violence
ne peut se concevoir chez lui que dans son aspect le plus crade. Et
encore... si on compare Life Is Hot in
Cracktown à
Combat Shock,
les plus sensibles peuvent se rassurer : Buddy Giovinazoo a
cette fois-ci choisi de mettre de côté la surenchère gratuite et
nihiliste de son premier long-métrage. Life
Is Hot in Cracktown
est avant tout à conseiller à celles et ceux qui apprécient le
travail du cinéaste et ne sont pas trop regardant sur l'aspect
technique de son œuvre...
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