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vendredi 14 avril 2017

A l'Intérieur de Julien Maury et Alexandre Bustillo (2007) - ★★★★★★★★☆☆



Alors que Martyrs de Pascal Laugier à tant fait parler de lui avant, pendant et après sa sortie en 2008, il faut sans aucun doute remonter jusqu'à l'année précédente pour trouver LE film d'horreur français qui remis notre nation sur les rails d'un cinéma outrancier que les cinéastes français, toujours opportunistes, tentaient de faire pencher sur la balance et sur laquelle pesait de tout son poids, et très majoritairement, le cinéma américain. Les français et le gore, c'est une histoire d'amour vieille de plusieurs décennies qui connu sa première véritable boursouflure avec Baby Blood et auquel le film du duo formé par les cinéastes Julien Maury et Alexandre Bustillo, A l'Intérieur, semble être un hommage. Du moins, un prolongement. Un fils spirituel détrônant sans le moindre mal une petite bande horrifique qui du coup, a pris un sacré coup de vieux.
A l'Intérieur, lui, a encore de beaux jours à vivre. Et même si les médias ont surtout encensé Martyrs et que d'autres se sont essayé avec plus ou moins de bonheur à l'horreur viscérale (au hasard Frontière(s) de Xavier Gens ou Haute Tension d'Alexandre Aja), A l'Intérieur demeure celui qui marque au fer rouge celui qui le découvre pour la première. Julien Maury et Alexandre Bustillo s'entourent d'abord d'un casting impeccable. Alysson Paradis dans le rôle de Sarah qui, décidément n'a pas de chance puisqu'après avoir perdu son compagnon dans un grave accident de voiture quatre mois auparavant, cette jeune femme enceinte dont l'accouchement est programmé pour le lendemain du réveillon de Noël va se retrouver piéger dans sa propre demeure avec à ses trousses, une inconnue. Enfin, pas vraiment. Du moins pour cette dernière qui semble connaître « l'histoire » de la future maman. Tout le récit s'articule donc entre ces deux personnages, et s'il n'est nul besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre que l'accident du départ est le lien qui les rapproche, tout l'intérêt de A l'Intérieur ne se situe fort heureusement pas que là.

Julien Maury et Alexandre Bustillo réussissent le tour de force de réaliser une œuvre qui excite deux des sens les plus sensibles du spectateur : la vue et l’ouïe. Grâce à la photographie de Laurent Barès, nous prenons place dans un liquide amniotique dont les fuites sont résorbées par les murs d'une demeure où tous les fantasmes sont permis. Pas seulement ceux, déviants, de l'inconnue, mais aussi ceux des spectateurs qui pour le coup, vont en avoir pour leur argent. A l'Intérieur patauge dans une mare de sang incroyable, dépassant (fort heureusement en de très rares occasions) les limites du « bon goût » et ce, notamment lorsqu'un flic se relève de sa blessure pour attaquer la pauvre Sarah. Une scène qui frise le ridicule mais qui au regard du reste, demeure anecdotique. Au delà d'une histoire somme toute basique et dont on devine assez vite la teneur, le vrai coup de génie des deux cinéaste est cette échappée dans la psyché d'une déséquilibrée rendue folle par la perte d'un enfant. Et pour mieux nous faire entrer dans sa tête, point de mise en scène à la première personne comme avaient pu le faire en son temps le cinéaste autrichien Gerald Kargl avec son impressionnant et prodigieux Schizophrenia ou Franck Khalfoun avec son remake du classique de l'horreur Maniac de William Lustig mais une image, un grain qui se délie au fil de l'intrigue jusqu'à sa conclusion, incroyablement nihiliste. Julien Maury et Alexandre Bustillo osent tout et tapent à chaque fois dans le mille. En s'offrant le privilège d'une interprétation sans faille et d'un décorum mortifère totalement maîtrisé, A l'Intérieur s'offre alors les atours d'une œuvre d'art à l'esthétisme morbide que n'aurait sans doute pas renié un certain Gaspar Noé.

Et si comme tout ceci ne suffisait pas, le rôle de l'inconnue, les deux cinéastes l'ont offert à notre Béatrice Dalle nationale qui de son sourire carnassier n'a jamais parue aussi terrifiante. Elle qui déjà avait marqué les esprits dans le très étrange et parfois insoutenable Trouble Every Day de Claire Denis, elle offre une performance incroyable dans ce qui demeure, de mon avis, comme le meilleur film d'horreur français jusqu'à ce jour. Et c'est pourquoi j'attends, avec une fébrile impatience, la vision personnelle de Julien Maury et Alexandre Bustillo qui ont réalisé une préquelle au classique de Tobe Hooper, Massacre à la Tronçonneuse. Reste à savoir maintenant quant leur dernier bébé sortira...

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