Le cinéaste américain
indépendant Buddy Giovinazzo aura attendu dix ans tout rond avant de
réaliser son second long-métrage après son traumatisant Combat
Shock sorti en 1986. Dix années durant lesquelles il en
aura sans doute profité pour peaufiner son métier de réalisateur
puisque No Way Home n'arbore plus l'incroyable degré
d'amateurisme de son premier long-métrage même si on est encore
loin du format trop propre des productions hollywoodiennes. De plus,
pour donner forme à ce nouveau projet, il fait appel à trois
acteurs connus. Tim Roth, qui interpréta le rôle de M. Orange dans
Reservoir Dogs de Quentin Tarantino, l'actrice Deborah
Kara Unger qui tourna pour le canadien David Cronenberg dans Crash,
et enfin James Russo qui jusqu'à aujourd'hui a tourné dans plus de
quatre-vingt dix films.
Pour son second
long-métrage, Buddy Giovinazzo ne déroge pas à ses habitudes et
propose une plongée dans le quotidien de l'ex-taulard Joey qui après
avoir passé six ans en prison pour avoir couvert son frère décide
de rentrer chez lui. Mais beaucoup de choses ont changées. Leur
mère est morte et lorsque Joey vient frapper à la porte de la
maison familiale il est reçu par Lorraine, l'épouse de son frère
Tommy. Considéré par tous sauf par ce dernier comme un débile,
Joey possède en réalité toute sa tête. Il est juste un peu lent
comme il l'indique lui-même depuis qu'il s'est fracturé le crâne
lors d'un match de volley-ball il y a de nombreuses années...
No Way Home décrit
donc avec précision le retour à la vie d'un homme qui en a bavé en
prison mais qui a aussi appris à se défendre contre ceux qui ont
attenté à sa vie. Si sa relation avec sa belle-sœur est plutôt
tendue, leurs rapports vont s'améliorer au fil du temps. Mais comme
Buddy Giovinazzo n'a pas l'habitude de nous conter de belles
histoires d'amour ou d'amitié, le récit de son deuxième
long-métrage sera émaillé de scènes violentes, de conflits et de
meurtres. Si Tim Roth et Deborah Kara Unger nous apparaissent comme
deux êtres attachants dont on devine très vite qu'ils vont se
rapprocher l'un de l'autre (sans pour autant aller au delà des
limites du raisonnable comme cela est l'habitude dans ce genre de
situations) tandis que le personnage campé par James Russo aura
tendance à faire régner le désordre, le film transpire
généralement un sentiment de pessimisme. Un nihilisme généralisé
par les rencontres et les retrouvailles du héros interprété par
Tim Roth. Qu'il s'agisse de son ancienne compagne ou justement des
rapports qu'il entretient avec son frère Tommy, on imagine
facilement que tout peut basculer en un simple claquement de doigts.
En dix ans, Buddy Giovinazzo a eut le temps d'écrire une anthologie
tournant autour du
« Crack »
(Life is Hot in
Cracktown
qu'il adaptera lui-même en 2009), de réaliser un court-métrage
d'horreur (Jonathan of the Night)
et de signer une ébauche de ce qu'aurait pu être la suite du
cultissime Maniac
de William Lustig. Autant d'années à bien choisir sa façon de
tourner tout en demeurant fidèle aux décors urbains sordides qui
accompagnent chacun de ses films. Un amour voué à la décrépitude
d'une civilisation qui ne peut s'en remettre qu'aux armes, à la
violence, à la prostitution ou à la drogue.
Tout
comme dans Combat Shock
et plus tard dans Life is Hot in Cracktown,
le cinéaste s'attarde sur l'étude du cercle familial explosant sous
la pression. Ses interprètes sont tous soit des chômeurs, soit des
repris de justice, et d'une manière sont tous les victimes d'une
société qui les a condamnés à la marginalisation. No Way Home
n'est peut-être pas un GRAND film, mais il a le mérite d'exister et
de nourrir la filmographie rachitique d'un cinéaste auquel certains
ont décidé de vouer un véritable culte. J'en fais partie...
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