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dimanche 16 avril 2017

No Way Home de Buddy Giovinazzo (1996) - ★★★★★★★☆☆☆



Le cinéaste américain indépendant Buddy Giovinazzo aura attendu dix ans tout rond avant de réaliser son second long-métrage après son traumatisant Combat Shock sorti en 1986. Dix années durant lesquelles il en aura sans doute profité pour peaufiner son métier de réalisateur puisque No Way Home n'arbore plus l'incroyable degré d'amateurisme de son premier long-métrage même si on est encore loin du format trop propre des productions hollywoodiennes. De plus, pour donner forme à ce nouveau projet, il fait appel à trois acteurs connus. Tim Roth, qui interpréta le rôle de M. Orange dans Reservoir Dogs de Quentin Tarantino, l'actrice Deborah Kara Unger qui tourna pour le canadien David Cronenberg dans Crash, et enfin James Russo qui jusqu'à aujourd'hui a tourné dans plus de quatre-vingt dix films.
Pour son second long-métrage, Buddy Giovinazzo ne déroge pas à ses habitudes et propose une plongée dans le quotidien de l'ex-taulard Joey qui après avoir passé six ans en prison pour avoir couvert son frère décide de rentrer chez lui. Mais beaucoup de choses ont changées. Leur mère est morte et lorsque Joey vient frapper à la porte de la maison familiale il est reçu par Lorraine, l'épouse de son frère Tommy. Considéré par tous sauf par ce dernier comme un débile, Joey possède en réalité toute sa tête. Il est juste un peu lent comme il l'indique lui-même depuis qu'il s'est fracturé le crâne lors d'un match de volley-ball il y a de nombreuses années...

No Way Home décrit donc avec précision le retour à la vie d'un homme qui en a bavé en prison mais qui a aussi appris à se défendre contre ceux qui ont attenté à sa vie. Si sa relation avec sa belle-sœur est plutôt tendue, leurs rapports vont s'améliorer au fil du temps. Mais comme Buddy Giovinazzo n'a pas l'habitude de nous conter de belles histoires d'amour ou d'amitié, le récit de son deuxième long-métrage sera émaillé de scènes violentes, de conflits et de meurtres. Si Tim Roth et Deborah Kara Unger nous apparaissent comme deux êtres attachants dont on devine très vite qu'ils vont se rapprocher l'un de l'autre (sans pour autant aller au delà des limites du raisonnable comme cela est l'habitude dans ce genre de situations) tandis que le personnage campé par James Russo aura tendance à faire régner le désordre, le film transpire généralement un sentiment de pessimisme. Un nihilisme généralisé par les rencontres et les retrouvailles du héros interprété par Tim Roth. Qu'il s'agisse de son ancienne compagne ou justement des rapports qu'il entretient avec son frère Tommy, on imagine facilement que tout peut basculer en un simple claquement de doigts. En dix ans, Buddy Giovinazzo a eut le temps d'écrire une anthologie tournant autour du « Crack » (Life is Hot in Cracktown qu'il adaptera lui-même en 2009), de réaliser un court-métrage d'horreur (Jonathan of the Night) et de signer une ébauche de ce qu'aurait pu être la suite du cultissime Maniac de William Lustig. Autant d'années à bien choisir sa façon de tourner tout en demeurant fidèle aux décors urbains sordides qui accompagnent chacun de ses films. Un amour voué à la décrépitude d'une civilisation qui ne peut s'en remettre qu'aux armes, à la violence, à la prostitution ou à la drogue.

Tout comme dans Combat Shock et plus tard dans Life is Hot in Cracktown, le cinéaste s'attarde sur l'étude du cercle familial explosant sous la pression. Ses interprètes sont tous soit des chômeurs, soit des repris de justice, et d'une manière sont tous les victimes d'une société qui les a condamnés à la marginalisation. No Way Home n'est peut-être pas un GRAND film, mais il a le mérite d'exister et de nourrir la filmographie rachitique d'un cinéaste auquel certains ont décidé de vouer un véritable culte. J'en fais partie...

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