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lundi 17 avril 2017

La légende de Zatoïchi (I) : Le masseur aveugle "Zatōichi monogatari" de Kenji Misumi (1962) - ★★★★★★★★☆☆



Premier volet d'une immense saga constituée de vingt-six longs-métrages, La légende de Zatoïchi : Le masseur aveugle est censé se dérouler dans la région de Shimosa. C'est dans un petit village de cette province japonaise qu'arrive le masseur itinérant Zatoichi qui sur demande du chef de clan de Iioka a accepté de le servir en échange de quelques pièces d'or afin de défaire l'autorité de son ennemi juré, le chef du clan Sasagawa. Ce dernier à lui-même loué les services du samouraï Hirate afin de s'assurer de sa victoire lors d'une bataille qui paraît inévitable.
Un matin, alors que Zatoichi pêche au bord d'un étang, il est rejoint par Hirate. Les deux hommes se lient très vite d'amitié. Le premier ne concevant pas d'avoir à se battre en duel contre son nouvel ami, Hirate, lui, est prêt à mourir s'il faut de la lame même de Zatoichi le yakuza. Le conflit semble prendre forme le jour où le clan Sasagawa renvoie chez ceux du clan Iioka le cadavre de l'un de ses hommes. La guerre est désormais déclarée. Mais entre Zatoichi qui décide de ne plus intervenir dans le conflit et Hirate qui se meurt de tuberculose, les deux clans risquent de devoir s'affronter sans les hommes qu'ils ont respectivement engagé.Le clan Sasagawa risque d'ailleurs d'en pâtir puisque ses rangs comptent deux fois moins d'hommes que ceux de Iioka...

S'il ne faisait pas preuve de sa grande maîtrise dans l'art du sabre, le héros Zatoichi incarné par l'acteur Shintarō Katsu nous serait apparu comme un être faible, diminué par la cécité, et d'une roublardise à toutes épreuves (on le voit en effet monnayer sa participation au combat prochain sans montrer de réelles motivations quant à sa future participation). Aveugle mais pas sourd, ce personnage immédiatement attachant possède des valeurs qu'il est difficile de dénicher au départ et qui n'apparaîtront effectivement qu'après une bonne moitié du film. D'un comportement débonnaire qui laisse songeur quant à sa capacité à régler des conflits opposant deux factions de yakuzas qui se détestent royalement, on le découvre en réalité maître de lui et n'usant de son arme qu'en dernier recours.
Shintarō Katsu campe un Zatoichi merveilleux de sagesse. Priant dans un temple séculaire au cœur d'un minuscule village reconstitué où se révèle un art de vivre qui n'appartient qu'au pays qui l'accueille, le sombre projet des deux clans n'est pas l'unique centre d'intérêt d'une œuvre peu généreuse en combats. C'est presque autour de l'amitié entre Zatoichi et Hirate que s'articule en réalité l'intrigue de La légende de Zatoïchi : Le masseur aveugle.

Une amitié si soudaine et si puissante que l'on se demande parfois dans quelle mesure l'amour n'y est pas inscrit lui-même. C'est le très grand cinéaste japonais Kenji Misumi qui s'est attelé à l'immense tâche de mettre en scène pour la toute première fois le personnage de Zatoichi et il y parvient avec beaucoup de talent et une très grande sensibilité. Un cinéaste qui se fera également connaître grâce à sa participation à la saga des Baby Cart dont il réalisera plusieurs épisodes. La légende de Zatoïchi, il ne s'est pas arrêté là puisqu'après cette première incursion dans l'univers du héros aveugle, il y reviendra avec les 8ème, 12ème, 17ème, 19ème et 21ème volets...

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