Premier volet d'une
immense saga constituée de vingt-six longs-métrages, La
légende de Zatoïchi : Le masseur aveugle est censé se
dérouler dans la région de Shimosa. C'est dans un petit village de
cette province japonaise qu'arrive le masseur itinérant Zatoichi qui
sur demande du chef de clan de Iioka a accepté de le servir en
échange de quelques pièces d'or afin de défaire l'autorité de son
ennemi juré, le chef du clan Sasagawa. Ce dernier à lui-même loué
les services du samouraï Hirate afin de s'assurer de sa victoire
lors d'une bataille qui paraît inévitable.
Un matin, alors que
Zatoichi pêche au bord d'un étang, il est rejoint par Hirate. Les
deux hommes se lient très vite d'amitié. Le premier ne concevant
pas d'avoir à se battre en duel contre son nouvel ami, Hirate, lui,
est prêt à mourir s'il faut de la lame même de Zatoichi le yakuza.
Le conflit semble prendre forme le jour où le clan Sasagawa renvoie
chez ceux du clan Iioka le cadavre de l'un de ses hommes. La guerre
est désormais déclarée. Mais entre Zatoichi qui décide de ne plus
intervenir dans le conflit et Hirate qui se meurt de tuberculose, les
deux clans risquent de devoir s'affronter sans les hommes qu'ils ont
respectivement engagé.Le clan Sasagawa risque d'ailleurs d'en pâtir
puisque ses rangs comptent deux fois moins d'hommes que ceux de
Iioka...
S'il ne faisait pas
preuve de sa grande maîtrise dans l'art du sabre, le héros Zatoichi
incarné par l'acteur Shintarō Katsu nous serait apparu comme un
être faible, diminué par la cécité, et d'une roublardise à
toutes épreuves (on le voit en effet monnayer sa participation au
combat prochain sans montrer de réelles motivations quant à sa
future participation). Aveugle mais pas sourd, ce personnage
immédiatement attachant possède des valeurs qu'il est difficile de
dénicher au départ et qui n'apparaîtront effectivement qu'après
une bonne moitié du film. D'un comportement débonnaire qui laisse
songeur quant à sa capacité à régler des conflits opposant deux
factions de yakuzas qui se détestent royalement, on le découvre en
réalité maître de lui et n'usant de son arme qu'en dernier
recours.
Shintarō Katsu campe un
Zatoichi merveilleux de sagesse. Priant dans un temple séculaire au
cœur d'un minuscule village reconstitué où se révèle un art de
vivre qui n'appartient qu'au pays qui l'accueille, le sombre projet
des deux clans n'est pas l'unique centre d'intérêt d'une œuvre peu
généreuse en combats. C'est presque autour de l'amitié entre
Zatoichi et Hirate que s'articule en réalité l'intrigue de La
légende de Zatoïchi : Le masseur aveugle.
Une
amitié si soudaine et si puissante que l'on se demande parfois dans
quelle mesure l'amour n'y est pas inscrit lui-même. C'est le très
grand cinéaste japonais Kenji Misumi qui s'est attelé à l'immense
tâche de mettre en scène pour la toute première fois le personnage
de Zatoichi et il y parvient avec beaucoup de talent et une très
grande sensibilité. Un cinéaste qui se fera également connaître
grâce à sa participation à la saga des Baby Cart dont il réalisera
plusieurs épisodes. La légende de Zatoïchi,
il ne s'est pas arrêté là puisqu'après cette première incursion
dans l'univers du héros aveugle, il y reviendra avec les 8ème,
12ème, 17ème, 19ème et 21ème volets...
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