De la réalité...
Werner Kniesek est probablement l'un des seuls tueurs en série originaires d'Autriche dont l'histoire a été adaptée au cinéma. Il tua à l'age de 26 ans sa mère de 55 ans. Il fut par la suite l'auteur de plusieurs cambriolages avant de tuer à nouveau, une vieille femme de 73 ans. Ce meurtre le conduisit tout droit dans un hôpital psychiatrique dans lequel il ne resta enfermé que sept ans avant d'être libéré pour bonne conduite. C'est alors qu'il pénétra la demeure d'une famille de trois membres. Il tortura et étrangla la mère et le fils et viola la fille durant onze heure avant de les tuer tous les trois. Le lendemain il prit la voiture des propriétaires, enferma les corps dans la malle arrière, puis alla faire des courses en ville. Il fut alors arrêté par la police, prévenue de son comportement étrange. Le 4 Janvier 1980, Werner Kniesek est condamné à l'internement à vie.
...A la fiction
Un schizophrène retrouve la liberté après avoir purgé une peine de prison pour avoir tué sans raisons apparente une vieille femme chez elle. Persuadées qu'il est guéri, les autorités le libèrent sans se douter qu'en réalité l'homme a conservé toutes ses obsessions et qu'il n'a désormais qu'un seul but: Tuer à nouveau. Pour commencer, il se rend dans un bar afin de reprendre contact avec cette humanité pour laquelle il voue une indifférence totale. Seule compte cette envie de tuer et qu'il ne va pas tarder à mettre à exécution. Mais pas dans ce lieu, non, car les deux prostituées qui le regardent en se moquant de lui, et que notre homme aimerait tant avoir pour victimes, ne sont pas seules. Il quitte le bar, puis se dirige vers une station de taxis. L'un d'entre eux, conduit par une femme, l'embarque sans savoir qu'elle transporte à l'arrière de son véhicule un malade qui va maladroitement tenter de la tuer à l'aide d'un lacet de chaussure. Freinant d'un seul coup au milieu d'une route, elle parvient à faire reculer le tueur qui prend la fuite dans un sous-bois avant de tomber nez à nez avec une immense demeure qu'il choisit alors comme théâtre de son futur méfait.
La
maison n'est pour l'instant habitée que par un handicapé mental en
fauteuil roulant. Le schizophrène profite de l'absence de danger
pour faire le tour des lieux jusqu'au moment où les phares d'une
voiture l'éblouissent. Une vieille dame et sa fille pénètrent dans
le jardin de la demeure et, chargées de victuailles, entrent dans la
maison. Le tueur est en ébullition. Il prépare mentalement les
évènements à venir, choisissant de bâillonner et d'attacher la
mère en premier afin de lui faire assister ensuite aux meurtres de
sa fille et de son fils handicapé. Sauf que les choses ne se passent
absolument pas comme il l'avait prévu. Se trainant jusqu'à l'étage
après s'être laissé glisser de son fauteuil roulant, le fils est
rattrapé par le tueur alors qu'il tentait de se cacher dans la salle
de bain. Il est tué par noyade dans la baignoire. Ensuite, en
enfonçant un linge au fond de la gorge de la vieille dame, le
schizophrène la tue sans le faire exprès. Malade, celle-ci meurt en
effet d'une crise cardiaque. Il ne reste donc plus que la jeune femme
à laquelle notre homme décide donc de réserver le pire des
sorts...
Angst
fait
partie de ces œuvres qui dérangent. De ces quelques films qui
sortent parfois dans l'ignorance mais qui grâce aux amateurs de
pellicules morbides parviennent à percer la toile "Internet"
pour
le plus grand plaisir des cinéphiles amateurs de sensations fortes.
Gérald Kargl a depuis ce film traumatisant, tourné plus de cent
films commerciaux et promotionnels mais pas un seul
long-métrage pour le cinéma. La légende veut que depuis Angst,
il fut interdit de tournage. Mais qu'est-il alors arrivé aux
censeurs de l'époque pour que ce cinéaste génial soit banni des
salles obscures?
Il faut avouer que Angst est un film tout à fait particulier, basé sur l'histoire véridique du tueur en série autrichien Werner Kniesek. Le film s'ouvre sur la genèse du tueur. Un choix qui explique sans doute la volonté du cinéaste de "justifier" les actes auxquels nous allons assister bientôt. Par bien des aspects, l'œuvre se veut impressionnante, troublante et dérangeante. Tout d'abord, la voix-off du personnage, qui nous abreuve des souvenirs, des désirs et du mal-être de son auteur, s'insinuent dans notre esprit et le rendent perméable au désordre qui règne dans l'esprit du tueur. Graphiquement, les meurtres montrent peu de sang mais sont filmés de manière tellement saisissante qu'ils gagnent en horreur ce que perdent tant d'œuvres à vouloir surenchérir. Lorsque le tueur noie sa première victime dans la baignoire, la scène, filmée sous l'eau, provoque une sensation de malaise et d'étouffement. La mort du handicapé nous est imposée en gros plan sur son visage, la vie s'échappant de son corps à la manière des dernières bulles d'air qui fuient ses lèvres.
Mais
l'un des aspects les plus marquants dans l'œuvre de Gérald Kargl,
c'est la façon qu'à le cinéaste de filmer son assassin.
Tourbillonnant autour de son personnage principal, la caméra exécute des
mouvements inédits, entre contre-plongée vertigineuse et tourniquet
étourdissant, permettant ainsi aux spectateur de se faire une idée
précise de l'état d'angoisse, de torpeur et d'attente dans lequel
se trouve l'assassin. Un principe dont s'inspirera d'ailleurs Gaspard
Noé, grand fan du film de Gérald Kargl, pour son film Irréversible.
Le tueur schizophrène de Angst
est campé par le très impressionnant Erwin Leder déjà croisé
dans l'excellent Das
Boot
de Wolfgang Petersen. Le visage émacié, l'œil glauque et les
tempes en sueur, il interprète donc cet homme dont on ne connaît
par le nom et qui marmonne intérieurement son passé, ses fantasmes
et ses projets. Il projette par avance et met en scène les meurtres
à venir, décortiquant chacun de ses actes futurs. Sauf que cet être
maladroit et surexcité ne parvient qu'à moitié à assouvir ses
pulsions. Il s'offre une danse macabre en compagnie de la mère de
famille dans les yeux de laquelle il perçoit ceux de la sienne afin
que perdure le plaisir. Sa mère Justement, qui se permettait sur lui
de terribles exactions. De quoi, une fois de plus, permettre de
comprendre le cheminement qui a mené notre homme à devenir le
monstre qu'il est.
La caméra se veut parfois subjective, nous mettant dans la peau, et donc, dans la tête du tueur. C'est ainsi que chacun des meurtres est filmé, impliquant directement le spectateur au cœur de l'horreur. Et puis il y a la froide partition de Klaus Schulze. Artiste allemand de musique électronique, qui offre une musique qui colle parfaitement à l'aspect clinique de l'œuvre.
Curieusement,
le film se clôt sur l'arrestation du tueur qui, outre le fait qu'il
soit irrémédiablement perdu dans les complexes limbes de son
cerveau, désire une certaine reconnaissance pour son œuvre
diabolique. On s'attendrait presque à entendre les applaudissements
lorsque s'ouvre le coffre de la voiture à l'arrière de laquelle il
a jeté les corps de ses trois victimes. Un coffre en forme de rideau
de théâtre s'ouvrant sur des témoins horrifiés...
Film qui a finalement peu vieilli tant sa réalisation est moderne. Excellent jeu d'acteur par ailleurs ! Je pense que le récent et excellent "Maniac" de Franck Khalfoun, remake du film éponyme de 1980, s'inspire très largement de ce film pour sa réalisation et sa bande son.
RépondreSupprimeroui très bon dans son à classer avec Schramm et Mosquito der Schänder
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