Elle se prénomme Thana.
Elle est jeune, belle, muette, travaille dans un atelier de
confection et viens d'être la victime de deux viols consécutifs. Le
premier, perpétré dans une ruelle insalubre par un homme caché
derrière un masque de clown, et le second chez elle, accompli par un
type qui tentait de la cambrioler. Deux méfaits qui vont la faire
basculer dans une folie meurtrière. Sa première victime est le
cambrioleur qu'elle tue à l'aide d'un fer à repasser. Et parce
qu'elle ne sait pas comment s'en débarrasser, elle le découpe en
morceaux dans la baignoire de la salle de bain puis emballe les
morceaux dans de grands sacs-poubelle noirs qu'elle range ensuite
dans son réfrigérateur.
Dès le lendemain, Thana
retourne au travail et se comporte différemment avec ses amis et
collègues de travail. Surtout avec son chef qui a l'habitude de
l'approcher de trop près. Mais personne ne se doute du drame dont
elle a été victime et encore moins de ce qui se trame dans la tête
de la jeune femme. Chaque fois qu'elle part au travail, elle emporte
avec elle l'un des sacs-poubelles et parcourt de longues distances
afin de s'en débarrasser. Toujours en évitant de croiser sa trop
curieuse voisine. Une vieille veuve collante qui voue désormais un
amour sans faille pour son chien. Thana, de temps en temps, sonne à
sa porte et donne à manger au chien de la viande qu'elle à prélevé
sur le corps de sa victime.
Tout aurait pu rentrer
dans l'ordre mais cette jeune femme déjà fragile réalise que les
hommes sont tous des porcs obsédés par le sexe. C'est pourquoi elle
circule désormais armée d'un 45 qu'elle va s'employer à utiliser
contre la gente masculine afin de se faire justice. Tous ceux qui ont
le malheur de croiser sa route, du dragueur au voyou en passant par
le violeur vont y passer. Thana est devenue une jeune femme perturbée
mais surtout imperturbable dans son désir de vengeance..
.
Abel Ferrara, après une
courte incursion dans le porno, démarre sa vraie carrière
dans le cinéma avec Driller Killer, un film dans lequel déjà,
son personnage principal (qu'il interprète lui-même) pète un câble
en raison du vacarme que fait un groupe de rock dans la cave de son
immeuble. Il revient deux ans plus tard avec cet Ange De La
Vengeance, mettant en scène la troublante Zoé Tamerlis (future
épouse de l'artiste Roger Lund) en victime endossant le rôle de
justicière implacable. Incapable d'exprimer ses sentiments, c'est la
poudre qu'elle fait parler, "trahie" finalement par se plus
proche amie au terme d'un carnage qui rappelle fortement le massacre
final du Carrie Au Bal Du Diable de Brian De Palma.
Plus que l'œuvre
elle-même, émaillée d'un certain nombre de défauts (la
théâtralité exagérée de certaines scènes exécute sommairement
le réalisme ambiant), c'est bien la présence de Zoé Tamerlis qui
marque les esprits. D'une beauté diaphane, le mutisme dans lequel
elle est plongée la fragilise face aux dangers de la cité dans
laquelle elle vit. Incapable de crier au secours et ne pouvant
compter sur l'aide de personne, elle n'a pas d'autre choix que de
subir. Le film, bien que moins "sale" que Driller
Killer, parvient tout de même à laisser un sentiment de malaise
certain. Le thème de la nécrophilie, même si celle-ci découle ici
d'une nécessité, dérange. Thana n'élimine que des crapules, des
violeurs, la lie de notre société. Et pourtant, par deux fois, bien
avant le massacre final, elle va tenter de se débarrasser de deux
individus qui n'ont visiblement rien à se reprocher. Les deux seuls
qu'elle ne parviendra pas à tuer. Comme si une main invisible lui
ordonnait par un geste de salut pour eux, de les laisser vivre.
Zoé Lund meurt en 1999
et à l'âge de 37 ans. Laissant derrière elle une courte carrière
d'actrice et surtout un rôle poignant offert par son ami Abel
Ferrara dans le traumatisant Bad Lieutenant.
Une vraie déception pour moi, ce film... Je m'attendais à une véritable crise d'hystérie sanglante, à du poignant comme le génial Bad Lieutenant. Un intérêt pourtant : le gars qui se flingue lui-même, qui est tellement centré sur lui-même qu'il ne remarque même pas qu'il s'adresse à une muette. Sans doute est-ce pour cette raison qu'il accomplit lui-même l'acte meurtrier.
RépondreSupprimer