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vendredi 5 juillet 2019

4 luni, 3 săptămâni și 2 zile (4 mois, 3 semaines, 2 jours) de Cristian Mungiu (2007) - ★★★★★★★★☆☆



Annoncé en générique de fin comme l'un des volets du cycle ''Contes de l'âge d'or'', le scénario de la palme d'or du festival de Cannes 2007 n'aurait sans doute pas fait tâche au milieu des Conte de la Folie Ordinaire de l'écrivain américain Charles Bukowski. 4 luni, 3 săptămâni și 2 zile (4 mois, 3 semaines, 2 jours) arborait déjà chez le réalisateur, scénariste et producteur roumain Cristian Mungiu, une volonté farouche de filmer un sujet aussi cru que réaliste. Dérangeant et austère. Tout comme cela sera le cas cinq ans plus tard avec le formidable După dealuri (Au-delà des Collines). Pour l'heure, la mystérieuse signification qui entoure le titre de ce long-métrage se situant à l'époque où régnait le despote Nicolae Ceaușescu qui fut exécuté auprès de son épouse quelques années plus tard reste une énigme. C'est dans ce contexte où le régime a été durci depuis bien des années que l'on fait la connaissance de Otilia et Găbița. Deux jeunes étudiantes roumaines qui partagent la même chambre dans un foyer universitaire.

Cristian Mungiu nous convie à partager l'existence de ces deux jeunes femmes sur une échelle de temps assez courte puisque moins de vingt-quatre heures se seront écoulées avant que le générique de fin ne survienne dans un silence respectant avec une infinie pudeur le drame auquel le spectateur aura été convié durant un peu plus de quatre-vingt dix minutes. Le cinéaste oppose au régime en place, la prise de position de ces deux jeunes femmes qui vont lutter ensemble pour que l'une d'elles puisse se débarrasser de l'enfant qu'elle porte malgré les risques qu'elle et son amie encourent. Cristian Mungiu met en place tous les dispositifs nécessaires à l'avortement de Găbița (Laura Vasiliu), qui en est donc à son quatrième mois environ de grossesse (d'où le titre du long-métrage). Réservation d'une chambre d'hôtel afin de pratiquer l'avortement à l'abri des regards curieux qui pourraient se poser sur l'adolescente et rendez-vous avec l'avorteur Domnu' Bebe (l'acteur Vlad Ivanov). Bien que Găbița soit enceinte, c'est en fait son amie et colocataire Otilia qui demeure la véritable héroîne du film. Merveilleusement incarnée par Anamaria Marinca (qui depuis a tourné auprès de Francis Ford Coppola, Julie Delpy ou encore Ruppert Sanders), c'est bien l'actrice roumaine et son personnage qui portent sur leurs frêles épaules ce drame authentiquement poignant dans lequel, on le réalise, même les proches sont incapables de comprendre ou d'intervenir dans ce genre de situation.

Le cinéaste oppose en parallèle l'anniversaire de la belle-mère d'Otilia auquel la jeune femme est conviée (et même carrément contrainte par son petit ami), créant ainsi une tension insupportable puisque dès lors, Cristian Mungiu abandonne l'autre héroïne de 4 luni, 3 săptămâni și 2 zile, celle-là même autour de laquelle s'articule normalement le récit. Le spectateur est alors pris à témoin des angoisses qui nouent les tripes d'une Otilia qui n'est présente à l'anniversaire que sur un plan strictement physique. Le cinéma de Cristian Mungiu n'étant jamais gratuit, il ne verse pas ici dans le grand-guignol ou le morbide dans lesquels il serait si facile de se laisser aller. Le roumain n'a d'autre ambition que de raconter un quotidien que certaines, malheureusement, vivent sans doute encore de nos jours. Si 4 luni, 3 săptămâni și 2 zile est un conte pour adulte, il ne peut en revanche s'envisager comme un message d'espoir... Plutôt comme un message d'alerte qui n'impose aucun point de vue personnel.

Certaines séquences s'avèrent cruelles et toucheront peut-être même davantage encore le public féminin, touché dans ses propres entrailles dans cette histoire que d'aucun pourrait juger d'exhibitionniste mais qui s'avère en fait être davantage un document qu'une œuvre ouvertement offensante. À noter que le traitement de ce sujet hautement ''radioactif'' a provoqué un tollé qui s'est étendu bien au delà des frontières virtuelles de la Roumanie puisque même en France, certains ont tenté de faire interdire la sortie du film en DVD alors même qu'il s'agit sans doute de l'un des plus formidables témoignages de tolérance envers la femme roumaine, détentrice de ses propres choix personnels. Quoi qu'il en soit, 4 luni, 3 săptămâni și 2 zile reste un grand film, sensible, respectueux, émouvant et parfois terrible. À ranger notamment aux côtés de l'excellent Lilya 4-ever du cinéaste suédois Lukas Moodysson sorti en 2002...

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