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samedi 6 juillet 2019

Alita: Battle Angel de Robert Rodriguez (2019) - ★★★★★★☆☆☆☆



La genèse de Alita: Battle Angel remonte aujourd'hui à vingt ans. C'est en effet à la toute fin du siècle dernier que James Cameron s'appropriait les droits du ''seinen manga'' Gunnm du mangaka japonais Yukito Kishiro. Mais alors que la suite de Avatar, le projet le plus important du cinéaste, scénariste et producteur américain auteur des deux premiers volets de la franchise Terminator et de Titanic et Abyss fait déjà partie du planning du réalisateur depuis maintenant quelques années (sa sortie était prévue à l'origine pour 2016 avant d'être repoussée pour l'année suivante jusqu'à ce que l'on apprenne que Avatar 2 ne sortirait finalement qu'en 2021), James Cameron en devient finalement le producteur, laissant ainsi au réalisateur mexicain Robert Rodriguez l'occasion de se frotter au scénario de son principal instigateur et de Laeta Kalogridis.
Robert Rodriguez est notamment célèbre pour avoir tourné la trilogie ''El Mariachi '' entre 1992 et 2003 (El Mariachi, Desperado et Once Upon a Time in Mexico), la série des Spy Kids, Planet Terror, mais aussi et surtout les délirants From Dusk Till Dawn, Machete, et Machete Kills (on attend d'ailleurs toujours le troisième volet de la franchise). Alita: Battle Angel est le projet le plus ambitieux du cinéaste mexicain et même s'il reconnaît que le film est avant tout le ''bébé'' de James Cameron, c'est pourtant bien lui qui l'a mis en scène.

Tout n'étant qu'histoire de goût, on trouve un peu tout et parfois n'importe quoi en matière de critiques, certains estimant que l'avant dernier long-métrage du cinéaste est ce qu'il a réalisé de meilleur. D'autres (comme moi) lui préféreront sans doute la période qui couvre la sortie de El Mariachi en 1992 et se clôt en 1998 avec The Faculty, ou celle qui débutait en 2007 avec Planet Terror et se terminait en 2013 avec Machete Kills. Contraint de remplir le cahier des charges de tout bon (ou mauvais) blockbuster qui se respecte, Alita: Battle Angel offre une profusion d'effets-spéciaux qui ont la particularité de ne jamais pousser dans leurs derniers retranchements les techniques employées (ici, les CGI et la Motion Capture) afin de donner partiellement au film, l'aspect du manga dont il s'inspire.

Si en la matière, on oscille entre le très bon (l'héroïne, la cité, l'univers cyberpunk) et le moyen (la plupart des méchants ou les courses de Motorball ''scrupuleusement' pompées sur le classique de Norman Jewison, Rollerball), Alita: Battle Angel reste très largement au dessus de certains longs-métrages fort peu inspirés et parfois même de très mauvais goût (le pathétique Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson). L’œuvre de Robert Rodriguez se rapproche en fait davantage d'un Ghost in the Shell ''live'' réalisé en 2017 par le cinéaste américain Ruppert Everett que d'un Mortal Engine mis en scène par Christian Rivers et produit par Peter ''Le Seigneur des Anneaux'' (j'aurai préféré citer Bad Taste, mais bon....) Jackson visuellement outrancier et scénaristiquement vide !

Concernant l'histoire, et ce même si James Cameron s'attachait à conserver quelques idées de la série de mangas de Yukito Kishiro, c'est un peu toujours la même histoire. Le combat entre le Bien et le Mal dans un univers ciberpunk plutôt bien retranscrit, avec ses gueules patibulaires, et ses gentils pas toujours très lisses. Le principal soucis que rencontrera une partie du public se situe au niveau de la forme prise par le réalisateur. Plus que le scénario, c'est l'approche du mexicain qui risque de faire tiquer les plus... ''vieux'' qui ne se reconnaîtront sans doute pas dans cet exercice de style à l'attention d'un public jeune (normal, puisque le concept même du ''seinen manga'' fait de la plupart de ses héros, des adolescents). On pourrait élargir le champ en invoquant le fait même que Alita: Battle Angel ressemble à une très longue cinématique de jeu vidéo, tout comme les combats et certains ''caractères''. A propos des combats, justement : Robert Rodriguez s'en sort sans égratignures. Avec la caractérisation du personnage principal Alita incarné par l'actrice Rosa Salazar, c'est dans ce domaine que le film s'en sort le mieux. Presque dignes de ceux que l'on peut notamment voir chez nos lointains voisins japonais ou sud-coréens. Si dans l'ensemble, pas mal de passages s'avèrent particulièrement bourrins, la caractérisation du personnage principal est suffisamment convaincante (émouvante, Alita est à la recherche permanente de ses origines) pour que le spectateur le moins enclin à supporter cette profusion d'action et d'effets-spéciaux reste dans son fauteuil jusqu'au générique de fin. De là à dire que James Cameron et Robert Rodriguez ont signé un chef-d’œuvre de science-fiction cyberpunk, il ne faut pas exagérer. Un bon divertissement des familles qui pourra éventuellement donner des maux de têtes aux néophytes en la matière ainsi qu'aux réfractaires de tous poils...

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