La
genèse de Alita: Battle Angel remonte
aujourd'hui à vingt ans. C'est en effet à la toute fin du siècle
dernier que James Cameron s'appropriait les droits du ''seinen
manga''
Gunnm du
mangaka japonais Yukito Kishiro. Mais alors que la suite de Avatar,
le projet le plus important du cinéaste, scénariste et producteur
américain auteur des deux premiers volets de la franchise Terminator
et de Titanic
et Abyss
fait déjà partie du planning du réalisateur depuis maintenant
quelques années (sa sortie était prévue à l'origine pour 2016
avant d'être repoussée pour l'année suivante jusqu'à ce que l'on
apprenne que Avatar 2
ne sortirait finalement qu'en 2021), James Cameron en devient
finalement le producteur, laissant ainsi au réalisateur mexicain
Robert Rodriguez l'occasion de se frotter au scénario de son
principal instigateur et de Laeta Kalogridis.
Robert
Rodriguez est notamment célèbre pour avoir tourné la trilogie ''El
Mariachi ''
entre 1992 et 2003 (El Mariachi,
Desperado
et Once Upon a Time in Mexico),
la série des Spy Kids,
Planet Terror,
mais aussi et surtout les délirants From Dusk
Till Dawn,
Machete,
et Machete Kills (on
attend d'ailleurs toujours le troisième volet de la franchise).
Alita: Battle Angel est
le projet le plus ambitieux du cinéaste mexicain et même s'il
reconnaît que le film est avant tout le ''bébé'' de James Cameron,
c'est pourtant bien lui qui l'a mis en scène.
Tout
n'étant qu'histoire de goût, on trouve un peu tout et parfois
n'importe quoi en matière de critiques, certains estimant que
l'avant dernier long-métrage du cinéaste est ce qu'il a réalisé
de meilleur. D'autres (comme moi) lui préféreront sans doute la
période qui couvre la sortie de El Mariachi
en 1992 et se clôt en 1998 avec The Faculty,
ou celle qui débutait en 2007 avec Planet Terror
et se terminait en 2013 avec Machete Kills.
Contraint de remplir le cahier des charges de tout bon (ou mauvais)
blockbuster qui se respecte, Alita: Battle Angel
offre
une profusion d'effets-spéciaux qui ont la particularité de ne
jamais pousser dans leurs derniers retranchements les techniques
employées (ici, les CGI et la Motion Capture) afin de donner
partiellement au film, l'aspect du manga dont il s'inspire.
Si
en la matière, on oscille entre le très bon (l'héroïne, la cité,
l'univers cyberpunk) et le moyen (la plupart des méchants ou les
courses de Motorball
''scrupuleusement' pompées sur le classique de Norman Jewison,
Rollerball),
Alita: Battle Angel
reste très largement au dessus de certains longs-métrages fort peu
inspirés et parfois même de très mauvais goût (le pathétique
Valérian et la Cité des Mille Planètes de
Luc Besson). L’œuvre de Robert Rodriguez se rapproche en fait
davantage d'un Ghost in the Shell
''live'' réalisé en 2017 par le cinéaste américain Ruppert
Everett que d'un Mortal Engine
mis en scène par Christian Rivers et produit par Peter ''Le
Seigneur des Anneaux'' (j'aurai
préféré citer Bad Taste,
mais bon....) Jackson visuellement outrancier et scénaristiquement
vide !
Concernant
l'histoire, et ce même si James Cameron s'attachait à conserver
quelques idées de la série de mangas de Yukito Kishiro, c'est un
peu toujours la même histoire. Le combat entre le Bien et le Mal
dans un univers ciberpunk plutôt bien retranscrit, avec ses gueules
patibulaires, et ses gentils pas toujours très lisses. Le principal
soucis que rencontrera une partie du public se situe au niveau de la
forme prise par le réalisateur. Plus que le scénario, c'est
l'approche du mexicain qui risque de faire tiquer les plus...
''vieux'' qui ne se reconnaîtront sans doute pas dans cet exercice
de style à l'attention d'un public jeune (normal, puisque le concept
même du ''seinen
manga''
fait de la plupart de ses héros, des adolescents). On pourrait
élargir le champ en invoquant le fait même que Alita:
Battle Angel
ressemble à une très longue cinématique de jeu vidéo, tout comme
les combats et certains ''caractères''. A propos des combats,
justement : Robert Rodriguez s'en sort sans égratignures. Avec
la caractérisation du personnage principal Alita incarné par
l'actrice Rosa Salazar, c'est dans ce domaine que le film s'en sort
le mieux. Presque dignes de ceux que l'on peut notamment voir chez
nos lointains voisins japonais ou sud-coréens. Si dans l'ensemble,
pas mal de passages s'avèrent particulièrement bourrins, la
caractérisation du personnage principal est suffisamment
convaincante (émouvante, Alita est à la recherche permanente de ses
origines) pour que le spectateur le moins enclin à supporter cette
profusion d'action et d'effets-spéciaux reste dans son fauteuil
jusqu'au générique de fin. De là à dire que James Cameron et
Robert Rodriguez ont signé un chef-d’œuvre de science-fiction
cyberpunk, il ne faut pas exagérer. Un bon divertissement des
familles qui pourra éventuellement donner des maux de têtes aux
néophytes en la matière ainsi qu'aux réfractaires de tous poils...
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