Comédien, acteur de
cinéma et de télévision, scénariste ou encore doubleur, il ne
manquait plus à Alex Lutz que d'endosser la casquette de réalisateur
pour demeurer un artiste complet. C'était déjà chose faite en 2015
avec son premier long-métrage Le Talent de mes Amis
en 2015 mais c'est l'année dernière qu'il venait confirmer tout le
bien que l'on pouvait penser de lui avec Guy,
un documenteur (ou faux documentaire) sur la vie d'un chanteur
septuagénaire imaginaire sorti de l'esprit tricéphale d'Alex Lutz,
Thibault Segouin et Anaïs Deban. L'histoire de Guy Jamet, chanteur
de variété populaire qui connut un certain succès du début de sa
carrière dans les années 60 jusqu'à la fin du siècle dernier et
qui, aidé d'une double compilation regroupant ses plus grands
succès, tente de revenir sur le devant de la scène. Suivi par la
caméra de Gauthier, un jeune journaliste dont la mère était une
grande fan de Guy Jamet, le chanteur nous fait vivre son quotidien,
des loges jusqu'aux concerts et des restaurants où toute son équipe
de techniciens et musiciens se retrouvent après chaque
représentation jusque dans son intimité qu'il partage avec sa
compagne Sophie Ravel (excellente Pascale Arbillot)...
Alex
Lutz réalise avec Guy,
l'un des meilleurs représentants de sa catégorie : le
documenteur. Le principe est simple puisqu'il s'agit ici de plonger
le spectateur dans un univers factice se rapprochant le plus possible
du documentaire. L'acteur, scénariste et réalisateur y parvient
aisément à l'aide d'importants moyens. Si le film se concentre sur
le présent, le travail effectué sur les ''fausses'' archives crées
à l'occasion est relativement bluffant. En effet, on retrouve Guy à
différentes époques de sa vie et donc, à des âges plus ou moins
avancés. À ce titre, on retiendra le travail remarquable effectué
sur le visage d'Alex Lutz par les maquilleurs français Laeticia
Quillery et Geoffroy Felley qui surpassent tout ce qui a pu être
conçu sur grand écran depuis les origines du vieillissement au
cinéma (Dick Smith aurait été fier du duo). Afin de crédibiliser
et de pousser le réalisme du propos à son paroxysme, d'importants
moyens ont été apportés afin de créer un univers cohérent qui
s'étend bien au delà de la dizaine de chansons conçues à
l'occasion par Vincent Blanchard et Romain Greffe et qui, dans la
majeure partie des cas, n'ont pas à rougir face aux standards de la
chanson française. Preuve qu'aucun compartiment n'a été laissé au
hasard et qu'Alex Lutz a tenu à ce que chaque artisan de Guy
puisse bénéficier des meilleures conditions de travail afin
d'obtenir les meilleurs résultats.
À
l'occasion de son second long-métrage, Alex Lutz fait appel à
Pascal Le Gellec pour les décors, Amandine Gros pour les costumes ou
encore Mathieu Le Bothlan pour la photographie. En résultent des
séquences qui replongent les spectateurs dans des époques diverses,
images à l'appui, en retrouvant l'esthétique précise des périodes
qu'elles évoquent. Alex Lutz est bluffant. Non seulement il réalise
l’œuvre parfaite, à tel point qu'on oublierait presque qu'il
s'agit d'une fiction, mais de plus, il incarne à la perfection ce
vieil homme, cet artiste sur le retour dont on partage l'incroyable
aventure et son histoire personnelle. Drôle et parfois émouvant,
Guy
est une prise de risque permanente. La moindre fausse note et la
crédibilité aurait pu voler en éclat. C'est d'ailleurs sans doute
pour cette raison que l'acteur-réalisateur a fait le choix
d'interpréter lui-même sur scène les chansons sans faire usage du play-back
(un procédé qu'Alex Lutz aura pourtant le génie d'utiliser lors de
certaines séquences de flash-back).
Guy
est l'occasion de retrouver une brochette d'interprètes on ne peut
plus hétéroclite : on retrouve en effet notamment à l'affiche
l'actrice Nicole Calfan, la chanteuse Dani, les actrices Élodie
Bouchez et Julie Arnold, l'humoriste et chroniqueuse Nicole Ferroni,
et dans leur propre rôle, Michel Drucker et Julien Clerc. Les plus
observateur noteront également la présence de David Salles dans la
peau d'un clochard très convainquant. Guy
est une excellente surprise. Nostalgique d'une époque révolue, le
spectateur sent bien qu'Alex Lutz est attaché à son sujet et signe
une œuvre parfaitement accomplie. À voir absolument...
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