S'il fallait remonter le
temps d'une toute petite poignée d'années pour comprendre ce qui
poussa le cinéaste américain Jack Arnold a adapter le roman The
Shrinking Man de l'écrivain Richard Matheson au cinéma en
1957, il faudrait sans doute revenir à l'année 1955, soit deux ans
auparavant. Une année riche pour Jack Arnold qui réalisa pas moins
de quatre long-métrages dont Tarantula !
Le film dont, peut-être, le cinéaste se souviendra pour tourner son
meilleur film, connu chez nous sous le titre L'Homme
qui Rétrécit.
Un sujet passionnant pour une œuvre quasiment parfaite et qui malgré
son âge demeure encore de nos jours très efficace. Mais revenons en
1955 avec l’œuvre qui nous préoccupe dans le cas présent.
Car
avant d'adapter le récit d'un homme qui à la suite d'une rencontre
avec un étrange brouillard sera victime d'un étrange phénomène,
Jack Arnold imaginait déjà réaliser un film partant du même
principe mais en l'inversant. Le scénario de Robert M. Fresco et
Martin Berkeley inverse effectivement les valeurs et ce n'est plus
l'Homme qui rétrécit mais les animaux d'un laboratoire de recherche
qui sous l'impulsion d'un traitement à base de nutriments censé
apporter une solution contre la famine et la surpopulation, prennent
des proportions gigantesques. A l'image de la tarentule du titre qui
après s'être échappée du laboratoire du professeur Gerald Deemer
(l'acteur Leo G. Carroll) va semer la terreur en ville...
Parmi
les interprètes, le spectateur retrouve notamment l'acteur Nestor
Paiva qui incarnait le capitaine du ''Rita''
dans le diptyque de Jack Arnold consacré à L’Étrange
Créature du lac Noir,
mais également John Agar qui interprétait le rôle du professeur
Clete Ferguson dans la seconde mouture, ainsi que Raymond Bailey qui
lui, incarnera le personnage du docteur Thomas Silver dans L'Homme
qui Rétrécit
deux ans plus tard, et du docteur Wahrman dans The
Space Children,
toujours réalisé par Jack Arnold. Plus amusant est à noter la
présence de l'acteur Clint Eastwood dans l'un de ses tout premiers
rôles, lui qui avait déjà figuré au générique de Revenge
of the Creature
la même année.
Bien
qu'accusant son âge (tout de même soixante-quatre ans !), les
effets-spéciaux de Tarantula ! n'ont
aujourd'hui vraiment pas à rougir. Et encore moins face à la
concurrence de l'époque (les effets-spéciaux de Them ! de Gordon Douglas sorti un an auparavant étaient nettement moins
convaincants) car dans le genre, l’œuvre de Jack Arnold faisait
partie des plus abouties. Pour preuve, la séquences des ''rats
de laboratoire'' visibles
lors du premier tiers du long-métrage s'intègrent parfaitement au
décor environnant dans lequel évolue le professeur Gerald Deemer,
le choix du noir et blanc facilitant très certainement leur
incrustation. La présence du personnage féminin en la personne de
Mara Corday (dans le rôle de Stephanie Clayton), qui interpréta le
rôle de Holly Kenton dans l'un des deux westerns réalisés par
l'increvable Jack Arnold cette année là est synonyme de romance. De
cet aspect du récit qui habituellement plombe n'importe quel film
fantastique, de science-fiction ou d'épouvante des années cinquante
et soixante, Jack Arnold semble avoir retenu la leçon (hypothèse
personnelle selon laquelle les interminables séquences romantiques
de son Revenge of the Creature
sorti plus tôt dans l'année ont pu générer le mécontentement
d'une partie du public américain) et la romance y semble désormais
atténuée au profit du sujet central de Tarantula !
qui n'est autre que l'horrible et gigantesque araignée.
L'une
des très grandes forces du film de Jack Arnold est de multiplier les
sous-intrigues qui permettent de patienter jusqu'à l'attaque finale.
Comme les expériences menées par le professeur Gerald Deemer, ou
comme le mal dont il est lui-même atteint et qui évolue de manière
inquiétante. Sans parler des attaques de l'immense araignée dans le
désert et le mystère qui entoure la découverte de squelettes
d'animaux parfaitement nettoyés. Si la résolution de cette énigme
est évidente, ces séquences permettent au récit de maintenir un
excellent tempo de bout en bout. Certaines séquences à
effets-spéciaux sont remarquables, telles la scène durant laquelle
l'immense tarentule attaque une ferme de nuit. Son inquiétante
silhouette envahissant alors le cadre de notre poste de télévision.
Ici, pas de fausse araignée se mouvant comme une marionnette
maladroitement manipulée. Ce sont les décors qui s'adaptent à la
créature et non l'inverse et le résultat à l'écran est plus que
probant. Avec Tarantula !,
Jack Arnold réalisait l'un de ses tout meilleurs films fantastiques et
rien moins que l'une des meilleures production horrifiques des années
cinquante. Un petit bijou !
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