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dimanche 12 mai 2019

Tarantula ! de Jack Arnold (1955) - ★★★★★★★★☆☆



S'il fallait remonter le temps d'une toute petite poignée d'années pour comprendre ce qui poussa le cinéaste américain Jack Arnold a adapter le roman The Shrinking Man de l'écrivain Richard Matheson au cinéma en 1957, il faudrait sans doute revenir à l'année 1955, soit deux ans auparavant. Une année riche pour Jack Arnold qui réalisa pas moins de quatre long-métrages dont Tarantula ! Le film dont, peut-être, le cinéaste se souviendra pour tourner son meilleur film, connu chez nous sous le titre L'Homme qui Rétrécit. Un sujet passionnant pour une œuvre quasiment parfaite et qui malgré son âge demeure encore de nos jours très efficace. Mais revenons en 1955 avec l’œuvre qui nous préoccupe dans le cas présent.
Car avant d'adapter le récit d'un homme qui à la suite d'une rencontre avec un étrange brouillard sera victime d'un étrange phénomène, Jack Arnold imaginait déjà réaliser un film partant du même principe mais en l'inversant. Le scénario de Robert M. Fresco et Martin Berkeley inverse effectivement les valeurs et ce n'est plus l'Homme qui rétrécit mais les animaux d'un laboratoire de recherche qui sous l'impulsion d'un traitement à base de nutriments censé apporter une solution contre la famine et la surpopulation, prennent des proportions gigantesques. A l'image de la tarentule du titre qui après s'être échappée du laboratoire du professeur Gerald Deemer (l'acteur Leo G. Carroll) va semer la terreur en ville...

Parmi les interprètes, le spectateur retrouve notamment l'acteur Nestor Paiva qui incarnait le capitaine du ''Rita'' dans le diptyque de Jack Arnold consacré à L’Étrange Créature du lac Noir, mais également John Agar qui interprétait le rôle du professeur Clete Ferguson dans la seconde mouture, ainsi que Raymond Bailey qui lui, incarnera le personnage du docteur Thomas Silver dans L'Homme qui Rétrécit deux ans plus tard, et du docteur Wahrman dans The Space Children, toujours réalisé par Jack Arnold. Plus amusant est à noter la présence de l'acteur Clint Eastwood dans l'un de ses tout premiers rôles, lui qui avait déjà figuré au générique de Revenge of the Creature la même année.

Bien qu'accusant son âge (tout de même soixante-quatre ans !), les effets-spéciaux de Tarantula ! n'ont aujourd'hui vraiment pas à rougir. Et encore moins face à la concurrence de l'époque (les effets-spéciaux de Them ! de Gordon Douglas sorti un an auparavant étaient nettement moins convaincants) car dans le genre, l’œuvre de Jack Arnold faisait partie des plus abouties. Pour preuve, la séquences des ''rats de laboratoire'' visibles lors du premier tiers du long-métrage s'intègrent parfaitement au décor environnant dans lequel évolue le professeur Gerald Deemer, le choix du noir et blanc facilitant très certainement leur incrustation. La présence du personnage féminin en la personne de Mara Corday (dans le rôle de Stephanie Clayton), qui interpréta le rôle de Holly Kenton dans l'un des deux westerns réalisés par l'increvable Jack Arnold cette année là est synonyme de romance. De cet aspect du récit qui habituellement plombe n'importe quel film fantastique, de science-fiction ou d'épouvante des années cinquante et soixante, Jack Arnold semble avoir retenu la leçon (hypothèse personnelle selon laquelle les interminables séquences romantiques de son Revenge of the Creature sorti plus tôt dans l'année ont pu générer le mécontentement d'une partie du public américain) et la romance y semble désormais atténuée au profit du sujet central de Tarantula ! qui n'est autre que l'horrible et gigantesque araignée.

L'une des très grandes forces du film de Jack Arnold est de multiplier les sous-intrigues qui permettent de patienter jusqu'à l'attaque finale. Comme les expériences menées par le professeur Gerald Deemer, ou comme le mal dont il est lui-même atteint et qui évolue de manière inquiétante. Sans parler des attaques de l'immense araignée dans le désert et le mystère qui entoure la découverte de squelettes d'animaux parfaitement nettoyés. Si la résolution de cette énigme est évidente, ces séquences permettent au récit de maintenir un excellent tempo de bout en bout. Certaines séquences à effets-spéciaux sont remarquables, telles la scène durant laquelle l'immense tarentule attaque une ferme de nuit. Son inquiétante silhouette envahissant alors le cadre de notre poste de télévision. Ici, pas de fausse araignée se mouvant comme une marionnette maladroitement manipulée. Ce sont les décors qui s'adaptent à la créature et non l'inverse et le résultat à l'écran est plus que probant. Avec Tarantula !, Jack Arnold réalisait l'un de ses tout meilleurs films fantastiques et rien moins que l'une des meilleures production horrifiques des années cinquante. Un petit bijou !

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