Il y a quelques années en arrière, le scénariste, producteur et
réalisateur norvégien André Øvredala connu un
certain succès grâce à son found-footage The
Troll Hunter. Une grosse déception
qui selon moi était loin de tenir ses promesses. Six ans plus tard,
le réalisateur revient à la mise en scène avec The
Autopsy of Jane Doe
dont le titre chez nous (The
Jane Doe Identity),
a conservé son caractère particulier tout en ayant une
signification quelque peu différente.
Entre autopsie et identité, la frontière semble mince. Ce qu'elle
est par ailleurs. Tout consiste ici à dévoiler les étranges
événements se produisant lors de l'autopsie d'une jeune femme dont
la particularité est de n'avoir aucune marque sur le corps alors
qu'à l'intérieur de son organisme, les preuves d'innombrables
sévices corporels voient le jour à mesure que le scalpel du docteur
Tommy Tilden découvre l'intérieur de ce cadavre très récemment
découvert dans la tourbe. Premier fait étrange puisque l'intrigue
se situant dans une région où cette matière organique fossile est
absente. Selon Tommy, il faut remonter jusqu'au nord du pays pour en
trouver. Austin, le fils de Tommy, travaille lui-même comme
médecin-légiste dans cette morgue familiale située juste en
dessous de leurs appartements.
L’œuvre
d'André Øvredala se concentre sur une seule nuit durant laquelle,
les deux hommes vont avoir fort à faire puisqu'ils vont entièrement
la consacrer à l'autopsie de Jane Doe, nom donné à toute personne
dont l'identité demeure inconnue. Car c'est bien le drame de cette
jeune femme superbement conservée. Découverte enterrée dans le
plus simple appareil, ses yeux opaques témoignent d'une mort datant
de plusieurs jours alors que les médecins légistes père et fils
constatent que son corps est parfaitement conservé. Le fait est que
les tourbières permettent la conservation des corps. Des exemples
forts célèbres comme celui de l'Homme des Tourbières dont les
restes ont été conservés dans une tourbière du nord de l'Europe
semblent avoir servi de source d'inspiration au cinéaste norvégien
qui, ainsi, ne laisse planer pour le moment aucun doute sur
l'hypothétique absence du surnaturel dans l'intrigue de son nouveau
long-métrage. En évoquant un fait réel, il laisse à ses
personnages tout le loisirs de pénétrer davantage dans l'histoire
de ce cadavre dont ils vont pourtant découvrir assez rapidement des
détails aussi troublants qu'incohérents :
Jane
Doe a les poignets et les chevilles brisés. Sa langue a été
tranchée. Quant au thorax ouvert, Tommy et Austin y découvrent
ensuite des organes internes victimes de phénomènes
incompréhensibles. Plus le père et le fils avancent dans leurs
recherches, et plus leur analyse les mène vers une voie surnaturelle
qu'ils commencent par nier avant d'être confrontés à des
événements se manifestant au delà de la sphère représentée par
le cadavre de Jane Doe...
C'est
peut-être là que le film devient un peu moins intéressant. Mais
relativisons... La première partie se concentrant uniquement sur
l'autopsie se révèle véritablement passionnante. Grâce à de
moult effets-spéciaux nous montrant l'intérieur d'un cadavre tel
qu'il semble être lors d'une véritable autopsie, les deux
principaux interprètes mènent une enquête en dehors de la sphère
habituelle. Le norvégien décide ainsi de sortir des sentiers
(ra)battus de l'enquête policière classique pour se concentrer sur
celle de deux parents médecins-légistes. Un peu à la manière du
David Fincher de Seven,
André Øvredala explore différentes hypothèses en y incluant une
symbolique se révélant fort intéressante. L'un des points forts du
film demeure également dans l'exploit de la jeune actrice Olwen
Kelly qui pour interpréter Jane Doe a dû demeurer immobile durant
des heures. Huis-clos angoissant ménageant d'intéressants effets de
surprise, les différents jump scare ne sont pas tous d'une
efficacité redoutable et certains n'ont même aucun effet. Mais à
cela, rien de vraiment grave. Le cinéaste ménage une ambiance
fantastique. L'intérieur de la morgue. L'autopsie. La recherche
d'explication des deux médecins. Les symboles cabalistiques. La
brume qui peu à peu envahit l'espace. La tempête qui dehors fait
rage. Tout est fait pour que le spectateur soit pris à la gorge. Et
dans la mesure ou le cinéma d'horreur a tendance à tourner en rond,
André Øvredala propose une vision du genre assez remarquable.
Seule ombre au tableau, le revirement qui intervient après la
première moitié du film. Même si la seconde partie est
sympathique, on aurait sans doute aimé que l'autopsie se poursuivre
jusqu'au bout... En tout cas, une excellente surprise...
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