La lycanthropie, thème
cher du cinéma d'horreur. Au bestiaire du fantastique, le loup-garou
tient une place de choix aux côtés des vampires, des morts-vivants,
des momies et autres dragons. Mais ce type d'approche prenant place
au cœur d'une mythologie datant de plusieurs siècles peut, à
l'image des supers-héros, devenir très vite fatigante.
Si Late
Phase apparaît comme une œuvre méconnue, c'est peut-être
parce que le film d'Adrian Garcia Bogliano n'a pas eu la publicité
qu'il méritait. La lycanthropie au cinéma tourne autour de quelques
films célèbres et non des moindres (Le Loup-Garou de Londres
de John Landis, Hurlements de Joe Dante ou encore
Wolfen de Michael Wadleigh). La thématique fut reprise
avec plus ou moins de bonheur (Wolf de Mike Nichols
avec Jack Nicholson dans le rôle principal) et même souvent tournée
au ridicule dans des œuvres qui pourtant cherchaient à se faire
valoir auprès des cinéphiles (le catastrophique Loup-garou de
Paris de Anthony Walker).
Alors, lorsque débarque
ce Late Phase, dernier film en date consacré au mythe
du loup-garou, la méfiance s'impose. Si le film démarre très vite
sur la thématique qui nous intéresse ici, c'est pour très vite se
reposer sur un sujet beaucoup plus profond qu'il n'y paraît au
départ.
Le vétéran Ambrose
vient s'installer dans la petite commune de Crescent Bay. Un mouroir
selon lui, en tout cas, un quartier dans lequel on ne croise ni
enfants, ni homme ou femme âgé de moins de soixante ans. On entre
chez son voisin sans y avoir été invité et surtout, on s'y fait
tuer une fois par mois lorsque la pleine Lune est au rendez-vous.
Le héros de ce petit
film qui ne paie pas de mine, s'il a bien été un héros lors de la
guerre du Vietnam, a d'abord tout de l'anti-héro. Aveugle et d'un
caractère bougon, il ne croit pas en Dieu et porte un avis très
tranché sur ceux qui l'entourent. Presque antisocial que cet Ambrose
(Nick Damici) qui malgré l'antipathie qu'inspire son personnage
finit par devenir attachant.
Le loup-garou tant
attendu va justement... se faire attendre. Très vite découvert par
l’œil de la caméra, il va falloir attendre ensuite un bout de
temps avant de le voir débarquer à nouveau. Ce qui va laisser au
cinéaste le temps d'installer son personnage. Ainsi que ceux de ces
vieilles dames polies qui vont à l'église tous les dimanches et
font des gâteaux pour les nouveau venus. On remarquera la présence
de l'acteur Tom Noonan qui marqua fortement l'esprit de tous ceux qui
le découvrirent dans le très lugubre Sixième Sens de
Michael Mann réalisé en 1986. Ce dernier va d'ailleurs tenir la
chandelle à un ancien combattant persuadé de vivre ses derniers
instants.
Non dénué d'un certain
humour, Late Phase est l'occasion pour Adrian Garcia
Bogliano de se moquer de tout ce qui ressemble de près ou de loin à l'autorité. Ici,
tout ce qui porte flingue est malmené par un cinéaste qui a
visiblement un compte à régler avec lui. Que ce soit la police ou
bien ce gardien supposé surveiller l'entrée du quartier, l'image
que chacun renvoie est, comment dire... dérangeante.
Les effets-spéciaux ne
sont pas parmi les meilleurs auquel nous ayons eu l'occasion
d'assister mais comme le suspens et l'intrigue générale tiennent le
haut du pavé, on leur pardonnera leur aspect quelque peu risible.
Des loups-garous mal fagotés et des transformations d'un autre âge.
Pourtant, la sincérité est là. Late Phase rappelle
ce cinéma d'il y a trente ans qui ne se justifiait pas encore à
grands renforts d'explosions et d'effets-spéciaux numériques.
L’œuvre d'Adrian Garcia Bogliano nous ferait presque regretter
cette époque révolue. Mais ne boudons pas notre plaisir, d'autant
plus que son capital de « revisionnage » demeure assez
élevé. Une excellent surprise et surtout, l'un des tout meilleurs
films abordant le sujet de la lycanthropie...
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