J'ai personnellement
beaucoup de sympathie pour le cinéaste Buddy Giovinazzo. Surtout
après la découverte de son tout premier long-métrage Combat
Shock il y a vingt-cinq ans tout rond. J'ai eu beau lui
pardonner les nombreux défauts qui émaillent ses œuvres suivantes,
de No Way Home à
I Love You en
passant par Life is Hot in Cracktown,
mais c'est en découvrant hier soir son troisième long-métrage The
Unscarred (traduit chez nous sous le titre Menteurs) qu'une
goutte a fait si bien déborder le vase que j'en ai presque tâché
mon pantalon de désespoir. Une œuvre tellement pitoyable qu'elle
vous filerais presque la dysenterie. Ou provoquerait une énurésie
nocturne définitive. Non pas que le film provoque un quelconque
sentiment de peur, mais le désastre y est tel que notre cerveau
accaparé par un spectacle aussi affligeant serait alors incapable
d'assurer certaines de ses fonctions primaires.
The Unscarred,
c'est l'histoire de quatre amis, qui après vingt ans de séparation
se retrouvent à Berlin, dans l'appartement de l'un d'eux (celui de
Johann, incarné par l'acteur allemand Heino Ferch). Une demeure
d'architecte dissimulée dans un quartier abandonné de la ville dont
certains aspects rappellent la fascination de Buddy Giovinazzo pour
les décors décrépits. Vingt ans qu'il ne se sont pas vus donc,
depuis l'accident qui a faillit coûter la vie à Mickey Vernon
(James Russo) qui depuis vit aux États-Unis, provoqué par Travis
Moore (Steven Waddington), lequel verse donc depuis toutes ces
années, des dommages et intérêts se montant à dix milles dollars
par an. Une belle somme qui pourtant ne suffit pas à rembourser les
dettes de Mickey. Lorsque le premier soir, les trois hommes sortent
en boite et rentrent accompagnés de la jolie Anke (Ulrike Haase), la
soirée se termine par un accident. La jeune femme meurt des suites
d'une chute alors qu'elle et Travis s’apprêtaient à faire
l'amour. Le drame devient un prétexte pour Mickey de faire cracher
un maximum d'argent à son ami à défaut de quoi, il le balancera à
la police.
Voilà
un sujet fort intéressant. Buddy Giovinazzo intègre parmi le
casting, la toujours sublime actrice italienne Ornella Muti qui fait
pourtant office ici de personnage secondaire puisque malheureusement
peu exploitée. Bien que le scénario promette un récit à la Petits
meurtres entre Amis de
Danny Boyle, le film du new-yorkais fait pourtant pâle figure. Car
en fait, il n'y a pratiquement rien à sauver de ce qui pourra être
comparé à un véritable naufrage artistique. L'un des plus gros
points noirs de The Unscarred
demeure dans la direction des acteurs, quasiment inexistante. On se
demande d'ailleurs comment le cinéaste a pu concevoir en regardant
les rushs que son film pouvait être exploité dans les salles en
l'état. Les échanges entre les différents protagonistes sont mous,
presque en suspens. Il y a entre chaque phrase, comme une sorte
d'inexplicable apesanteur qui alourdi le propos. On entendrait
presque un type souffler les répliques à des interprètes ne
connaissant par leur texte.
La
caractérisation des personnages se révèle plate. Aucun d'entre eux
n'attire la sympathie, et le jeu outré de James Russo
atteint parfois un tel degré de ridicule et d'improbabilité qu'il
désamorce à lui seul tout le peu d'intérêt qu'offre son
personnage. Rick Giovinazzo, le frère du cinéaste, qui depuis à
participé à la création de pas mal de bandes originales de films
signe ici une épouvantable partition. La musique est aussi laide que
l'esthétique du film est froide.
L'histoire
quant à elle est peu crédible. Lorsque l'on découvre ce qui se
trame en arrière-plan du récit principal, on se demande pourquoi
tout ça pour ça ? L'intrigue se révèle alors n'être qu'un
prétexte pour nous asséner une histoire qui se voulait ingénieuse
mais la réalisation de Buddy Giovinazzo, sa direction d'acteurs et
les trop nombreuses tares qui émaillent son œuvre finissent de la
ternir. Une quasi catastrophe industrielle...
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